Nombreux
sont les commentateurs internationaux, sionistes
et même arabes, qui refusent d’admettre la
victoire de la résistance au cours de la récente
guerre sioniste contre la bande de Gaza, mettant
en avant le nombre de victimes palestiniennes et
les destructions massives ainsi que sur le plan
militaire, la destruction de quelques tunnels
« offensifs » (ceux qui débouchent dans les
territoires occupés en 48) et l’assassinat de
quelques dirigeants militaires de la résistance
(notamment des mouvements Hamas et du Jihad
islamique), la proclamation du cessez-le-feu
avant la levée du blocus, l’attitude attentiste
sinon collaboratrice de plusieurs régimes arabes
avec l’agresseur. Certains ont d’ailleurs
analysé la guerre comme si elle se déroulait
entre deux forces militairement équivalentes et
lorsque d’autres prenaient en compte la
disparité des forces militaires en présence,
c’est pour mieux déconsidérer la résistance, la
jugeant incapable d’affronter la puissance
sioniste, en insistant sur le peu de dégâts
occasionnés par les fusées de la résistance, en
comparaison avec les armes de l’ennemi. Mais
ceux-là ont juste oublié de mentionner la portée
psychologique et mentale de ces fusées, à court
et long terme, sur une population coloniale
habituée à se sentir en sécurité.
Il est vrai
que les destructions infligées à Gaza et à sa
population par l’agresseur sioniste sont
incommensurables, mais elles traduisent la
véritable nature de l’ennemi qui, depuis sa
colonisation de la Palestine, n’a fait que
détruire la Palestine, la société palestinienne
et ses réalisations. Depuis 1947, avant même la
fondation de cette entité coloniale, ce ne sont
que destructions, expulsions, meurtres,
massacres, une violence inouïe contre toute
expression de la volonté palestinienne de
récupérer son droit ou simplement de continuer à
vivre en Palestine. De ce point de vue,
clarifier la nature agressive et criminelle de
l’entité coloniale demeure un des objectifs de
la résistance palestinienne, de ses alliés et
amis dans le monde. La violence exercée par les
envahisseurs au cours de l’agression n’a fait
que traduire la véritable nature de cette
entité, qu’elle est parvenue parfois à masquer
aux yeux de l’opinion internationale, à l’aide
des puissances et des médias occidentaux. Elle a
clairement indiqué qu’aucune « paix » n’est
possible entre un Etat colonial et un peuple
aspirant à la liberté, car tout règlement entre
les envahisseurs et les peuples arabes signifie
en réalité leur soumission et leur
désagrégation.
Au-delà des
massacres et des destructions, la victoire de la
résistance à Gaza s’est manifestée par
l’impossibilité de réaliser l’objectif de
l’agression, consistant à déraciner la
résistance palestinienne, détruire ses armes ou
même essayer de les supprimer par le biais de
décisions internationales. Il faut rappeler que
c’est l’entité sioniste qui a déclenché
l’agression et que la résistance a riposté, en
utilisant son arsenal militaire, introduit et
fabriqué sur place dans des conditions de blocus
international. La résistance palestinienne n’a
pas voulu la bataille, elle n’a fait que se
défendre. Cependant, la capacité militaire de la
résistance, développée depuis plusieurs années,
a obligé l’entité coloniale à accepter un
cessez-le-feu, sous les feux de la résistance.
Quelques minutes avant l’entrée en action du
cessez-le-feu, la résistance palestinienne
lançait ses fusées sur Tel-Aviv, capitale de
l’entité coloniale. Tout au long de l’agression,
les résistants ont continué à fabriquer les
fusées et les diverses munitions, se préparant à
une longue guerre d’usure.
Depuis
1948, et pour la première fois, la résistance
palestinienne réussit à s’armer de manière
conséquente à l’intérieur du pays occupé pour
affronter l’ennemi et riposter à ses agressions.
Avant 1948, le peuple palestinien avait
développé une résistance armée pour s’opposer au
plan sioniste et avait mené des batailles
conséquentes dans plusieurs villes, sur la côte
(Yafa, Haïfa, entre autres) ou dans l’intérieur
(al-Quds et ses environs). Après la Nakba, le
peuple palestinien n’est parvenu qu’à introduire
quelques armes et explosifs, outre ceux qu’il
pouvait obtenir des dépôts de l’ennemi. C’est
dans les milieux des réfugiés que la résistance
avait réussi à s’armer de manière importante et
c’est des pays frontaliers (Liban, Jordanie,
Syrie ou Egypte) que les fidayin entraient dans
leur pays pour mener des opérations offensives
contre la présence sioniste en Palestine. Si les
accords d’Oslo en 1993 ont autorisé l’Autorité
palestinienne à posséder quelques armes, mis
entre les mains des services sécuritaires, la
personnalité de Yasser Arafat, qui a compris la
mystification sioniste, a permis de développer
un armement plus important et des membres des
services sécuritaires ont participé à certaines
batailles lors de l’Intifada al-Aqsa. Lors de la
glorieuse bataille du camp de Jénine, menée en
2002, les résistants ne possédaient que quelques
armes et ont manqué de munitions, ce qui a
entraîné la chute militaire du camp, après avoir
infligé de lourdes pertes à l’armée sioniste.
C’est pourquoi la présence de résistants armés
et le développement de l’armement de la
résistance, sur le sol même de la Palestine,
depuis une dizaine d’années, sont d’une grande
importance puisqu’ils instaurent dans la
conscience et dans les faits que la résistance
armée est non seulement possible, mais
indispensable et incontournable.
Le blocus
contre la bande de Gaza et les tentatives
sionistes pour l’isoler et la couper du reste de
la Palestine sont des manœuvres pour empêcher la
résistance armée de s’étendre vers les autres
territoires occupés. L’ennemi a échoué à
détruire militairement cette résistance armée,
mais il poursuit ses manœuvres sur les plans
politique et sécuritaire, profitant de la
situation régionale et internationale, tantôt en
voulant contrôler la reconstruction de Gaza,
tantôt en voulant isoler la résistance, en
insistant sur le Hamas et en fomentant des
troubles entre ce dernier et l’Autorité
palestinienne. Mais la résistance n’est pas
seulement le Hamas, et la popularité de la
résistance au sein des masses palestiniennes et
arabes va au-delà de la popularité de Hamas. Ce
qui signifie que le Hamas ne peut être isolé,
étant donné qu’il est une partie intégrante de
la résistance.
La période
qui s’ouvre après la bataille victorieuse de
Gaza n’est comparable à aucune autre période :
la présence armée palestinienne à l’intérieur
des frontières de la Palestine instaure une
nouvelle guerre de libération, et désormais,
toute la superficie de la Palestine occupée est
une cible possible de la résistance. La
popularité de la résistance qui s’est affirmée
lors de la bataille de Gaza indique que seule la
lutte armée est porteuse d’avenir pour les
Palestiniens et les peuples arabes. Les
difficultés internes de l’entité sioniste
indiquent l’impasse de toute entreprise
coloniale lorsque le peuple se défend par les
armes. Par ailleurs, l’Autorité palestinienne
issue des accords d’Oslo et affaiblie n’est plus
crédible aux yeux des sionistes, des USA, des
pays européens et de pays arabes, qui l’accusent
d’avoir failli à sa tâche. Les accords d’Oslo
ont été enterrés, malgré les gesticulations
ridicules de son président, et le mouvement du
Fateh, coincé entre la résistance qu’il proclame
et son président qu’il affirme soutenir, vit des
moments extrêmement difficiles.
Il est
certain que la résistance à Gaza n’a pas libéré
la Palestine, ni un bout de territoire de la
Palestine, et le chemin reste à parcourir. Mais
il est aussi certain qu’elle a ébranlé des
fondements de l’entité sioniste, puisqu’elle a
précipité le départ définitif de milliers de
colons (jeunes et laïcs surtout) et que ceux
vivant dans la « couronne » de Gaza ne veulent
plus y retourner, par manque de confiance dans
leurs dirigeants. Et comme l’a déclaré dr.
Ramadan Shallah, secrétaire général du mouvement
du Jihad islamique en Palestine, lors de la
conférence de presse de la victoire, la bataille
de Gaza a instauré les fondements de la bataille
ultime pour libérer la Palestine. Aucune
décision ne pourra la contourner ou nier sa
présence, qu’elle soit internationale ou
régionale. Elle se prépare déjà aux batailles
prochaines et a l’intention de s’étendre vers le
reste de la Palestine.
Assawra/ 06 septembre 2014
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