Comment l’Etat de droit est bafoué en Tunisie
MOHAMED EL BOUSSAIRI BOUEBDELLI
La
FONDATION BOUEBDELLI est, dans l’enseignement privé tunisien,
l’institution phare de l’éducation et de la formation de la
jeunesse tunisienne depuis plus de trente-sept ans : 3 000
élèves étudiants et quelques trois cent enseignants et salariés
participent à cette communauté éducative.
Dès le départ, la fondation s’est voulue
être le symbole de la qualité et de l’excellence. Elle a
respecté cette devise tout d’abord dans l’enseignement primaire,
avec la célèbre « ECOLE JEANNE D’ARC ». Elle s’est assignée
cette même ambition en créant, il y a déjà 37 ans, la plus
ancienne et la plus grande institution d’enseignement supérieur
privé : ’l’UNIVERSITÉ LIBRE DE TUNIS.’
Ce ‘LIVRE BLANC’ est destiné à présenter
le bilan de l’activité de la Fondation et de ses différentes
institutions éducatives. Il montrera que cette Institution a
contribué d’une manière soutenue et continue, à la formation
d’un grand nombre de générations de jeunes élèves et étudiants
tunisiens aussi bien qu’étrangers et ainsi, au développement
économique et social de leurs pays.
La Tunisie, pays de paix, de tolérance,
pays travailleur et studieux est un pays conscient du fait que
sa principale richesse et son capital le plus solide résident
dans sa jeunesse. Notre pays assure à sa jeunesse une
formation moderne en vue de contribuer au développement de toute
la communauté nationale.
La Tunisie subit malheureusement une
grave crise politique qui a détruit toutes les possibilités de
construction d’une véritable démocratie dans le pays. Et ce qui
encore plus grave, cette crise politique a conduit à un
dérèglement de plus en plus profond et de plus en plus diffus,
du fonctionnement des institutions politiques de l’Etat.
L’application de l’Etat de droit dans tous les secteurs de la
vie nationale est menacée par l’arbitraire, les passe-droits, la
corruption, l’instauration du règne de la peur et l’insécurité
pour les personnes et leurs biens.
La Fondation Bouebdelli n’a pas échappé
à ce sort. Depuis plusieurs années, elle a continuellement subi
le harcèlement de la police, elle a été la victime de plusieurs
tentatives de spoliation, de destruction de la part du régime.
Au mépris des intérêts supérieurs de la Nation, mais également
des intérêts des nombreuses générations d’élèves et d’étudiants
qu’elle a accueilli en son sein. Et que dire du dévouement de
tout le personnel de la famille éducative des institutions de la
Fondation et des réalisations plus que honorables qu’elle a pu
accumuler.
Le détournement du pouvoir est le mode
d’action systématique du pouvoir vis-à-vis de notre Institution.
Ce ‘LIVRE BLANC’ le montera point par point, pièce par pièce. Il
dressera le triste bilan de l’action d’un régime qui s’acharne à
détruire plus qu’à construire, qui s’emploie ouvertement à
utiliser son autorité pour assouvir les ambitions personnelles
de quelques privilégiés.
Il existe une relation directe entre ces
continuelles exactions administratives subies par les
institutions éducatives de la Fondation Bouebdelli et le mauvais
tournant politique que le régime actuel a pris ces dernières
années. Ces abus de pouvoir ont été dénoncés dans un livre « LE
JOUR OU J’AI REALISE QUE LA TUNISIE N’EST PLUS UN PAYS DE
LIBERTE » (1). La publication de ce manifeste, qui a cherché
à éclairer l’opinion publique nationale et internationale, sur
la réalité politique de notre pays, n’a pas manqué d’entraîner
la réaction répressive du pouvoir à l’encontre de notre
institution d’enseignement supérieur.
L’affaire de l’Université Libre de Tunis
est une affaire politique. Sous le couvert de prétendues
sanctions administratives infondées et disproportionnées, ce
mauvais procès vise à dénier à un citoyen tunisien libre et
patriote, le droit de dire la vérité à s’exprimer.
(1) Vous pouvez consulter ou télécharger le
livre de Mohamed Bouebdelli sur le site web :
www.bouebdelli.org.
Ingénieur informaticien de formation,
Mohamed El Boussaïri BOUEBDELLI a commencé sa carrière
professionnelle en travaillant auprès des multinationales en
France. Il a regagné la Tunisie en 1972. Militant de la première
heure, il a adhéré au Parti destourien (P.S.D.), puis au premier
parti d’opposition, le Mouvement des Démocrates Socialistes
(MDS), qu’il a quitté en 1990. Ensuite, M. Bouebdelli s’est
entièrement investi dans l’œuvre éducative. Son épouse et lui
ont créé la première institution d’enseignement supérieur privé,
l’Université Libre de Tunis, ainsi qu’une école primaire.
L’impossibilité de prolonger ce travail éducatif par la création
d’un lycée « Louis Pasteur » a été un choc pour les époux
Bouebdelli.
Indiscutablement, la « Déclaration du 7
novembre 1987 » prononcée par l’actuel Président lors de son
arrivée au pouvoir, avait encouragé le peuple tunisien à
comprendre la destitution du grand homme que fut Bourguiba, aimé
encore par toute la population tunisienne.
Ce texte fondateur a été perçu comme un
message d’espoir et de progrès, un engagement dans la voie de la
démocratie et de la justice au profit du peuple qui a atteint un
degré de maturité politique suffisant pour exercer, en toute
liberté et en toute sécurité, ses droits de citoyen. Hélas,
les dérives se sont très vite multipliées. Le réveil du « démon
de la politique » a été pour Mohamed Bouebdelli, comme pour la
très grande majorité de la population tunisienne, directement
dicté par la déception provoquée par le nouveau régime.
La dégradation de la situation
politique, économique, sociale et culturelle est hélas ! allée
de mal en pis. C’est pourquoi, dans son livre intitulé « Le jour
où j’ai réalisé que la Tunisie n’est plus un pays de liberté »,
Mohamed Bouebdelli a présenté nombre de propositions
constructives, valant mode d’emploi , pour faire de la Tunisie
un pays démocratique. Les Bouebdelli sont entrés en résistance.
LA ‘FONDATION BOUEBDELLI’, INSTITUTION PRIVEE DEDIEE A
L’EDUCATION ET A LA SCIENCE, AU SERVICE DE L’EXCELLENCE.
Destiné à une carrière d’ingénieur,
Mohamed BOUEBDELLI a débuté sa vie professionnelle en créant une
entreprise de maintenance et de conseil en informatique.
Cette première expérience lui a fait
découvrir que le développement des jeunes entreprises comme la
sienne allait être sérieusement handicapé du fait de la pénurie
de techniciens et de cadres supérieurs qualifiés. C’est dans ces
conditions qu’il a résolu de former ses propres techniciens en
ouvrant en 1973 le premier ‘Institut supérieur
d’informatique’ privé en Tunisie : Une avant-première. Dans
les mêmes conditions, a été créé plus tard l’INTAC,
aujourd’hui très côté dans le monde entrepreneurial en raison de
l’excellence de la formation de techniciens supérieurs et de
cadres de gestion qu’il dispense depuis cette date.
La voie était ainsi ouverte, Mohamed
Bouebdelli ne s’est pas arrêté là. En 1988, la Congrégation
religieuse des Soeurs de Saint Joseph lui a confié, à son épouse
et lui-même, la lourde responsabilité d’assurer la pérennité de
leur oeuvre en Tunisie, en leur demandant de reprendre
l’institution privée d’enseignement ‘Emilie de Vialar’ dite ‘Ecole
Jeanne d’Arc’, créée en 1936 en vue de la scolarisation des
élèves de 5 à 15 ans (cycle primaire et cycle secondaire).
C’est ainsi que Mohamed Bouebdelli a
renoncé à toute autre activité et que a décidé de se consacrer
entièrement à sa nouvelle vocation d’éducateur. Mais il n’a pas
été le seul à prendre une telle décision. Son épouse, française
d’origine et tunisienne de coeur, Madeleine Bouebdelli, est
expert-comptable de formation. Elle aussi, a décidé de renoncer
à son métier pour se consacrer entièrement à la direction de
‘l’Ecole Jeanne d’Arc’.
Ensemble, ils ont alors créé la
Fondation Bouebdelli en vue de gérer cette importante
institution éducationnelle. Grâce au dévouement et à la rigueur
de Madame Bouebdelli, grâce au respect méticuleux de la loi et
des règles de discipline dans les relations avec les élèves,
‘l’Ecole Jeanne d’Arc’ s’est depuis plus de trente ans et sans
interruption, classée Première Ecole primaire et collège de tout
le pays.
Les résultats, qui n’ont jamais faibli
depuis plus de vingt ans d’existence, ont été régulièrement
parmi les plus brillants de tous les examens de fin d’études
primaires et d’entrée aux cycles d’enseignement secondaire.
Dès 1992, ‘l’Institut supérieur
d’informatique’, créé en 1973, a été transformé en une
Université privée, dénommée ‘Université Libre de Tunis’
(U.L.T), la première dans cette catégorie en Tunisie, et qui
abrite aujourd’hui, une ‘Faculté’ (Droit, Gestion), un ‘Institut
polytechnique’ et une ‘Ecole d’Architecture’, soit à ce jour
plus de 1 500 étudiants, dont environ 50 % d’étudiants
internationaux issus de plus de 25 pays francophones. Les
diplômes sont reconnus par l’Etat tunisien et dans un grand
nombre de pays.
La dernière initiative du couple
Bouebdelli a consisté à prolonger la mission de ‘l’Ecole Jeanne
d’Arc’, dont on se souvient qu’elle était dès le départ, une
école d’enseignement primaire et d’enseignement secondaire en
même temps.
C’est ainsi que la Fondation Bouebdelli
a pris l’initiative de la création en 2005 d’un établissement
d’enseignement secondaire, appelé ‘Lycée Louis Pasteur’
et qui était destiné à animer une section chargée d’assurer une
formation basée sur les programmes du Baccalauréat français.
Cette initiative a été prise en étroite collaboration avec
l’Institut français de Coopération auprès de l’Ambassade de
France à Tunis et avec la Chambre tuniso-française du commerce
et de l’industrie.
Ce lycée, dont on a voulu qu’il soit le
symbole de la coopération culturelle mutuellement profitable
entre la Tunisie et la France, en même temps qu’il soit le
symbole de la Francophonie et de l’esprit d’ouverture, de
progrès et de modernisme qui l’anime, a démarré sous de très
bons augures. Il n’était pas surprenant que dès les premières
années de son existence, il a permis à ses élèves d’obtenir
d’excellents résultats aux examens du Brevet français.
Dans l’ensemble de ces initiatives, les
efforts de la Fondation Bouebdelli ont été couronnés de succès,
et le nom ‘Bouebdelli’ a été et est toujours, un ‘Label de
qualité’. La Fondation a toujours cultivé l’esprit d’Excellence
et toujours privilégié l’innovation pédagogique et la formation
d’élites exigeantes et responsables pour notre cher pays.
Rappelons que la Fondation a été la
première à introduire l’enseignement obligatoire des langues
étrangères – l’Anglais, l’Italien, l’Espagnol, l’Allemand et
même le Chinois – dans ses enseignements depuis le Primaire
jusqu’au Supérieur et que son principe en matière linguistique
est le trilinguisme.
De même, rappelons que, bien avant les
autres établissements d’enseignement, publics ou privés, la
Fondation Bouebdelli a introduit l’enseignement obligatoire de
l’Informatique dans ses enseignements à tous les niveaux, depuis
le Primaire jusqu’au Supérieur.
Soulignons aussi que la Fondation
Bouebdelli a inscrit parmi ses missions, l’établissement de
solides et fructueuses relations de coopération entre l’Ecole et
le monde du travail : C’est ainsi que, dans la très grande
majorité, les diplômés des établissements universitaires
relevant de la Fondation Bouebdelli obtiennent leur premier
recrutement très rapidement et dès leur sortie de nos Ecoles ou
Facultés, et même avant la fin de leur stage de fin d’études !
...
Il convient encore à rappeler que plus
de la moitié de l’effectif qu’accueille l’université
actuellement, vient de pays frères ou amis appartenant à quatre
continents différents : le Monde arabe et musulman, l’Afrique,
l’Asie et même l’Europe.
LA MISE A MORT DES INSTITUTIONS EDUCATIVES
DE LA FONDATION BOUEBDELLI
ANNEE 2004, LA CRISE DE L’ECOLE JEANNE
D’ARC
L’incident
déclencheur et la manipulation
En raison du refus décidé en juin 2004
par le Conseil de classe en application du règlement intérieur,
de l’inscription d’une élève en 1ère année du collège
de la Fondation Bouebdelli, pour insuffisance de niveau
scolaire, l’école « Jeanne d’Arc » a reçu de la part du
Ministère de l’Education une véritable sommation. Il fallait
inscrire immédiatement l’élève en question sous peine de
fermeture de l’ensemble de l’établissement.
La tentative fulgurante de
l’Administration de mainmise sur l’Institution
Devant le refus de l’Ecole de réviser sa
décision parfaitement fondée et régulière, le Ministère a, le 18
septembre 2004, c’est-à-dire tout à fait au début de l’année
scolaire, pris la décision irréfléchie et précipitée, de mettre
en route sa machine répressive à une vitesse implacable, et
jamais observée dans la pratique administrative ou judiciaire
tunisienne.
Dans les vingt quatre heures, le
Tribunal de première instance de Tunis a émis l’ordre de
destitution de Madeleine Bouebdelli, directrice de l’Ecole, avec
retrait de l’autorisation d’ouverture de l’établissement,
blocage des comptes bancaires, nomination d’un directeur
administrateur issu de l’enseignement public, et intrusion de la
force publique dans les locaux de l’Ecole ; Le tout constituant
une véritable spoliation de biens privés protégés par la loi. Le
nouveau ‘directeur’ s’est hâté d’inscrire l’élève concernée.
Simultanément, une campagne de
dénigrement dans les journaux affidés au Pouvoir a été lancée
contre l’Ecole – dont on dénonçait le ‘sélectionnisme’ ! – et
contre toute la Fondation Bouebdelli, qui a fait l’objet d’une
véritable curée à laquelle ont pris part pas moins de six
ministères et divers organismes publics : ministère de
l’Education, ministère de l’Intérieur, ministère de la Justice,
ministère des Finances avec le déclenchement d’un contrôle
fiscal ‘tous azimuts’, ministère des Affaires sociales avec le
déclenchement immédiat du contrôle de la Caisse de sécurité
sociale, ministère de l’Enseignement supérieur, avec des menaces
de représailles au niveau de l’Université Libre de Tunis.
Un ‘tsunami’ n’aurait pas provoqué de plus
grands remous...
Le soutien unanime de l’opinion
publique à l’Institution
Le lendemain de la fermeture de l’Ecole,
les autorités se sont trouvés confrontées à une forte
mobilisation des 1 400 élèves et de l’ensemble du corps
enseignant. Tous contestaient avec force la décision arbitraire
de limogeage de la direction et de la fermeture de l’Ecole. Un
mouvement massif de protestation et de grève s’est rapidement
développé. Il a conduit à la constitution d’une délégation des
parents d’élèves qui ont demandé une entrevue avec les autorités
concernées. Des soutiens sont parvenus de tout le territoire
national aussi bien que de l’étranger, de France, des USA, du
Canada, des pays du Golfe, des pays de l’Afrique de l’Ouest...
Le recul de l’Administration
Devant l’ampleur de ce mouvement de
protestation et de soutien à notre institution éducationnelle et
en raison de l’absence de motifs réels et sérieux d’une
répression aussi injustifiée et en disproportion avec le
prétexte pris pour la déclencher, le ministère de l’Education
s’est trouvé contraint de revenir sur sa décision. Madeleine
Bouebdelli a été rétablie dans ses fonctions de Directrice de
l’Ecole, et celle-ci a repris son fonctionnement normal dans les
jours qui ont suivi. Même la décision judiciaire prise à
l’encontre de l’Ecole a été annulée.
ANNEE 2007, L’affaire du Lycée ‘Louis
Pasteur’
Les manœuvres de l’Administration
Au mois de mai 2007, le Ministère
compétent a, sans autre forme de procès et sans que cet ordre
ait été accompagné d’aucune explication juridiquement valable,
intimé l’ordre à la Fondation Bouebdelli, de fermer purement et
simplement le lycée Louis Pasteur dès le 10 mai 2007, de ne plus
faire de recrutement d’élèves au titre de la prochaine année
scolaire, et d’orienter les élèves actuellement inscrits vers
d’autres institutions similaires.
La fermeture du Lycée
La décision de fermeture du lycée
s’analyse comme un simple ‘fait du Prince’. On comprend, dès
lors, toute l’émotion que cette décision inique a suscitée
auprès de l’opinion publique, aussi bien tunisienne
qu’internationale. Les médias, notamment à l’étranger, se sont
saisis de l’affaire qu’ils ont analysée comme l’expression de
l’arbitraire de l’Administration et une atteinte grave aux
libertés individuelles. Citons en quelques-uns : Le Monde,
Libération, L’Express, Le Figaro, Le Point, le journal « la
Suisse », France 3, TSR 1, plusieurs journaux de langue arabe du
Proche-Orient, plusieurs sites Internet comme Rue 89 et
bakchich.info... Les seuls médias tunisiens a avoir protesté
rigoureusement sont le journal « EL MAWKEF »du PDP et « ET
MOUATINOUN » du Forum (partis d’opposition) ainsi que la chaîne
Al Hiwar Attounssi, appartenant à Tahar Ben-Hassine et émettant
à partir de Rome. Mais cela n’a fait que raviver le désir de
vengeance de ceux qui ont ordonné le forfait.
Personne n’ignorait plus alors qu’il
s’agissait là, d’une décision destinée à favoriser – même au
prix d’une illégalité – une institution éducative qui venait
d’être créée à cette date, « l’Ecole internationale de
Carthage » sur l’initiative de Mmes BEN ALI ET ARAFAT. Jusqu’à
ce jour, le ‘Lycée Louis Pasteur’ est resté fermé. Le recours
présenté en 2007 devant le tribunal administratif de Tunis est
toujours en attente de jugement.
Le recours
à des lois « scélérates »
L’affaire du lycée Louis Pasteur a
envenimé encore davantage le climat d’insécurité et
d’harcèlement de la famille Bouebdelli : mails détournés,
contrôles fiscaux approfondis, contrôles sociaux et sanitaires
répétés, courrier ouvert, écoutes téléphonique, rejet de toute
demande légale …
L’acharnement juridique s’est alors
intensifié. A titre d’exemple, l’arrêté ministériel du 22
février 2008 a imposé un nouveau « cahier des charges » ayant un
effet rétroactif qui a eu pour effet notamment d’interdire le
cumul dans un même établissement scolaire d’une section
préparant les diplômes tunisiens et une section préparant des
diplômes étrangers (cela vise évidemment le « lycée Louis
Pasteur ». De même il sera dorénavant interdit d’ouvrir des
annexes : cela vise le projet d’ouverture d’une annexe de la
Fondation dans la banlieue nord de Tunis. Enfin, comme par
hasard, les nouvelles dispositions imposent une superficie
minimale des classes de 42 m2, là où la superficie
standard des classes de la Fondation est de 40 m2. Ce
qui oblige cette dernière à détruire plus de 20 classes, sachant
que le Ministère n’impose nullement de telles exigences à ses
propres établissements scolaires.
ANNEE 2009, L’UNIVERSITE LIBRE DE TUNIS
Les tentatives d’étouffement
Malgré l’adoption en 2000 d’une loi
autorisant et réglementant l’investissement privé dans le cadre
de l’enseignement supérieur, l’Université Libre de Tunis (CULT)
n’a cessé depuis sa création,de faire l’objet de mesures
arbitraires de la part du Ministère de l’enseignement
supérieur : ruptures ou refus de conventions de partenariat
régulièrement conclues avec des universités nationales et
étrangères, refus d’octroi à l’ULT des avantages financiers et
autres pourtant expressément prévus par la loi, rejet de
nombreux projets de développement de la mission éducationnelle,
refus de créer de nouveaux diplômes de cycles d’études
spécialisés et de doctorat .A ces abus de pouvoir, s’est ajouté
un harcèlement quasiment quotidien par une administration
tatillonne visant à imposer à l’ULT des conditions de
fonctionnement qu’elle omet de demander à ses propres
établissements.
La dernière offensive de
l’Administration a été la loi du 4 août 2008 imposant un nouveau
« cahier des charges » également rétroactif : interdiction de
continuer à conserver le titre « d’Université », seuls les
titres de « faculté », « institut » ou « école » étant admis ;
obligation de porter, par filière, le capital initial de 75 000
euros à 1 000 000 d’euros (13 fois plus !) soit l’obligation
pour l’ULT de fractionner son institution en plusieurs unités
séparées, augmentant ainsi considérablement les charges de
gestion de chacune d’elles et mettant en péril sa survie.
Cette loi, par son caractère
rétroactif, vise en fait et très directement l’ULT, et est
contraire aux principes de droit les mieux établis. Toutes ces
mesures, loin de représenter une application objective et neutre
de la loi, destinée à servir l’intérêt général constituent une
atteinte très grave aux principes les plus fondamentaux de
« l’Etat de droit » que le Pouvoir prétend respecter.
La mission « d’inspection
approfondie »
L’histoire se répète. Sous le couvert
d’une inspection approfondie du ministère de l’enseignement
supérieur, menée en décembre 2009, dont le rapport , fabriqué
de toutes pièces, a relevé des «carences et irrégularités
d’ordre administratif et pédagogique », le Ministère a
notifié à l’ULT la suspension de son agrément jusqu’en 2014,
l’interdiction d’inscrire de nouveaux étudiants, le retrait
définitif de l’homologation des filières d’ingénieur et la
nomination d’un administrateur-gérant chargé d’achever les
cursus en cours.
Les cinq
griefs de l’Administration et les réponses de l’ULT
M. BOUEBDELLI a démontré, preuves
à l’appui, qu’aucun des griefs relevés lors de l’inspection
n’étaient fondés. Ces griefs portent sur les points suivants :
1° il est
reproché d’avoir lancé sans autorisation une campagne
publicitaire pour des enseignements en expertise comptable pour
le compte de l’INTEC-CNAM de Paris :
Réponse : cette publicité concerne des enseignements qui
depuis plus de 10 ans sont assurés directement par l’INTEC CNAM
à distance et non par l’ULT qui n’est qu’un bureau de liaison.
Par lettre du 26/01/2002, le Ministère a écrit qu’aucune
autorisation n’était nécessaire pour cette activité.
2° il est reproché au directeur de l’ULT (recteur) d’avoir été
absent pendant la période du contrôle (du 8 au 22/12/2009) et de
ce fait d’avoir manqué à ses devoirs dans l’exercice de ses
fonctions
Réponse : ce directeur M. SadoK BELAID a toujours été
présent pendant cette période et a assisté à trois reprises à
des réunions avec l’inspecteur et ceci malgré que la période
d’inspection corresponde à une période de vacances scolaires
3° il est reproché à l’ULT de faire appel à des enseignants du
secteur public sans autorisation du Ministère
Réponse : afin d’assurer les missions d’enseignement
confiées , l’ULT a effectivement été obligée de faire appel à
quelques enseignants avant que le Ministère ne fasse parvenir
les autorisations réglementaires et qui, en raison des retards
administratifs n’arrivent jamais à temps et souvent au cours du
2ème semestre universitaire. De plus, une campagne de
recrutement de professeurs permanents a été engagée par l’ULT
depuis plusieurs années. A ce jour il existe plus de 40
professeurs permanents.
4° il est
reproché d’avoir délivré des diplômes d’ingénieur dans des
conditions irrégulières : absence de concours de sélection à
l’entrée à l’issue des classes préparatoires.
Réponse : l’agrément des filières d’ingénieurs obtenu du
Ministère en 2001 prévoyait le recrutement sur dossier. Ce
cursus a été jusqu’à présent approuvé par le Ministère puisque
les diplômes d’ingénieurs délivrés par l’ULT (5 promotions) ont
obtenu l’équivalence réglementaire des diplômes du secteur
public.
5° il est reproché d’avoir assuré des enseignements en matière
de licence gestion- finance sans autorisation préalable du
Ministère.
Réponse : l’ULT a fait observer à l’inspecteur que le
Guide d’orientation des étudiants publié par le Ministère pour
les années concernées 2007,2008 et 2009 porte expressément
l’habilitation par le ministère d’assurer ces enseignements par
l’ULT et cela en toute légalité, mention en est reprise sur le
site officiel du Ministère
Les motifs invoqués, décrits ci-dessus, sont
tellement fallacieux que tous les journaux tunisiens qui font
état de la décision de retrait de l’agrément de l’ULT évoquent
vaguement des « irrégularités pédagogiques et
administratives ».
Le « démontage » du complot
Ceci montre clairement que tout cela
n’est qu’une mise en scène destinée à « sanctionner » une
institution universitaire privée pour des motifs qui n’ont rien
à voir avec sa mission. Le détournement de pouvoir est
manifeste : il rappelle clairement ce qui s’est passé il y a
quelques années dans les tentatives de fermeture en 2004 de
l’ « école Jeanne d’Arc » et la fermeture effective du « lycée
Louis Pasteur » qui relèvent de la Fondation Bouebdelli.
Les
développements les plus récents de la crise
Le 2 février 2010, un
administrateur-gérant a été nommé par le Tribunal avec
officiellement pour mission « d’assurer la continuité des études
de l’ULT, de préserver les droits des enseignants et des
étudiants et du cadre administratif de l’institution ».
En fait depuis sa nomination, cet
administrateur agit plus pour « liquider » l’ULT que pour en
assurer la pérennité. Sa première décision a été de licencier
les deux cadres supérieurs assurant la direction de
l’institution depuis plus de 8 ans : le vice-recteur à
l’enseignement, M. Mehdi Bouebdelli, et le directeur
administratif et financier, M. Karim Bouebdelli, tous deux fils
de Mohamed Bouebdelli. Parmi les autres mesures prises par cet
administrateur, on peut citer : le réembauchage d’un enseignant
licencié en janvier 2010 à l’issue du 1er semestre
universitaire pour incompétence pédagogique et fortement
contesté par ses étudiants, ainsi qu’un agent administratif
licencié également pour incompétence en janvier dernier, pendant
sa période d’essai. Le personnel existant à l’ULT a été
« doublé » par une nouvelle équipe, sans que la charge de
travail administratif le justifie, créant ainsi non seulement
une tension entre les membres du personnel. Et ceci dans un
climat de suspicion et de délation.
Par ailleurs, l’administrateur s’est
octroyé le droit de remettre en question le tarif des frais de
scolarité fixés pour l’année universitaire 2009/2010 en rendant
gratuites des prestations auparavant payantes. Enfin,
l’occupation d’un immeuble mitoyen à l’ULT appartenant aux fils
Bouebdelli est illégale.
Toutes ces mesures ont uniquement pour
but de « liquider » l’Université Libre de Tunis » qui ne saurait
survire en 2014, vidée de ses étudiants. L’affaire de l’ULT est
une affaire politique. Sous le couvert de prétendues sanctions
administratives infondées et disproportionnées Ce mauvais procès
vise à dénier à un citoyen tunisien libre et patriote, le droit
de dire la vérité à ses concitoyens.
L’INTERET GENERAL TUNISIEN BAFOUE
En Tunisie, deux régimes coexistent.
Côté lumière, des codes fixant la loi et un appareil judiciaire
digne des pays les plus évolués. Côté ombre, un pouvoir
pharaonique faisant disparaître sur un claquement de doigts ceux
qui lui déplaisent.
L’opinion internationale n’a commencé à
s’inquiéter de la situation en Tunisie que récemment, suite à la
multiplication des procès touchant des syndicalistes, des
journalistes, des militants des droits de l’homme, des étudiants
et des milliers de jeunes qualifiés de terroristes.
Officiellement, il n’y a pas de détenus
politiques en Tunisie et tous ceux qui sont arrêtés, jugés et
jetés en prison ne le sont que pour des crimes de droit commun.
Mais, ce qui est grave, c’est tout le système mis en place pour
vider les institutions de tout contenu et de tout sens. Il en
est ainsi du pluralisme, des élections, des droits
constitutionnels de liberté d’association et d’expression.
La récente « mise à mort » de
l’Université Libre de Tunis a utilisé un subterfuge, un montage
juridique, faute d’avoir pu atteindre son but avec les contrôles
fiscaux, d’hygiène, de sécurité sociale et autres, qui
malheureusement pour le Pouvoir se sont soldés par un « RAS ».
Et pour cause, l’épouse française de Mohamed Bouebdelli, expert
comptable de formation, a toujours veillé à une comptabilité
sincère et au respect le plus strict de toutes les
règlementations en vigueur.
Il ne restait donc plus au Pouvoir qu’à passer en force et vite.
Mohamed Bouebdelli a eu la volonté de se
battre pour le droit. Il a trouvé des sympathies dans tous les
milieux des démocrates tunisiens et étrangers. Mais combien de
spoliations de ce genre, voire plus révoltantes, ont eu lieu
dans le silence des victimes, isolées et terrorisées par le
Pouvoir pour qu’elles se taisent.
Mohamed Bouebdelli a compris que le
pouvoir, outre le dessein de servir les siens en dépossédant les
autres, agit en toute illégalité. Dès 2007, il a donc déplacé
l’objet de son combat, d’un combat pour ses droits vers un
combat pour le droit tout court. Il a alors multiplié les
interviews aux médias nationaux et surtout internationaux pour
dénoncer les dénis de justice, les spoliations arbitraires, et
il a surtout été le premier à dire tout haut ce que tout le
monde pensait tout bas.
Mais le moment le plus fort de son
combat a été incontestablement la publication de son livre fin
septembre 2009, peu avant les élections législatives et
présidentielles du mois d’octobre. Mohamed Bouebdelli ne se
contente pas défendre sa dignité professionnelle, il soumet des
propositions de réformes concrètes. Ce citoyen tunisien veut
croire au débat politique, dans un pays où le politique est
quasiment prohibé.
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