C’est Zhou En-Laï qui, lorsque qu’on lui demanda
un jour quel bilan il tirait de la Révolution
française, avait répondu : « il est encore trop
tôt »…
Voilà qui vaut certainement pour les dites «
révolutions arabes ». Il est néanmoins permis de
faire certains constats, de poser certaines
questions. Sur les évènements eux-mêmes comme
sur notre façon de les voir.
Révolutions arabes, Printemps arabe… Ce n’est
pas le lieu d’entamer des débats sémantiques,
quant à savoir si le terme de révolution –
passablement galvaudé depuis la chute de
Ceaucescu et les révolutions colorées ou
florales – s’applique aux soulèvements
populaires tunisien, égyptien, libyen. Dans ces
trois pays, le bouleversement s’est borné au
renversement d’un despote et d’une partie de son
entourage. Ce qui n’est, certes, pas peu de
chose. Pour ce qui est de l’ordre
socio-économique, rien n’autorise à parler de
révolution.
Vous avez dit « révolution » ?
Au contraire. Au Caire, la junte militaire au
pouvoir – le Conseil supérieur des forces armées
(CSFA) – prend de plus en plus des allures
dictatoriales et peut légitimement être
soupçonnée d’attiser les tensions
interconfessionnelles en vue, précisément, de
maintenir l’ordre social ancien, national et
international, face à un mouvement ouvrier déjà
remarquablement combatif bien avant la chute de
Moubarak. En Tunisie, suite à des élections
quasiment irréprochables, il n’apparaît pas non
plus que cet ordre socio-économique soit menacé,
le grand vainqueur du scrutin, Ennahda, ayant
lui-même pour mot d’ordre la stabilité et
l’appel aux investissements étrangers. Même si
certains déçus des élections, en Tunisie comme
chez nous, semblent regretter, comme hier en
Algérie, de ne pouvoir « changer de peuple ».
Par ailleurs, une administration largement
compromise avec l’ancien régime reste en place.
De même qu’un fort mécontentement social dans un
pays comptant 800.000 sans-emploi et un taux de
chômage de 30% dans certaines régions. Enfin, en
Libye, les suites d’une révolte qui s’est
rapidement muée en guerre civile, semblent
autoriser bien des craintes. Et le pouvoir mis
en place grâce à l’intervention occidentale
pourrait bien augurer, en matière d’autonomie
financière et économique, non pas d’une
révolution, mais d’une quasi contre-révolution.
Trois cas à eux seuls fort dissemblables. Sans
parler des évènements, récents ou en cours, au
Bahreïn, à Oman, au Yémen et en Syrie. Le
Printemps arabe serait-il une illusion d’optique
?
De l’orientalisme…
Printemps arabe… Depuis notre « Printemps des
peuples », en 1848, l’expression a fait florès.
Et quoi de plus confortable que de plaquer sur
d’autres aires de civilisation, nos propres
balises, nos propres repères historiques ?
J’ai dit ailleurs [1] , combien notre regard «
occidental » sur l’Autre arabo-musulman restait
imprégné de ce qu’Edward Saïd a appelé une
vision orientaliste qui, comme le montre Thierry
Hentsch [2], s’est enracinée dans nos esprits
depuis les Lumières et Montesquieu. Quel est le
discours qui découle de cet orientalisme ? Celui
que nous connaissons et entendons quasi
quotidiennement depuis, grosso modo, la
révolution khomeyniste de 1979. Celui qui dit :
attention à ce « bloc monolithique » ; attention
à ces peuples « ne fonctionnant qu’à la religion
», « obscurantistes », « fanatiques » et «
agressifs » ! Plus : incapables de s’élever à LA
modernité de leur propre chef...
Une chose m’a particulièrement frappé dans la
couverture médiatique des « révolutions arabes »
: la brusque disparition de ce discours et
celle, après au moins trois décennies
d’omniprésence, du terme « arabo-musulman ». Les
« révolutions » étaient soudain (re)devenues «
arabes »... Autre chose : le regard posé sur
celles-ci m’est apparu comme une sorte de
processus d’autocongratulation. Car il est une
autre face de l’orientalisme : volontiers
bienveillante, paternaliste, « accueillante »
(sous conditions !), confiante dans le fait qu’«
ils » parviendront – avec, bien sûr, notre aide
– à devenir « modernes », « démocratiques » et
laïques. Comme nous…
Or, quelques mois plus tard, tout semble à
nouveau basculer. Et l’orientalisme « classique
» réapparaître en force. Il a suffi, pour cela
que les Frères musulmans égyptiens apparaissent
comme la première force politique en Égypte. Que
le président du Conseil national de transition
(CNT) libyen évoque la charia et la polygamie.
Qu’Ennahda obtienne 35% aux élections à la
Constituante tunisienne.
Tunis : souvenirs d’Algérie
« Et si, en Tunisie, la démocratie passait par
l’islam ? », s’interroge Le Monde (26.10.11),
posant là une question déjà ancienne… et
profondément refoulée. Elle renvoie en effet à
un article écrit voici vingt-six ans (!) par le
politologue algérien Lahouari Addi [3]. Qui
écrivait que « le fait que les islamistes sont
susceptibles d’accepter les élections ouvre des
perspectives de démocratisation dans les pays
musulmans […] La libéralisation de la société
[…] est appelée à évoluer et à s’enrichir sans
cesse ». L’on sait ce qu’il advint en Algérie :
« l’interruption du processus électoral » par,
comme l’appelaient les Algériens, « la « mafia
politico-militaire » – au demeurant cautionnée
par la dite « communauté internationale » – et
une guerre civile qui fit quelque 150.000 morts.
Or, que peut-on voir aujourd’hui en Tunisie ? La
victoire d’Ennahda n’a pas été un « raz-de-marée
électoral » et apparaît ainsi moins effrayante
que celle du Front islamique de Salut algérien à
l’époque. Plus, Ennahda, qui n’a cessé d’évoquer
sa « modération » en cours de campagne serait le
premier parti à être « effrayé » par son propre
succès, d’où ses appels incessants à une large
coalition [4]. Enfin, cette « modération » ne
date pas d’hier et les insinuations de «
tactique électorale » relèvent ici en bonne
partie du procès d’intention. Déjà au début des
années 1990, Rachid Ghannouchi estimait que la
démocratie « faisait partie des valeurs de
l’islam » et en constituait même « l’une des
valeurs de base » [5]. Et, déjà, précisait
François Burgat, « bien peu, verront [dans ses
propos] la preuve d’une réelle conviction
démocratique. On préférera n’y voir [qu’un]
double langage qui serait l’apanage de tout
adepte de l’islam politique en situation
minoritaire »…
La victoire des islamistes tunisiens est due,
beaucoup le rappellent, à leur image de « parti
des emprisonnés et des torturés » [6], mais
aussi à leur proximité du petit peuple, au fait
qu’ils n’ont pas, contrairement aux « laïques »
négligé l’intérieur du pays, à un discours
identitaire efficace et, enfin, au fait qu’après
vingt-trois ans de corruption au plus haut
niveau de l’État, le Tunisien « désire aussi le
retour de certaines valeurs […] Moins de voleurs
et plus de valeurs » [7]. « On a d’abord voté
pour un parti qui rassure, le parti de l’ordre
et de la sécurité ». Voilà pourquoi e. a. les
partis qui ont misé sur la diabolisation
d’Ennahda se sont effondrés. « L’alternative :
soit la Tunisie islamiste, soit la Tunisie
laïque » mise en avant par certains «
intellectuels et bourgeois libéraux, souvent
francophones », constate l’envoyé du Nouvel
Obs’, s’est transformée pour eux en un piège
mortel [8]. Par contre, écrit Henri Goldman [9],
« pour la plupart des leaders progressistes
tunisiens, il n’a jamais été question de
s’aligner sur les obsessions – pavloviennes –
des maîtres-penseurs d’outre-Méditerranée. » Ce
dont on peut, je pense, se réjouir avec lui.
Un certain goût pour le thriller
En Libye, les révélations savamment distillées
après coup par les médias – quant aux
motivations invoquées pour justifier une
intervention occidentale qui se serait soldée,
selon certains, par 30.000 morts – semblent ne
susciter que l’indifférence. Ainsi, l’article du
Monde (8.11.11) qui fait état du déploiement de
sous-marins français et de discussions entre
états-majors français et britannique « pour
répartir les zones d’intervention respectives »
– et cela plus d’un mois avant les premières
frappes censées « protéger les civils » de
Benghazi d’un massacre certain, le 19 mars…
Pourtant, voilà qui semble peser bien peu face
aux propos du président du CNT libyen, Mustafa
Abdel Jalil, affirmant le 23 octobre, que la
charia serait la base de la nouvelle législation
dans la Libye post-Kadhafi. Peu importe aussi
que, face aux « vives inquiétudes » que son
discours aurait suscitées chez ses « parrains »
occidentaux, M.Abdel Jalil, ait ensuite tenu à «
minimiser » la portée de sa « petite phrase » et
affirmé : « nous sommes des musulmans modérés ».
Dans une Libye où, au demeurant, « la majorité
de la population se montre attachée à un islam
du juste milieu » et estimerait que « l’islam
doit être la source de la législation, mais dans
le cadre d’un État civil » [10]. Peu importe
aussi que, dans une interview au Monde
(4-5.09.11), Abdelkrim Belhaj, gouverneur
militaire de Tripoli et ancien membre du Groupe
islamique combattant libyen, ait tenu à se
déclarer favorable à un « État civil avec des
libertés réelles », nie toute assimilation à
Al-Qaïda et démente tout « agenda particulier »
par rapport au CNT.
Ne serait-ce là, comme chez R.Ghannouchi, que «
double langage » ?
Chercher les femmes
Sans même trancher dans un sens ou dans un
autre, il n’est pas inutile d’écouter la
réaction au discours du président du CNT, d’une
Libyenne [11] : « la Charia ? Allons ! Ce n’est
pas le texte, le problème. C’est
l’interprétation machiste qui en est faite ». Ni
d’écouter Baudouin Dupret, politologue et
juriste belge, spécialiste du droit islamique et
directeur du Centre de recherche Jacques Berque
de Rabat [12] : c’est dans la plupart des
constitutions arabes, à l’exception de la
Tunisie et du Maroc, que la charia est source
principale de droit, mais « cela ne présage en
rien du type de lois qui sera adopté ». Par
ailleurs, dans tous ces États, hormis l’Arabie
saoudite et le Soudan, « l’influence de la
charia ne se fait sentir que sur le droit de la
famille ». Or, Ennahda s’est engagé à laisser en
l’état le code de statut personnel bourguibien.
Et la Libye détient le plus grand pourcentage de
femmes juristes dans le Monde arabe [13].
L’on sait, grâce à Germaine Tillon [14], que
l’enfermement des femmes est plus dû à une
société patriarcale et, plus encore, tribale ou
clanique, qu’à l’islam en tant que tel.
Par ailleurs, la femme a très souvent constitué
un fantasme majeur des haines et des peurs
humaines. En témoigne « l’arme du viol ». En
témoignent les accusations des antisémites et
des nazis de l’entre-deux-guerres, qui
considéraient les Juifs comme une menace pour la
« pureté » de la femme allemande, des
propagateurs de la syphilis, les maîtres des
réseaux de « traite des blanches »… Y aurait-il
– outre cette insupportable tendance occidentale
à « donner des leçons » – quelque chose de cet
ordre à l’œuvre dans les cris d’alarme qui se
multiplient chez nous au sujet du sort futur des
femmes tunisiennes, égyptiennes, libyennes ?
Joue ici aussi l’orientalisme, dont l’une des
caractéristiques fondamentales consiste à
systématiquement se fier davantage à des
considérations abstraites fondées sur les textes
fondamentaux de l’islam que, remarque Hentsch,
sur « l’évidence directe tirée des réalités
orientales modernes ».
On l’a dit : Ennahda – dont on a peu souligné
que la principale porte-parole était « en
cheveux » – s’est engagé à laisser en l’état le
code de statut personnel et à respecter les
droits des femmes. Ce que « même les militantes
féministes […] ne mettent pas en doute », selon
le Nouvel Obs’. Sur les 49 Tunisiennes élues, 42
sont d’Ennahda. Et, ce, comme le concèdent deux
universitaires françaises [15] (tout en s’en
désolant) « grâce » à une obligation légale de…
parité des listes ! Ce qui n’est pas sans
rappeler non plus l’Algérie de 1990, où une
réforme électorale interdisant le vote par
procuration des maris avait, à la grande
surprise de certaines féministes laïques,
contribué au succès du FIS…
Libye : la boîte de Pandore ?
Comme en Irak, comme en Afghanistan, les «
Protecteurs unifiés » du peuple libyen
auraient-ils voué celui-ci à de nouvelles
tragédies encore à venir ? À commencer par les
risques de partition. Demain, le CNT aura encore
affaire aux chefs tribaux dont l’autorité est
restée prédominante sur le terrain. Or, les
tribus les plus importantes ont soutenu Kadhafi
ou au moins fait preuve d’attentisme. Plus,
certaines tribus de l’Ouest ont vécu la victoire
du CNT comme une invasion venue de l’Est. Il
s’agira aussi de parvenir à soumettre le
sud-ouest du pays, le Fezzan, où la « résistance
» au CNT persiste, et d’affronter les
aspirations autonomistes des Toubous du Sud.
Déjà, le fief de la grande tribu des Warfalla,
Bani Walid, serait retombé aux mains des
pro-Kadhafi…
Se focaliser sur un « péril islamiste » en
Libye, risque donc d’occulter des dangers
autrement réels et angoissants qui guettent le
pays. Il apparaît comme évident que, demain, la
part de l’État libyen dans les revenus du
pétrole, jugée trop importante au regard des
postulats libéraux – c’était là à l’évidence
l’un des motifs de l’intervention occidentale –
déclinera. Et partant les ressources que
tiraient les tribus d’une redistribution
savamment équilibrée de la rente pétrolière par
le régime du Guide. Indubitablement, le Libyen
verra chuter son niveau de vie qui, jusqu’au
conflit représentait, on l’oublie trop souvent,
trois fois celui de l’Égyptien et deux fois
celui du Tunisien [16]. Qu’en ressortira-t-il
dans un pays bourré d’armes ? L’on sait combien
la politique sociale des mouvements islamistes a
toujours compté dans leurs succès. Et l’on peut
considérer qu’en cas d’éclatement du pays, seul
le recours à l’islam sera à même d’apporter la
légitimité symbolique nécessaire à sa
réunification.
Pas d’angélisme
« L’on ne change pas la société par décret »
disait un sociologue français des années 1970.
La sincérité des leçons de démocratie que
prodiguent nos dirigeants peut à juste titre
être mise en doute, venant de la part de ceux
qui, jusqu’hier, furent les meilleurs soutiens
des dictatures arabes. Quant aux appels à la
démocratie imposée émanant d’une certaine «
gauche bombardière », ils semblent, tout
sincères soient-ils, relever en bonne partie de
l’invocation. Peut-on croire que des sociétés en
proie à des inégalités sociales criantes, au
sentiment d’appartenance nationale vacillant et
soumis à des relations néocoloniales
[17]puissent « par décret » adopter un régime de
démocratie parlementaire qui ne soit pas
perverti ? Toute société recèle des « tendances
lourdes ». Croit-on que le machisme qui «
interprète » la charia – largement partagé en
fait par les soi-disant « laïques » de la région
– disparaisse du jour au lendemain ?
Il est plus réaliste de compter sur certains
signaux, comme le fait qu’en Égypte, une partie
de la jeunesse des Frères musulmans s’est
rebellée contre le conservatisme des leaders et
a rallié la contestation [18]. L’éditorial cité
du Monde (26.10.11) a raison : c’est « faire
injure […] aux Tunisiennes que de décréter […]
que le succès d’Ennahda sonne le glas de leur «
printemps ». Cela vaut pour les Libyennes et les
Égyptiennes. Cessons en effet de « faire injure
» aux féminismes islamiques [19] , au grand
nombre de femmes qui, en foulard, ont les mêmes
aspirations à un mieux être et à des droits
accrus que leurs consœurs laïques. Le processus
est connu : en recrutant en masse les femmes,
les partis islamistes leur offrent aussi,
peut-être nolens volens, une tribune et une
audience qui peut s’avérer plus large que celles
dont disposent ces mêmes consœurs laïques.
Et l’on peut penser qu’un mécanisme similaire
agira en ce qui concerne tous les « laissés pour
compte ». Il est tout aussi angélique de penser
que les dirigeants des partis islamistes, parce
qu’ils expriment les ressentiments et les
aspirations du « petit peuple » et rejettent
l’hégémonie occidentale, se mueront en
dirigeants révolutionnaires et tenteront
d’instaurer un ordre socio-économique rompant
avec le capitalisme libéral mondialisé. Mais,
comment réagiront demain ces « laissés pour
compte » si les états-majors politiques qui se
targuent aujourd’hui, non sans raisons,
d’exprimer leurs aspirations leur font défaut ?
Comme le disait Antonio Gramsci, « on ne peut
prévoir que la lutte ».
7 décembre 2011
Notes
[1] E. a. in Les « révolutions arabes » et
nous. Regard autocritique, interview, Les
Sentiers de la paix, n°54, avril 2011.
[2] E.Saïd, L’orientalisme. L’Orient créé par
l’Occident, Le Seuil, 1997 – T.Hentsch, L’Orient
imaginaire, Ed. de Minuit, 1988.
[3] L’islam politique et la démocratie : le cas
algérien, in Hérodote, n°77, 2e trimestre 1995 –
L. Addi enseigne à l’Institut d’études
politiques de Lyon (IEP).
[4] Kapitalis, journal électronique tunisien, in
Courrier international, 3-9.11.11.
[5] François Burgat, L’islamisme en face, La
Découverte, 1995, p.14.
[6] Gilles Kepel, in in Le Nouvel Observateur,
3.11.11.
[7] Kapitalis/Courrier international, 3-9.11.11.
[8] François Reynaert, in Le Nouvel Observateur,
3.11.11.
[9] Sur son blog, le 31.10.11.
[10] Libya-al-Youm/Courrier international,
27.10-2.11.11.
[11] Le magazine du Monde, 12.11.11.
[12] Interview au Monde, 15.09.11.
[13] Le magazine du Monde, art. cit.
[14] Le harem et les cousins, Le Seuil, 1966.
[15] Barbara Loyer et Isabelle Feuerstoss, in Le
Monde, 15.11.11.
[16] Marc Vandepitte, in De Wereld Morgen
(24.10.11) : au niveau de l’IDH, la Libye
détenait la 53e place, la Tunisie la 81e, et
l’Égypte la 101e.
[17] Lire Ghassan Salame (dir.), Démocraties
sans démocrates. Politiques d’ouverture dans le
monde arabe et islamique, Fayard, 1994.
[18] Le Monde Magazine, 9.07.11.
[19] Lire à ce sujet Najate Zouggari, Féminismes
islamiques, in La Revue des livres (RdL), n°2,
novembre-décembre, 2011
Source :
http://www.aloufok.net
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