Malgré les
tactiques d’oppression d’Israël contre lui, le mouvement
Boycott, Désinvestissements et Sanctions (BDS) a marqué de
nouvelles victoires avec le désinvestissement ou la mise sur
liste noire de l’entreprise militaire Elbit Systems par de
nombreux investisseurs institutionnels. Un des plus grands fonds
de pension hollandais a dit à l’Electronic Intifada aujourd’hui
qu’il vendait ses parts dans Elbit.
La vague de
désinvestissement suit la campagne des organisations
palestiniennes et des militants de la solidarité internationale
pour désinvestir des compagnies qui profitent de l’occupation
israélienne.
Un rôle crucial a
été joué par la campagne palestinienne Stop the Wall pour
convaincre le fonds de pension de l’État norvégien de
désinvestir d’Elbit Systems en septembre dernier. En réponse,
Israël a détenu le militant de la campagne Mohammed Othman à son
retour d’un voyage en Norvège où il avait rencontré la ministre
des finances Kristin Halvorsen. Soumis aux rafles de ses bureaux
et ses militants arrêtés, Stop the Wall est devenu une cible
centrale des tentatives israéliennes pour supprimer le mouvement
non-violent BDS. Toutefois, ces tactiques répressives n’ont pas
stoppé l’élan du BDS.
Début septembre,
la ministre des finances norvégienne Kristin Halvorsen a annoncé
que le fonds de pension d’État avait vendu ses parts dans Elbit,
valant 5,4 millions de dollars. Le conseil d’éthique du fonds de
pension estima que les investissements dans Elbit constituaient
un risque inacceptable de contribuer à de sérieuses violations
des normes éthiques fondamentales à cause de l’implication de la
société dans la construction du mur israélien en Cisjordanie
occupée. « Nous ne souhaitons pas financer des compagnies qui
contribuent aussi directement à des violations de la loi
humanitaire internationale », a expliqué Halvorsen.
D’après le site
web « Who Profits from the Occupation ? », une filiale d’Elbit
fournit aussi l’armée israélienne en véhicules aériens sans
pilote (UAV). Ces UAV, plus connus comme drones, sont utilisés
dans les attaques militaires israéliennes en Cisjordanie et dans
la bande de Gaza.
Suite à la
décision du fonds de pension de l’État norvégien, Kommunal
Landspensjonkasse (KLP), une des plus grandes sociétés
d’assurance-vie de Norvège, a aussi désinvesti d’Elbit. Les
choix de poids lourds comme Halvorsen et KLP de désinvestir ont
conduit Danwatch, l’organisme de surveillance danois, à ajouter
le mois dernier Elbit à sa liste noire de 35 sociétés exclues
d’investissement pour des raisons éthiques.
La première
banque du Danemark, acteur vedette sur les marchés financiers
scandinaves, Danske Bank, a suivi une semaine plus tard. « Nous
prêtons attention à l’intérêt de nos clients et nous ne voulons
pas placer leur argent dans des compagnies qui violent les
standards internationaux », a dit Thomas H. Kjærgaard, chef du
bureau de l’Investissement Socialement Responsable de Danske
Bank. La banque a aussi mis sur liste noire Africa-Israel, une
société dirigée, par le roi du diamant Lev Leviev, qui a été
impliquée dans la construction illégale de colonies israéliennes
en Cisjordanie occupée. Kjaergaard a noté que la banque examine
si d’autres sociétés ayant des activités dans les colonies
israéliennes sont qualifiées pour l’exclusion.
Dans un autre
coup porté à Elbit, la décision de Danske Bank a été suivie par
PKA Ltd, un des plus grands fonds de pension danois, qui a vendu
ses parts d’un million de dollars dans Elbit. Le directeur des
investissements de PKA, Michael Nelleman, a été cité par la
campagne Stop the Wall expliquant que « la cour internationale
de justice a déclaré que la barrière n’a que des objectifs
militaires et violent les droits de l’homme palestiniens » (« Two
Danish funds exclude Wall-building companies," 27 Janvier 2010).
D’autres grands
investisseurs institutionnels scandinaves ont aussi exclu Elbit
de leur portefeuille pour des raisons éthiques. Folksam, le
premier gestionnaire d’actifs suédois, a répondu à une demande
concernant ses investissements dans Elbit ou dans Africa-Israel,
que le fonds n’a pas d’avoirs dans ces sociétés. Carina Lundberg
Markow, présidente du collège de gouvernance de Folksam, a écrit
à l’Electronic Intifada : « Nous avons des règles strictes
concernant les activités sur des territoires occupés ». Elle fit
remarquer que KPA Pension, un grand fonds de retraite suédois du
service public, n’avait pas non plus d’avoirs dans Elbit ou
Africa-Israel. Lundberg Markow se référa aussi à des discussions
avec la compagnie suédoise Assa Abloy sur ces mesures et sur la
décision de la compagnie de retirer une usine de Cisjordanie
occupée en octobre 2008. Folksam a influencé la décision d’Assa
Abloy de retirer l’usine.
Le mouvement des
investisseurs institutionnels scandinaves pour désinvestir ou
pour exclure Elbit Systems influencera d’autres investisseurs
européens pour en faire autant. Les deux plus grands fonds de
pension hollandais, ABP and PFZW, sont visés par une coalition
de militants de solidarité à la Palestine, d’organisations et de
citoyens concernés qui font pression actuellement sur les deux
fonds de pension pour qu’ils suivent l’exemple scandinave et
désinvestissent d’Elbit et des autres sociétés qui profitent de
l’occupation israélienne.
Cette pression
semble payer. ABP a informé aujourd’hui l’Electronic Intifada
qu’il avait vendu ses 2,7 millions de dollars de parts dans
Elbit Systems.
Adri
Nieuwhof est avocat conseil indépendant, spécialisé dans les
droits de l’homme et basé en Suisse.
Publié :
samedi 20 février 2010. Adri Nieuwhof, The Electronic Intifada,
Traduction de l’anglais :JPB
|