COMMISSION ARABE DES DROITS HUMAINS

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2010-01-12

Les organisations de bienfaisance palestiniennes sous embargo

 

   

 

LA COMMISSION ARABE DES DROITS HUMAINS (ACHR)

    

 

en collaboration avec le

 

Bureau International des ONG Humanitaires - IBH

 

Commission d’enquête en Cisjordanie

Première moitié de novembre 2006

 

 

Avec la participation de :

Violette DAGUERRE,  Jean-Claude PONSIN

Julien FILALARDE,  Laure FOREST

 

 

Rédaction

Violette DAGUERRE

 

                                                 Rapport arabe : mi janvier 2007

Rapport en français : début septembre 2007

 

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Avant propos

 

Le jour de la sortie de ce rapport en langue française, une nouvelle bouleversante nous est parvenue à la Commission Arabe des Droits Humains, portant sur l’interdiction par le gouvernement provisoire de Salam Fayyad de 103 associations humanitaires et caritatives palestiniennes. En effet, le ministre de l’intérieur du gouvernement provisoire de salam Fayyad a annoncé le gel des activités de 7 ong humanitaires palestiniennes sur les 103 menacées de cette sanction en cisjordanie, dont plus de la moitié sont de Naplouse.

Une regrettable décision qui s’inscrit selon toute vraisemblance dans le cadre de l’état d’urgence décrété par le président Mahmoud Abbas le 14 juin dernier. Et une mesure bien injustifiée, puisqu’elle ne malmène pas seulement le droit de former des associations, reconnu par les lois fondatrices palestiniennes, mais surtout parcequ’elle porte atteinte aux droits de la population palestinienne de bénéficier des aides et des services procurés par ces associations. Associations qui sont restées presque son dernier rempart contre la loi du plus fort avec son lot d’arbitraire et d’injustice, grandement amplifiés depuis la rédaction de ce rapport par l’acharnement criminel de décideurs politiques d’un monde qui ne tourne pas rond.

Ces cibles sont des Ong islamiques qui ont, avec le bon nombre d’ong qui couvrent les territoires palestiniens occupés, eu un rôle de premier plan dans la préservation du tissu social et économique du peuple palestinien, notamment durant les première et deuxième intifada. Elles avaient en outre le mérite de montrer la capacité du peuple palestinien à compter sur lui-même et ne pas vivre à la merci des donateurs.

Ces mesures s’inscrivent malheureusement dans le déplorable contexte de règlement de compte intra-palestinien entre le Fatah et Hamas. Mais surtout dans une logique américaine qui a, depuis plusieurs années et surtout à la suite des événements de 11 septembre, cherché à tarir les activités caritatives des Ong islamiques de part le monde, car taxées d’aider le terrorisme. Et cette guerre s’apparente à celle livrée par l’entité d’occupation israélienne contre la société civile palestinienne, voulant la réduire à émigrer ou quémander les moyens de son subsistance sans aucune possibilité de prise d’initiative ou de recherche de solutions adaptées à ses besoins.

Il est encore temps de faire marche arrière et épargner à la société palestinienne de vivre davantage de souffrances, lesquelles ne pourront que la pousser dans le cahot et la livrer à la violence. Et cette fois-ci du fait de ses dirigeants et non pas de ses ennemis.

La Commission Arabe des Droits Humains, qui s’est rendue sur place et a bien enregistré les doléances de ses interlocuteurs, ne peut qu’élever le ton contre cette nouvelle atteinte aux droits des palestiniens des territoires occupés. Elle déplore la décision des autorités palestiniennes qui auraient dû veiller à ne pas intervenir sur ce terrain et soumettre à une nouvelle épreuve de taille une population épuisée par une multitude d’atteintes à ses droits à la vie, à la dignité et à la résistance contre l’occupant. C’est d’autant plus inconcevable que les fortes tensions et discordes qui agitent depuis de longs mois la sphère politique palestinienne l’ont rendue incapable de subvenir à elle seule à ses devoirs. A ses obligations vis-à-vis d’une population qui n’en finit pas de payer le prix exorbitant de l’occupation de ses terres par Israël et les tiraillements parfois meurtriers de ceux qui président à sa destinée.

ACHR demande aux autorités palestiniennes de revenir sur leur décision et laisser les associations, frappées par cette punition arbitraire, œuvrer pour soutenir ceux qui n’en peuvent plus de payer les pots cassés de ceux qui les gouvernent, et sans confisquer les derniers droits qui leurs restent sur leurs terres.

 

Paris le 28-08-2007

 

 

Violette Daguerre

Présidente d’ACHR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

INTRODUCTION

 

A la demande du Bureau International des ONG Humanitaires, une délégation française composée de quatre personnes s’est rendue en Palestine début novembre 2006. Leur mission : examiner de près l’évolution de la situation en Cisjordanie.

 

La délégation s’est fixée un triple objectif : exprimer sa solidarité envers la société civile palestinienne vivant sous embargo, nouer des relations nécessaires avec les ONG européennes pour les amener à constater sur le terrain les conditions de vie des Palestiniens, trouver enfin les outils d’une coopération sociale et culturelle capable de former une riposte contre l’embargo politique et économique.

 

Faute de temps, nous avons dû scinder la délégation en deux groupes en fonction des rencontres effectuées. Nous avons aussi prolongé la durée du séjour de certains membres pour qu’ils puissent achever leur travail. Eu égard à des expériences précédentes, il a été décidé que les membres de la délégation voyageront séparément en tant que pèlerins pour la Terre Sainte. En effet, des ONG se sont vu, par le passé, refuser la liberté d’enquêter. On leur a même demandé parfois de modifier l’objet de leur visite en échange de l’autorisation officielle d’enquêter.

 

A l’aéroport Ben Gorion, nous avons été très prudents, à l’aller comme au retour. Les Israéliens n’apprécient guère que des étrangers accèdent aux Territoires occupés pour s’informer de la situation des Palestiniens ou leur exprimer leur solidarité. Si les expériences personnelles divergent à ce sujet, il ne reste pas moins que les conditions d’entrée dans ce pays sont les plus difficiles au monde. L’un d’entre nous a même été pris à part et interrogé. On lui a posé une foule de questions avant de le laisser partir :

«  Pourquoi es-tu venu en Israël ? As-tu des amis ici ?  Que fais-tu dans la vie ? Etc. »

 

Dès son arrivée à Jérusalem, la délégation a établi les premiers contacts. L’intérêt a été porté spécialement sur les ONG et les associations de la société civile œuvrant dans le domaine sanitaire et social dans des conditions de plus en plus difficiles. Ces difficultés sont dues à plusieurs facteurs dont la fermeture des points de passage, l’embargo, le tarissement ou la réduction des ressources financières. Citons également les pressions exercées sur les ONG et le gel des transferts de fonds sous prétexte de la lutte contre le terrorisme. Et ce en particulier après la victoire en janvier 2006 du Hamas aux législatives et la formation d’un gouvernement avec pour premier ministre Ismail Haniyeh.

 

Un des documents servant de base était un rapport rédigé en avril 2003 par International Crisis Group (Groupe des Crises Internationales au Moyen-Orient). Il  se concentre sur les activités sociales à caractère islamique dans les Territoires palestiniens occupés. Le rapport mentionné indique qu’avant le 11 septembre, les bénéficiaires étaient les personnes aux maigres revenus, les familles des veuves, les femmes divorcées, les handicapés, les chômeurs et les prisonniers. Le Hamas et les associations islamiques se chargeaient d’assurer ces services. 

 

 

 

 

 

 

Après 2001, on agresse les peuples de la région en s’attaquant à leurs ONG même lorsque celles-ci disposent de filiales ou de centres en Europe. C’est le cas de plusieurs organisations comme l’Organisation de la Terre Sainte pour le Secours et le Développement, dont les comptes ont été gelés au motif que Hamas utiliserait cet argent « pour soutenir les écoles qui fabriquent des kamikazes ». Or, la législation européenne condamne la discrimination religieuse, culturelle ou politique et considère que le besoin est le seul critère qui doit motiver l’assistance.

 

De même, les rapports concernant cette partie du monde révèlent que les principales ONG sont compétentes, probes et se caractérisent par une grande droiture et une transparence absolue. Elles collaborent avec divers partenaires internationaux et sont affiliées aux plus importants groupes humanitaires dans le monde. Ce qui bat en brèche toute accusation hasardeuse sur leur rôle supposé dans le blanchiment d’argent et sur leur éventuelle relation avec les organisations terroristes. A la lumière de ces faits, il convient de se poser les interrogations suivantes :

 

• Les organisations islamiques qui constituent moins de la moitié des organisations caritatives, c'est-à-dire entre 10 et 40 % sont-elles nécessairement proches du Hamas ?

 

• L’aumône légale (la Zakat) ne représente-t-elle pas qu’une partie restreinte de l’activité caritative islamique ?

 

• Les ONG sont-elles obligatoirement politisées ou affiliées aux mouvements religieux ?

 

• Les organisations qui se distinguent par leur caractère religieux sont-elles pour autant révolutionnaires et jihadistes ? Ne peuvent-elles pas être salutaires et bienfaisantes au sens propre du terme ?

 

• Si les associations de bienfaisance du Hamas sont capables de soutenir les catégories sociales oubliées par l’Autorité palestinienne et par les pays donateurs - comme le rappelle International Crisis Group dans son rapport - est-ce la raison pour laquelle on suspend l’aide en vue d’asphyxier ces associations et retourner la société contre elles ? 

 

• Est-ce également la raison pour laquelle on accuse ces associations de collecter de l’argent au profit d’infrastructures militaires et de le distribuer aux familles des kamikazes ?

 

• La mise à mal des ONG n’est-elle pas un prétexte pour détruire les moyens de subsistance des Palestiniens ?

 

• Est-il vrai que la mobilisation en faveur de ces ONG les renforcent et sert leur activité et leur idéologie ?

 

Cette mobilisation ne renforce-t-elle pas plutôt la paix civile et la stabilité sociale ? Ne contribue-t-elle pas à stopper la hausse du niveau d’alphabétisation et de la mortalité infantile ? Ne  permet-elle pas d’améliorer la situation sanitaire désastreuse et de freiner la détérioration des conditions de vie de la population ? Ne permet-elle pas d’arrêter la dislocation des fondements de la société civile ? Ne préserve-t-elle pas enfin un minimum de relation possible entre l’homme et son environnement ?

 

• A cet égard, peut-on parler des ONG occidentales sans considérer que 60% d’entre elles ont des visées prédicatives, qu’elles exercent une influence idéologique et politique et qu’elles profitent de leur situation pour attirer de nouveaux adeptes (Selon des estimations académiques occidentales) ?

 

Trois ans se sont écoulés entre la rédaction de ce rapport et l’envoi de notre délégation en Palestine. Pendant cette période, le Hamas est arrivé au pouvoir à la suite d’élections législatives transparentes. Ayant obtenu la majorité des sièges, ce mouvement forme un nouveau gouvernement. Sous la pression des Etats-Unis et d’Israël, la Communauté internationale suspend l’aide à l’Autorité palestinienne. Ce qui change fortement la donne et déplace le débat sous un autre angle.

 

Il était de notre devoir de mener une enquête sur le terrain loin des préjugés et au milieu de ceux qui affrontent la réalité dans ses détails. Pour atteindre cet objectif, nous avons tenté d’observer des exemples différents en focalisant la recherche sur les associations qui s’activent dans le domaine médical, social et culturel. L’échantillon retenu s’étend de Jénine au Nord jusqu’à Bethléem au Sud en passant par Naplouse, Tobass, Attaybeh, Al Byreh, Ramallah, Jérusalem, etc. Et ce malgré les difficultés liées aux fermetures fréquentes et soudaines de certaines régions.

 

A chaque fermeture, nous rebroussons chemin ou bien nous empruntons des routes impraticables. Conséquence directe : heure d’arrivée retardée, déplacements perturbés, missions ajournées ou suspendues. En outre, notre rapport n’englobe pas la bande de Gaza du fait de l’insécurité permanente et de la demande d’autorisation d’entrée. Mais, nous espérons envoyer prochainement sur place une délégation spéciale d’enquête. 

 

Présentation rapide des violations majeures des droits fondamentaux des ONG

 

Sous occupation israélienne, les organisations caritatives et humanitaires ont toujours fait l’objet de poursuites et d’agression. Il en est de même pour le mouvement politique palestinien qui a subit des attaques, des assassinats, et des arrestations. Dès la création de l’Etat d’Israël, mais aussi après la colonisation de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, les forces d’occupation ont constamment pourchassé le moindre rassemblement de la société civile contrôlant et restreignant ses activités.

 

Pendant des années, les forces d’occupation justifiaient ces pratiques au motif que l’activité non gouvernementale constitue une vitrine pour les fédayins de l’OLP et de ses différents groupes. L’occupation, la colonisation et le siège économique, culturel et politique font que le travail caritatif et civil devient un moyen essentiel de légitime défense. Or les forces d’occupations ont usé de toute leur force pour éliminer toute forme de travail civil qu’il soit juridique, humanitaire, culturel ou lié au développement.

 

Avec la montée du mouvement islamique politique et l’émergence du phénomène religieux au sein de la société, les forces d’occupation se sont intéressées à l’activité caritative islamique qui existe dans le monde arabe depuis le 8ième siècle sous différents aspects. Les forces d’occupation lancèrent une campagne d’oppression à son encontre afin de limiter sa portée. A ce sujet, le groupe AIPAC, allié d’Israël, a demandé - à partir des années 90 - que des poursuites soient engagées contre l’activité caritative palestinienne au prétexte qu’elle soutient le terrorisme.

 

Le médiateur américain Denis Ross s’est opposé à une telle décision mettant en garde contre les conséquences dramatiques sur la société palestinienne et sur les pays occidentaux. Pour l’administration Clinton, dans un tel cas, il faudrait trouver des substituts aux ONG que l’Etat hébreu accuse de terrorisme. C’est dans ce contexte que surviendront les attentats du 11 septembre. Ils entraîneront une campagne destructrice contre le travail caritatif palestinien. Cet acharnement s’inscrit dans le cadre d’une opération visant l’œuvre de bienfaisance dans toutes les zones de conflit dans le monde musulman.

 

C’est ainsi que l’Administration américaine a multiplié les décisions à l’encontre des ONG islamiques palestiniennes. Elle a également poussé le Conseil de sécurité à adopter à l’unanimité la résolution du 28-9-2001 contre le terrorisme, obligeant tous les pays à suspendre l’aide financière à ceux que l’administration Bush qualifie de « réseaux terroristes ». Des sanctions sont même prévues pour les récalcitrants.

 

Quatre jours après cette décision, l’Union européenne entre en lice avec un projet de résolution à l’encontre de 27 organisations terroristes, entraînant dans leur sillage des ONG caritatives telles que l’organisation Wafa. Plusieurs organismes de soutien au peuple palestinien subiront, eux aussi, des attaques avant que l’Administration américaine ne décide d’interdire les plus grandes institutions de bienfaisance et de soutien aux Palestiniens (Voir annexe I ). Après ce succès aux Etats-Unis, le lobby sioniste déploiera tous ses efforts afin de faire adopter une décision similaire en Europe.

 

Ce blocus contre les ressources extérieures palestiniennes a provoqué les répercussions néfastes suivantes au sein de la société civile palestinienne :

 

•  Le gel des avoirs.

 

•  Des mesures restrictives contre la collecte et la distribution de fonds.

 

• Un blocus contre les procédés d’organisation et de coopération entre les associations caritatives et humanitaires notamment celles établies en Europe et en Amérique du Nord. Toutes considérées comme l’une des principales sources de soutien au travail caritatif palestinien.

 

•  Le durcissement des conditions de travail caritatif en dehors des pays musulmans riches ( les pays du Golfe par exemple ).

 

• L’activité des ONG de soutien au peuple palestinien est désormais suivie et surveillée.

 

En plus de cela, les aides européennes s’accompagnent de conditions astreignantes. Par exemple, aucune ONG ne doit collaborer ou entrer en contact avec une organisation terroriste. Notons qu’à ce sujet, la définition du terrorisme par l’administration Bush est très large. Elle stipule par exemple qu’une association de droits de l’Homme ne doit pas contacter les familles des prisonniers qu’elle défend et qu’une ONG caritative doit réclamer à chaque bénéficiaire les antécédents de lutte armée dans sa famille.

 

Il apparaît clairement que le blocus est total tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Les forces d’occupation profitent de la situation et agissent comme bon leur semble. Par conséquent, les Territoires palestiniens occupés deviennent une zone exposée aux exactions en dehors du droit international.

 

Les principales observations méthodiques

 

La Commission d’enquête avait pour principal objectif d’examiner les conséquences sur la société palestinienne de ce qui est appelé la guerre contre le terrorisme et de relever les violations que subissent les ONG humanitaires et caritatives. Par ailleurs, elle voulait connaître la manière de travailler de ces ONG, leur structure de base, leur mode de fonctionnement au quotidien, leur programme, ainsi que leur politique financière. En particulier, des ONG surveillées de près et qui sont soupçonnées de collaborer avec des organisations de lutte armée.

 

La distinction entre l’activité politique et celle exclusivement associative s’est nettement établie au fil du temps. Même si les procédures électorales, le renouvellement des cadres et la formation d’une jeune classe dirigeante ne sont pas à la hauteur dans certaines ONG palestiniennes. Cela est dû parfois à des motifs inhérents à ces associations (une culture démocratique interne encore fragile) ou pour des raisons objectives (beaucoup d’obstacles empêchent les membres d’une ONG de se rencontrer jusqu’à l’impossibilité d’organiser des congrès. D’autant plus que plusieurs ONG ont adopté la méthode anglo-saxonne consistant à confier le travail sur le terrain à une organisation  ayant une forte éthique).

 

Il est vrai que plusieurs associations ont des références qui les rapprochent soit du Front Populaire, du mouvement islamique ou bien du Fatah, etc., mais en aucun cas, on ne peut parler d’instrumentalisation politique de ces références. Un des responsables d’une ONG à Ramallah le confirme en ces termes: « Aucune ONG n’est naïve à ce point pour se  soumettre à des directives militaires, se livrer au blanchiment d’argent afin d’acheter des armes ou pour verser le salaire des combattants. »

 

Dans ce cas, l’ONG incriminée serait immédiatement bannie du cercle des ONG palestiniennes. Ce milieu ne tolère aucun facteur d’affaiblissement à cause des conséquences catastrophiques sur la société palestinienne elle-même. Les accusations de l’Administration américaine et du gouvernement israélien à l’encontre de l’activité caritative islamique sur le terrain sont à la fois fallacieuses et sans fondements. La société palestinienne est d’une maturité telle que chaque secteur est entièrement indépendant de l’autre.

 

A l’instar des syndicats occidentaux, les ONG palestiniennes évoluent au sein d’un courant progressiste ou islamique mais elles ne sont guère prisonnières de leur programme politique ou de leur combat qui dépassent l’activité caritative exclusive. Au cours d’une mission humanitaire, un homme d’église apportera son aide à une population sans faire de distinction par rapport à la croyance, à la religion, à la communauté ou au sexe.

 

 

Le seul critère d’aide est le besoin des personnes et non leur appartenance. Ainsi procèdent les ONG islamiques et laïques. Par contre, les directives des forces d’occupation somment les ONG palestiniennes à ne pas aider, par exemple, les familles des martyrs. Elles leur demandent en somme d’opérer des discriminations entre les Palestiniens selon leur choix politique ou leur militantisme.

 

Les forces d’occupation adoptent la punition collective contre les combattants en détruisant leurs maisons et en réprimant leur entourage familial. Ce qui constitue une atteinte flagrante aux  fondements même des droits de l’Homme lesquels sont basés sur l’individualité des responsabilités pénales.

 

En effet, les forces d’occupation somment les ONG humanitaires d’appliquer cette politique de vengeance et de représailles vis-à-vis des familles des martyrs. En d’autres termes, elles demandent à l’œuvre humanitaire de se transformer en une activité inhumaine qui s’appuie sur la discrimination, la punition collective et le blocus. Ce qui dépasse le sens même du crime et de la sanction à celui de représailles et de la maltraitance de l’autre.

 

A travers le monde, les organisations des droits de l’Homme condamnent ces pratiques et appellent même à juger les sociétés qui produisent les bulldozers servant à détruire les habitations. En soutenant cette logique, l’Administration américaine contredit ses engagements fondamentaux envers le droit humain international et envers la légalité internationale des droits de l’Homme.

 

Recensement des violations des droits de l’Homme les plus graves au cours des neuf mois de l’année 2006 ( Rapport de l’Institut de Solidarité Internationale pour les Droits de l’Homme ) :

 

-         Hébron :

 

  • Le 21 juin 2006, les forces d’occupation font irruption au siège de l’association caritative Al-Ihsen pour le soutien et la formation des handicapés. Elles démolissent les portes des bureaux de l’administration, confisquent les ordinateurs et les dossiers personnels des enfants handicapés pensionnaires de l’association. Dans le bureau de comptabilité, elles détruisent le coffre et confisquent les dossiers des opérations financières qui concernent les pensionnaires.

 

  • Le 21 juin 2006, les forces d’occupation font irruption également dans l’Association Caritative Islamique, détruisent les portes principales d’entrée et vandalisent le local.

 

  • Le 1 juillet 2006, les forces d’occupation envahissent l’Association Caritative Adhahiriya , confisquent les  ordinateurs et saccagent tout à l’intérieur du local.

 

  • Le 3 juillet 2006, les forces d’occupation font irruption dans l’Association Caritative Islamique à Tarqoumya et saccagent le local après l’avoir minutieusement inspecté.

 

 

 

 

 

  • Le 5 juillet 2006, les forces d’occupation investissent les associations suivantes à Samou’: Al Moujtama’ Al Islami , le Centre Ibn Baz pour la Bienfaisance  et l’Association Caritative Ar-rif . Elles confisquent les ordinateurs avant de tout saccager à l’intérieur des locaux.

 

  • Le 12 juillet 2006, les forces d’occupation font irruption au siège de l’Association Arrisala Al Ilmiya  et confisquent les ordinateurs. Les locaux sont saccagés.

 

  • Le 17 juillet 2006, les forces d’occupation font irruption dans les locaux de l’Association Islamique pour l’Assistance aux Orphelins. Elles confisquent divers objets et plusieurs dossiers d’orphelins.

 

  • Le 19 août 2006, les forces d’occupation débarquent au siège du Comité de la Zakat de Halhoul. Elles confisquent les dossiers et saccagent le local.

 

  • Le 20 août 2006, à Chouyoukh et Beït Awla, les forces d’occupation font irruption au siège de l’Association Caritative Islamique  et détruisent divers équipements.

 

  • Le 28 août 2006 dans la localité d’Idhna, les forces d’occupation  font irruption dans les bureaux du Comité de la Zakat de la mosquée Sa’d Ibn Abi Waqas . Elles emportent plusieurs dossiers cassant les meubles et divers objets du siège. A Doura, elles investissent le Centre Culturel et Artistique Al Anouar.

 

-         Jérusalem

 

  • Le 15 janvier 2006, l’armée israélienne ferme l’Organisation Caritative Al Wafada pendant quinze jours après s’y être introduit, l’avoir fouillé et avoir confisqué certains objets de l’association au motif qu’elle est affiliée au mouvement Hamas. L’Association Al Wafada s’occupe de l’entretien de la mosquée Al Aqsa et de la préparation des repas du rupture du jeûne pendant le mois de Ramadan.

 

  •  Le 12 février 2006, le ministre israélien de la Sécurité intérieure ordonne le prolongement de la fermeture des établissements suivants pour une période de six mois : la Maison d’Orient , l’Association des Etudes Arabes, la Chambre du Commerce et de l’Industrie, le Club du Prisonnier et le Centre de Développement des Petites Entreprises.

 

  • Le 30 mars 2006, à Sour Baker, les forces d’occupation pénètrent dans le  siège de l’Association du Forum Culturel et saccagent le local en détruisant le mobilier  et les ordinateurs. Elles confisquent également des dossiers, des documents et du matériel appartenant à l’association invoquant une affiliation avec le Hamas.

 

 

 

 

 

  • Le 13 mars 2006, les forces d’occupation prennent d’assaut pour la deuxième fois le siège de l’Association du Forum Culturel lors du Salon du Livre et du Patrimoine. Les soldats israéliens expulsent les visiteurs et confisquent certains objets du Salon avant de le fermer.

 

  • Le 31 mai 2006, les forces d’occupation font irruption au siège du Comité de la Zakat Ar Ram. Elles saccagent les locaux et emportent des dossiers et du matériel. Le président du Comité Mohamed Farah et le directeur administratif Mohamed Qasrawi ont été soumis à un interrogatoire.

 

  • Le 7 juillet 2006, les forces d’occupation investissent le siège du Comité de la Zakat d’Al Ayzariya. Elles saisissent des ordinateurs avant de tout saccager à l’intérieur du local.

 

  • Le 11 juillet 2006 à Abou Dis, les forces d’occupation font irruption au siège de l’Association Caritative Iqra  et l’Association du Centre des Lionceaux d’Al Qods. Elles s’emparent de plusieurs documents et ordinateurs appartenant à l’association.

 

-         Bethléem 

 

  • Le 16 mars 2006 au village Ad Dawha, les forces d’occupation ferment l’Association Islamique Féminine An Naqa’ après l’avoir encerclé et envahi en raison de liens supposés avec le Jihad Islamique.

 

  • Le 29 juin 2006, les forces d’occupation israéliennes font irruption dans le Centre et Ecole Maternelle Iqra  lié à l’Association Caritative Al Islah. Elles repartent avec trois ordinateurs, de nombreux documents et rapports financiers.

 

  • Le 3 juillet 2006, les forces d’occupation pénètrent dans le siège de l’Association d’Assistance à l’Orphelin. Elles démolissent les portes et endommagent le local.

 

  • Le 3 juillet 2006, les forces d’occupation envahissent le Centre des Soins par le Coran. Elles confisquent deux ordinateurs et saccagent le local.

 

  • Le 3 juillet 2006 à Beït Sahour, les forces d’occupation font irruption dans le siège de l’Association Islamique. Elles détruisent ses biens après l’avoir fouillé.

 

  • Le 3 juillet 2006, les forces d’occupation ont fait irruption dans le siège du Comité de zakat de Beït Fajar. Elles détruisent les biens de cette association après l’avoir minutieusement fouillé et confisquent tous les ordinateurs.

 

  • Le 4 juillet  2006, à la localité Al Khadr, les forces d’occupation ont pris d’assaut le siège du Comité de la Zakat d’Al-khadr  et de l’école maternelle En Nour. Elles ont, par la suite, placardé un avis annonçant la fermeture de ces associations jusqu’à nouvel ordre.

 

-         Naplouse

 

  • Le 20 février 2006, au camp de réfugiés de Balata, les forces d’occupation envahissent le Centre Culturel de Yafa et le Comité de Défense des Droits des Réfugiés. Elles démolissent les portes et vandalisent les bureaux.

 

  • Le 29 juin 2006, les forces d’occupation font irruption au siège du Syndicat Ouvrier Islamique. Elles vandalisent le local, cassent le mobilier et confisquent certains dossiers.

 

  • Le 2 juillet 2006, les forces d’occupation investissent la laiterie As Safa qui appartient au Comité de la Zakat de Naplouse. Elles ordonnent sa fermeture pour une durée d’un an.

 

  • Le 3 juillet 2006, au camp de réfugiés Askar, les forces d’occupation débarquent dans le dispensaire Al Aqsa qui appartient à l’association le Coran et la Sounna. Elles confisquent des documents et des ordinateurs. Elles remettent ensuite aux responsables un ordre du gouverneur militaire israélien leur signifiant la fermeture de l’établissement pendant deux ans.

 

  • Les forces d’occupation font aussi irruption au siège de la Ligue de la Femme Musulmane situé dans le même camp.

 

-         Tulkarem

 

  • Le 26 mai 2006, les forces d’occupation font irruption dans le Club pour la Culture et le Sport. Elles endommagent des objets dans le local, confisquent  quelques documents et ordinateurs. La fermeture du club est ordonnée pour une période de deux ans.  

 

  • Le 29 juin 2006, au centre ville, les forces d’occupation envahissent le Centre de Mémorisation du Coran qui se situe au premier étage de la vielle mosquée. Elles défoncent les portes, vandalisent le local et détruisent tout à l’intérieur.

 

  • Le 2 juillet 2006 dans le quartier  Al Dyab, les forces d’occupation prennent d’assaut le siège de l’Association la Maison de la Tendresse pour les Orphelins  qui appartient au comité de la zakat de la ville. Portes démolies, bureaux saccagés, dossiers et ordinateurs emportés...

 

  • Le 1 août 2006, les forces d’occupation font irruption au siège du Centre Féminin des Etudes Islamiques. Elles s’emparent des ordinateurs après avoir tout saccagé à l’intérieur du local.

 

 

 

 

 

 

 

-         Jénine 

 

  • Le 29 juin 2006, les forces d’occupation envahissent l’Association Caritative Ar Rahma. Une fois la fouille terminée, elles confisquent les ordinateurs et vandalisent le local.

 

  • Le 2 juillet 2006, les forces d’occupation font irruption dans  l’Association Al Bir Wal’Ihsen  et dans  le Club Sportif Islamique de Jénine. Elles s’emparent des ordinateurs et saccagent tout à l’intérieur des locaux.

 

  • Le 9 juillet 2006, les forces d’occupation débarquent au siège des deux associations : le Comité de la Zakat de Jénine  et l’Association Caritative Al Bir Wal Ihsen. Elles prennent les ordinateurs et saccagent les locaux.

 

-         Jéricho

 

  • Le 3 juillet 2006, les forces d’occupation ont envahit le siège de l’Association de Bienfaisance pour l’Assistance aux Orphelins et aux Nécessiteux  qui prend en charge près de 400 orphelins et leur fournit une aide élémentaire, notamment en matière d’éducation. Les forces d’occupation ont confisqué neuf ordinateurs et tous les dossiers ainsi que les documents concernant les orphelins. Par ailleurs, le Centre Féminin Az-Zahra et l’Ecole Maternelle Pour les Orphelins ont subi le même sort.

 

  • Le 4 juillet 2006, les forces d’occupation font irruption dans les bureaux de deux associations : Al Islah et Al Isra’. Elles confisquent plusieurs ordinateurs et saccagent tout à l’intérieur.

 

  • Le 5 juillet 2006, les forces d’occupation investissent l’Association Caritative Islamique cassant les portes  et saccageant le local.

 

-         Salfit

 

  • Le 5 juillet 2006, les forces d’occupation font irruption dans les bureaux de l’Association de Secours aux Orphelins et aux Nécessiteux. Elles cassent les portes et saccagent les locaux.

 

  • Le 8 septembre 2006, les forces d’occupation ont pris d’assaut le siège de l’Association de Bienfaisance An Nahda. Elles confisquent des ordinateurs et saccagent tout à l’intérieur de l’association.

 

  • Le 28 septembre 2006, les forces d’occupation pénètrent dans l’Association Culturelle et Caritative de Qarawat Bani Hassan. Plusieurs documents sont confisqués et le local est endommagé.

 

-         Tobass

 

  Le 5 juillet 2006, les forces d’occupation investissent le siège des associations     suivantes : le Syndicat Ouvrier Islamique, le Centre Culturel et Artistique Racine  et    le centre les Compagnes de Aïcha pour la Mémorisation du Coran. Elles cassent les portes des locaux et les saccagent.

 

  • Le 4 septembre 2006, les forces d’occupation font irruption au siège de l’Association Islamique Pour le Secours aux Orphelins et aux Nécessiteux. Elles confisquent les ordinateurs et détruisent des denrées alimentaires.

 

  • Le 9 septembre 2006, les forces d’occupation envahissent le siège de l’Association de Secours Islamique et le siège des Scouts des Martyrs de Tobass. Elles emportent les ordinateurs et vandalisent tout à l’intérieur des locaux.

 

-         Ramallah

 

  • Le 23 mai 2006, les forces d’occupation prennent d’assaut l’Association Caritative Farah après avoir fait explosé son portail. Elles saccagent ensuite les locaux, confisquent les fiches de comptabilité ainsi que les dossiers édités. Une fermeture de deux ans est ordonnée.

 

  • Le 31 mai 2006, les forces d’occupation s’introduisent dans le Centre d’Etude et de Recherche Al Bouraq. Elles le saccagent et confisquent les dossiers. Le directeur du centre, M. Adib Zyada, est arrêté.

 

- Qalqilya  

 

  • Le 3 juillet 2006, au village Jinsafout, les forces d’occupation font irruption à l’Association Al Qoran et As Sounna. Elles emportent les ordinateurs et saccagent l’intérieur du local.

 

-         Gaza

 

  • le 2 juillet 2006  un hélicoptère israélien lance un missile sur l’Association des Martyrs d’Al Aqsa dans l’avenue d’Al Wahda au centre de Gaza. Le missile a entièrement détruit l’association et a déclenché un incendie.

 

 

-         Les Amis des Prisonniers

 

  • le 4 septembre 2006, en Cisjordanie et dans les Territoires de 1948, (à l’intérieur de la Ligne verte), les forces d’occupation font irruption dans tous les bureaux de l’Association les Amis des Prisonniers. Elles s’emparent de nombreux dossiers, et endommagent  les locaux. Un décret militaire ordonne la fermeture de cette association pour deux ans.

 

 

Visite de reconnaissance

 

1-                Les services sanitaires :

 

Le centre Abou Rayeh à El Bireh

 

En Cisjordanie, nous avons visité, en premier lieu, le Centre médical d’El Bireh. Il sera l’exemple vivant (au vu des pages qui lui sont consacrées) des difficultés dont souffre le secteur sanitaire en cette période. Ce Centre a ouvert ses portes, sous occupation, en 1978 grâce à l’initiative de l’Association les Amis du Malade, composée d’une élite de médecins palestiniens de Ramallah. Le Centre proposait bénévolement des services médicaux, notamment aux handicapés, avec le soutien du mécénat de riches hommes d’affaires.

 

Après les accords d’Oslo et l’arrivée de l’Autorité palestinienne au pouvoir, le peuple palestinien entreprend la construction d’universités civiles à Bethléem, Jérusalem et à Jénine. Ces universités ont formé une élite qualifiée qui a rejoint des groupes de travail d’envergure internationale. Elle a collaboré avec des centres hospitaliers renommés ainsi  qu’à des travaux de recherches et développement. Le Centre a pu, ainsi, disposait d’une élite médicale qui le dispensait de l’aide financière et humaine de la Suède. En effet, ce pays a formé entièrement le personnel du centre pendant trois ans.

 

Après la première Intifada, l’équipe soignante a dû se spécialiser dans les soins des blessés de la moelle épinière. Ceux-ci ne pouvant être envoyé à l’étranger ni même être dirigé vers les hôpitaux israéliens pour recevoir les soins appropriés. Par conséquent, tous les blessés de la moelle épinière résidant en Cisjordanie et à Gaza affluaient vers le Centre. Or, la fermeture du passage d’Eretz en 2000 empêcha les blessés venant de la bande de Gaza d’y accéder. Sachant que les derniers massacres ont causé pas moins de 300 blessés dont plus de 25% souffrant de blessures de la moelle épinière.

 

En plus de prodiguer des soins, le Centre se charge de l’insertion des malades dans la société et de leur suivi au cas par cas sur le terrain. Il a aussi une capacité de 32 lits pouvant accueillir des patients pendant 2 à 6mois selon les situations. En outre, le Centre possède de nombreux projets de développement et aspire à un statut international. Grâce à une aide précieuse du Fond Arabe de Développement, le Centre d’Al Bireh s’est doté d’un nouveau bâtiment afin d’étendre ses activités. Ce bâtiment n’est toujours pas achevé pour deux raisons. D’abord, la situation actuelle retarde son approvisionnement en matériels médicaux. Ensuite, les aides allouées sont souvent destinées à la construction de bâtiments et non à l’ouverture et à l’équipement de nouveaux services.

 

Nous avons été accueillis par le directeur du Centre accompagné du responsable des relations publiques et de Madame Mie, une ancienne bénéficiaire du Centre qui y travaille aujourd’hui. A noter que la direction du Centre s’est engagée à employer les personnes handicapées à chaque fois qu’elle en a l’occasion sans dépasser le seuil de  5% de la masse salariale. C’est une exigence de la législature palestinienne afin de favoriser l’autonomie des personnes handicapées par rapport à leurs familles.

 

Cependant, en cette période, plusieurs obstacles perturbent le travail du personnel, notamment des contraintes financières et logistiques. Ainsi, le Centre a dû limiter ses activités faute de pouvoir payer les salariés au cours des derniers mois. A cela s’ajoute l’incapacité du ministère de l’Intérieur de couvrir les dépenses des assurés qui, à leur tour, peinent à honorer les frais des soins. Néanmoins, le Centre continue d’accueillir les malades malgré les difficultés techniques, les barrages et le blocus. Ce qui empêche les personnels soignants d’accéder à leur travail et les médecins compétents de rejoindre les malades dans les villages.

 

Ce Centre est un organisme à but non lucratif. Il dispense une assistance médicale à perte en pratiquant des prix plus faibles que le coût normal des soins. Comme le Centre ne peut refouler les malades, son déficit a atteint aujourd'hui 250 000 dollars. Par ailleurs, l’une des missions du Centre est d’assurer des soins de qualité aux patients atteints de maladies graves très coûteuses et de longue durée.

 

Or une étude comparative avec les hôpitaux israéliens a révélé que les patients souffrant des mêmes maladies coûtent 250% plus chers. D’un autre côté, en cette période, le nombre de victimes augmente. Non seulement à cause de la répression et des fusillades dont sont victimes les Palestiniens pour diverses raisons, mais également suite à une chute d’un arbre fréquente en cette saison de récoltes des olives.

 

Au vu des circonstances, la capacité d’accueil du Centre a baissé de 30 à 10 malades seulement. Quant au personnel, qui assure un service minimum, il ne reçoit plus le peu de son salaire garanti auparavant tant bien que mal par la direction. Pour survivre, les salariés comptent désormais sur la récolte des olives et de son huile ainsi que sur l’aide de parents résidant dans le pays ou à l’étranger.

 

Sur un autre plan, l’éparpillement qu’endurent les familles palestiniennes et la fermeture fréquente des points de passage obligent les patients à se rendre dans d’autres centres hospitaliers. Et inversement, des malades sont obligés de s’orienter vers le centre Abou Rayeh. C’est le cas des patients du Centre de la Princesse Basma pour la Promotion des Enfants Malades et des Déficients à Jérusalem qui ne peuvent plus se rendre dans cette ville faute d’autorisation.

 

Face à cette situation, le Centre a réduit rigoureusement ses dépenses jusqu’à ne pas faire fonctionner le chauffage malgré le début de l’hiver. Et si le Centre continue de fonctionner, c’est grâce à la volonté de relever les défis et à la solidarité sociale qui garantit médicaments et nourriture aux patients. C’est grâce aussi à l’indulgence des sociétés de services telles que les compagnies de téléphonie ou de l’électricité. Ces dernières ont maintenu leur prestation malgré les factures impayées.

 

Les responsables du centre d’Abou Raya cherchent à ouvrir des horizons en établissant des contacts avec des organisations internationales. A cet égard, ils ont soumis des projets aux Emirats Arabes Unis mais en vain. L’objectif de l’embargo est de tarir les ressources des institutions palestiniennes quelle que soit leur obédience. Ce qui engendre de graves répercussions sur le plan politique, social, médical et économique.

 

Vu les besoins pressants et malgré un service médical minimum, le centre Abou Raya craint de devoir fermer prochainement ses portes faute de pouvoir soigner les malades, de garantir les salaires du personnel ou de s’acquitter des charges. Son avenir est incertain. Il pourra peut-être tenir six mois encore, voire une année au maximum.

 

A la fin de notre visite, nous avons été informés du massacre perpétré à Beït Hanoun à Gaza. 18 civils en majorité des femmes et des enfants ont été tués. Immédiatement, une grève générale de trois jours a été décrétée en Cisjordanie en signe de deuil et en solidarité avec Gaza. La veille de notre visite, 18 engins militaires accompagnés d’une force spéciale ont envahi Ramallah et ont dressé des barrages sur la route qui mène au Centre. Elles ont également arrêté trois personnes empêchant le médecin permanent de rejoindre le lieu de son travail.

 

Hôpital Ar Razi à Jénine

 

Cet hôpital est administré par le Comité de la Zakat [l’aumône légale islamique] à travers le fond jordanien pour la Zakat, étant donné que tous les biens du Waqf [Les biens publics islamiques] appartenaient à la Jordanie. Le bâtiment a été financé grâce à un fond koweitien et saoudien. Sa construction a reçu l’aval du commandant israélien de la Cisjordanie qui s’est déchargé du coup d’une de ses responsabilités. L’Autorité palestinienne accéda au pouvoir en 1994 et n’a pu entrer en possession du Comité de la Zakat qu’à partir de 1997. Et même après, la réglementation jordanienne sur la Zakat sera appliquée. Aucune loi n’ayant été décrétée à ce sujet.

 

Entre 2000 et 2004, les Israéliens multiplient les visites au Comité de la Zakat pour connaître les sources de son financement. Puis, ils intensifient les questionnements sous prétexte de liens avec le Hamas. Le directeur financier du Comité a même été emprisonné. Il fut interrogé sur les origines de leur financement. Au bout de trois jours, il a été libéré au motif qu’un travailleur humanitaire ne peut-être jugé.

 

Quant aux ONG basées aux USA et qui étaient la principale source de la Zakat, elles furent fermées entre 2004 et 2005. De leur côté, les Palestiniens résidants derrière la ligne verte effectués beaucoup de dons aux orphelins et aux hôpitaux. Mais ce soutien n’est plus que de 10% quand Israël a décidé de l’interdire. Et depuis deux ans, aucune aide n’est parvenue de l’Arabie Saoudite qui fut un appui majeur pour les Comités de la Zakat.

 

Dans le Golfe arabique toujours, et au cours de ces deux dernières années, les partenaires du Comité de la Zakat que ce soit à Dubaï ou à Abou Dhabi n’accueillent plus les délégations envoyées par le Comité et refusent de leur envoyer des invitations. Même en Europe où la législation est plus souple, particulièrement en France et en Angleterre, des Etats, comme l’Allemagne, ont cédés face aux pressions. Résultat : ils ont fermé les organisations de soutien au Comité de la Zakat.

 

Par conséquent, à part les cas urgents où les patients sont exonérés de paiement, toutes les personnes admises au Centre Ar Razi doivent avancer les frais des soins quoique 90% d’entre elles bénéficient d’une couverture maladie à un taux de 20% à 40% selon leur situation sociale. C’est ce que nous a certifié un responsable financier du Comité de la Zakat contrairement aux plaintes de certaines personnes.

 

Par ailleurs, la Caisse de l’hôpital a dépensé 200 000 dollars ces deux derniers mois pour des patients sans ressources. Mais notre interlocuteur croit qu’il existe un problème de corruption et un manque de transparence dans certains services de quelques centres hospitaliers. Certes, le service médical subit une crise mais elle demeure gérable malgré tout, même s’il faut avouer que le secteur privé, a profité de cette crise au lieu de s’asphyxier. En plus, le nombre de fonctionnaire dans le secteur de la Santé ne connaît pas d’inflation comme c’est le cas dans les autres services de l’Autorité palestinienne.

 

 

L’Association Scientifique et Médicale

 

L’association a été créée en 1992, avec une autorisation israélienne, par des médecins de Jérusalem et de la Cisjordanie. Ils ont d’abord ouvert des cabinets médicaux, les premiers dans la zone de Qabalane situé dans le département de Naplouse. Le sérieux de cette association a incité des ONG arabes et internationales à collaborer avec elle, notamment dans les zones éloignées et défavorisées. C’est ainsi que de nombreux centres médicaux ont vu le jour.

 

La visite au Centre de Qabalane nous montre qu’il dispose d’un service de médecine générale, des urgences, d’un service de radiologie, d’un laboratoire, d’une pharmacie dentaire, de 7 à 10 spécialistes qui s’y relaient et d’une maternité prête à fonctionner. Dans ce centre hospitalier, comme dans d’autres, les dépenses sont couvertes par les visites médicales et la vente de médicaments même si leur prix reste symbolique. L’administration du Centre s’acquitte d’une partie des paiements en baissant les frais des soins en dehors de Qablane de 30 millions de dollars à 10 millions actuellement.

 

Le Centre de Mirya (à Dya), dans la région de Salfit, est l’un des centres que nous avons pu visiter grâce au responsable de communication de l’association que nous  remercions au passage. Les personnes qui en composent le conseil d’administration sont tous bénévoles. Le Centre possède un service de maternité équipé et prêt à fonctionner depuis plus d’une année. Or, il ne peut pas encore recevoir les patientes et le travail y est suspendu faute d’autorisation pourtant maintes fois demandée. C’est le cas aussi de l’ambulance du Centre qui, depuis deux ans, attend l’autorisation pour sa mise en service. Et si les comités de la Zakat relèvent, généralement, du ministère du Culte, cette association est du ressort du ministère de l’Intérieur.

 

Notre interlocuteur nous a assuré que cette association n’est affiliée ni au Hamas, ni à un autre mouvement. Malgré cela, ses activités sont mises à mal. Elle n’obtient pas l’autorisation pour ouvrir son nouveau service et subit de nombreuses enquêtes. Alors que depuis deux mois les ministères ne fonctionnent plus et que tout est suspendu, le personnel du Centre reçoit des messages le dissuadant de collaborer avec les nouveaux ministres.

 

En plus de cela, lors de l’arrivée du Hamas au pouvoir, il y a quelques mois, des organisations américaines ont stoppé la fourniture de médicaments. Cette situation, conjuguée à un nombre insuffisant d’employés, entre 7 et 9 seulement, et à de nombreuses restrictions n’a pas entravé le fonctionnement du Centre. Le personnel compte sur lui-même et assure les permanences.

 

Sur un autre plan, nous avons constaté que l’un des principaux problèmes à la marche normale des activités est l’intérêt partisan et politique. Il existe peu de perspectives en plus d’une tentative de main mise à des fins personnelles de telle manière que les intérêts personnels et politiques se mélangent. A titre d’exemple, il y a eu des plaintes contre le cabinet dentaire mobile qui couvre les  zones éloignées au motif qu’il gêne le travail des autres dentistes. On a découvert que c’est un praticien des syndicats de dentistes qui est derrière cette plainte et qui propose d’envoyer le cabinet dentaire mobile à d’autres endroits.

 

 

2- le secteur social

 

Le camp de réfugiés de Aïda

 

La délégation s’est rendue, par la suite, au camp de réfugiés de Aïda afin de visiter le Centre des Pionniers pour la Culture et le Théâtre pour Enfants qui oeuvre dans le domaine culturel. Nous allons le prendre pour exemple. Pour accéder au camp de Aïda, il a fallu franchir un barrage très complexe à travers le mur. Ce dernier n’existait pas encore lors de ma dernière venue qui remonte à trois ans. La construction du mur a commencé au nord du camp dès janvier 2002 après la longue incursion israélienne à Bethléem. Les fondations ont été creusées sur des terres palestiniennes et sur des terrains appartenant à l’Eglise arménienne.

 

Ce mur, qui a été érigé sous prétexte de protéger le cimetière de Rahil, a été achevé en 2005. Il ressemble à un serpent qui se faufile à travers les maisons et les sépare, qui engloutit encore plus de terres palestiniennes, qui détruit des milliers d’oliviers et qui élargit la superficie de la colonie de Jilo laquelle s’étend sur toute la partie nord du camp. Une trentaine de mètres séparent seulement le mur des habitations et d’une école pour filles à l’intérieur du camp isolant ce dernier d’un terrain de jeux pour enfants.

 

Le mur a un aspect particulièrement traumatisant. Une partie haute de huit mètres entoure les trois côtés d’une maison et frôle ses fenêtres. Sur le mur, on peut lire cette phrase en anglais : « Que la paix soit avec vous ! ». Un check point est dressé face à ceux qui rentrent à Bethléem. Ces derniers se plaignent de l’extrême difficulté pour le traverser. En effet, les soldats sur ce barrage décident, avec arrogance, de qui bénéficiera de la « grâce céleste » et de qui en sera exclu. Mais les soldats ne se contentent pas de cela. De temps à autre, ils envahissent la ville et son camp de réfugiés. Ils lancent des bombes lacrymogènes, persécutent cruellement les habitants et tire des balles en caoutchouc et parfois des balles réelles. Ce qui a causé la mort de nombreuses victimes, enfants et adultes. Certains d’entre eux se trouvaient à l’intérieur de leurs maisons.

 

Le camp de réfugiés de Aïda a été crée en 1948 après avoir expulsé la population de leurs villes et villages. Il compte aujourd’hui 4500 personnes originaires de 35 villages détruits par les milices sionistes. 66% des habitants du camp ont moins de 18 ans et 70% d’entre eux sont au chômage. Le camp ne dispose d’aucun jardin public, ni d’aucun espace de jeux pour enfants. Ceux-ci s’amusent donc dans les ruelles exiguës.

 

Notre délégation a été reçue par les jeunes femmes et hommes du Centre des Pionniers où nous sommes arrivés la nuit. On nous a informés que, la veille, les soldats israéliens ont envahi le camp à 1:00 du matin et ils ont arrêté 19 jeunes. Il semblerait que ces derniers ont rejoint les dizaines d’autres jeunes qui croupissent en prison. L’âge de 80% d’entre eux ne dépasse pas 18 ans, s’ils ne sont pas assassinés avant.

 

Créé en 1998, le Centre des Pionniers (Alrouwwad) focalise ses activités sur le camp des réfugiés même si elles couvrent toute la ville de Bethléem. Le Centre veut promouvoir les capacités des enfants, renforcer leur confiance en eux-mêmes, leur ouvrir des horizons nouveaux, et les intégrer dans la société à travers des activités telles que le théâtre, la danse, la musique, le dessin et d’autres activités artistiques. Le Centre s’intéresse aussi à son environnement et aux adultes. Ainsi, il leur octroie des aides, accorde des bourses aux étudiants pauvres, met à leur disposition des ordinateurs et une bibliothèque, leur enseigne la technologie informatique, les langues étrangères et leur dispense des formations en photographie, en montage de films, etc.

 

Le Centre soutient également d’autres catégories de la société notamment les femmes à travers des cours d’alphabétisation, des formations pédagogiques et psychologiques et leur assure des soins médicaux. Par ailleurs, le Centre vise la préservation des traditions locales et du patrimoine culturel à travers de nombreuses activités comme des ateliers de couture, de broderie des habits traditionnels, des ateliers de fabrication et de décoration de verre ou bien à travers des ateliers de cuisine dont les plats sont destinés à la vente. Le Centre travaille à promouvoir les compétences humaines et scientifiques de son personnel. En plus, il s’efforce d’employer 40% des chômeurs. L’année dernière, 4200 personnes ont bénéficié de ses activités. Il dispose aussi de beaucoup d’autres projets en perspective pour différentes catégories sociales.

 

Afin de réaliser ces objectifs, le Centre recherche constamment des donateurs et des investisseurs locaux et étrangers. Mais il se plaint à juste raison  du manque de soutien et de la situation politique qui pèse sur le fonctionnement de ce genre d’organisme. C’est pourquoi que le travail au Centre a été, dès le départ et jusqu’à aujourd’hui, basé sur le volontariat. D’autre part, il est soutenu dans ses activités par des bénévoles étrangers qui vendent les produits palestiniens et créent des activités qui génèrent de l’argent permettant ainsi d’acheter les produits de première nécessité.

 

En 2000, le Centre a loué un local de deux pièces. Mais au fil du temps, ses activités se sont étendues. Le besoin d’un local plus grand s’est fait sentir. Les responsables du Centre ont pu obtenir des aides internationales dont la moitié est venue de l’Allemagne afin de construire un nouveau bâtiment juxtaposé à l’ancien local. Or la construction du bâtiment n’est pas achevée. Ce qui a été construit ne peut encore fonctionnel. Il est évident que la réalisation du projet piétine faute de recevoir les fonds nécessaires particulièrement au cours de cette année. Signalons toutefois qu’une partie de ces fonds a été assurée grâce à la vente de produits palestiniens par les amis du Centre à l’étranger. Autre source de financement : la tournée culturelle organisée l’été dernier avec les enfants du camp de Aïda aux Etats-Unis, en France et en Belgique. Elle a permis de collecter une partie de l’argent manquant pour couvrir certaines dépenses.

 

Le Dr Abdelfatah Abou Sourour, directeur du Centre du camp de Aïda, l’un des 19 camps de la Cisjordanie, déclare que : « Dans ce Centre, nous sommes partis de rien, animés par le travail volontaire et sans compter sur les subventions. L’objectif escompté fut de permettre aux enfants de s’exprimer,  de résister pacifiquement à travers le théâtre,  l’art et de transmettre l’image réelle du Palestinien. Cette image diffère, bien sûr, de l’image typique véhiculée par les autres où le Palestinien ne semble maîtriser que le lancer des pierres ou les attentats. Or, les enfants, ici, sont comme tous les enfants dans le monde. Ils rêvent et désirent manifester leur humanité sous un beau jour » Et de poursuivre :   « Notre travail consiste à lever les obstacles devant nos enfants pour qu’ils soient les ambassadeurs de leur pays. Pour qu’ils révèlent la beauté de leur  culture et de leur  civilisation à travers le théâtre. A cet égard, nous avons organisé une tournée européenne pour présenter le spectacle des enfants. Ceux-ci ont réalisé ce que signifie vivre dans un monde libre et considérer l’autre comme un être humain égal à soi et vice-versa. Ils ont constaté que beaucoup de gens sympathisent avec la cause du peuple palestinien et soutiennent la résistance pacifique et non violente. Nous voulons construire pour nos enfants un avenir meilleur que leur présent basé sur l’humanisme et non sur les religions et les conflits confessionnels. En France, des organisations juives ont cherché à interdire nos spectacles mais nous avons intenté une action en justice et avons gagné le procès. Ce monde ne peut pas se transformer en une jungle et son avenir ne peut se bâtir sur un bain de sang ».

 

La région de Jénine

 

Le chemin menant à Jénine était difficile. La personne qui se dirige vers cette ville depuis Jérusalem doit changer de véhicule à Ramallah car les véhicules immatriculés à Jérusalem sont interdits en Cisjordanie. En plus, les routes empruntées par les voyageurs ne sont pas forcément praticables en tout temps. La distance séparant Jérusalem de Jénine est de cent et quelques kilomètres environ. Nous sommes un vendredi, jour de repos hebdomadaire, et la circulation est normalement fluide.

 

Or le voyage a duré quatre heures entre les deux villes. A Jénine, nous avons rencontré le président de la région qui nous a accueillis généreusement chez lui. Son invitation était la bienvenue d’autant plus qu’il n’y a aucun hôtel dans la ville. Il nous a présenté quelques données sur la région. Elle compte 330 000 habitants dont 30 000 d’entre eux ont été arrêtés. Elle a aussi perdu 520 martyrs depuis le début de l’Intifada dont 120 enfants. Parmi les blessés, 30% souffrent d’une infirmité. 

 

Aujourd’hui, la région dépend étroitement de l’aide internationale vu que son économie a été détruite de même que son infrastructure, y compris la destruction de 46 puits artésiens s’étendant sur 15 kms sous prétexte qu’ils se trouvent à proximité de la Jordanie. Nous avons également rencontré le directeur de l’hôpital public. Son établissement dispose de 123 lits vacants depuis deux mois à cause de la grève générale. Les patients sont donc orientés vers l’hôpital Ar Razi.

Nous nous sommes aussi entretenus avec les responsables des associations suivantes : l’Association de Secours et de Solidarité Familiale, l’Association pour la Formation et le Soutien au Non-voyant et l’Association des Amis des Malades. Par ailleurs, nous avons fait la connaissance du fondateur du Centre Oumnia pour les Jeunes.

 

L’Association pour la Formation et le Soutien au Non-voyant

 

C’est une association à but non lucratif créée en 1987. En raison des graves événements de l’époque, l’association n’a pu démarrer qu’en 1992. Dès lors, elle lança plusieurs activités dont la création de l’Ecole Elémentaire An Nour pour les Non-voyants. C’est l’unique école du genre dans tout le nord de la Palestine qui englobe les villes de Jénine, Naplouse, Tulkarem, Qalqilya et Salfit. L’Association gère le groupe scolaire et accueille des élèves non-voyants dès l’âge de quatre ans. Elle se charge de l’éducation propre à leur handicap de la maternelle jusqu’au brevet du collège afin qu’ils puissent intégrer l’école normale.

 

Le comité éducatif et administratif de l’école est composé de deux personnes non-voyantes. Elles appliquent le programme du ministère de l’Education et de l’Enseignement qui se base sur la méthode Braille. Les cours sont imprimés manuellement faute d’outils informatiques. L’association s’occupe des élèves même après le brevet lorsqu’ils rejoignent l’école publique. Elle leur procure des chambres en pensionnat et leur fournit les livres et le transport. Elle propose aussi des cours d’alphabétisation à des non-voyants adultes. 

 

L’association finance ces activités uniquement par l’intermédiaire des aides et des dons. D’autre part, elle recense  les personnes non-voyantes de toute la région. Elle soutient les étudiants non-voyants des universités en leur procurant des magnétophones, des lunettes et une couverture médicale pour les cas sociaux. Elle propose aussi des stages d’apprentissage de Braille pour les adultes en plus des formations en textile pour les jeunes filles non-voyantes. L’Association possède un pensionnat et une cantine dont profitent ses étudiants. Le comité administratif de l’Association bénéficie de la collaboration de la mairie de Jénine et du ministère de l’Education et de l’Enseignement. Celui-ci reçoit des aides de la Chambre de commerce, des organismes donateurs et de particuliers généreux. Malgré cela, elle se plaint du manque de moyens pour accomplir les missions qui lui incombent.

 

Le Centre de Jeunesse Oumnia

 

Le Centre de Jeunesse Oumnia a été créé il y a deux ans. Il a pour objectif de promouvoir la jeunesse et de l’aider à jouer pleinement son rôle. Ainsi, le Centre propose des cours d’alphabétisation et d’enrichissement des connaissances, organise des stages, des colloques et des conférences. Il a recourt à des moyens de communication,  ainsi qu’à des émissions de radio et de télévision. Par ailleurs, le Centre a mis sur pied des colonies de vacances pour les jeunes. Cependant, cette activité a été interrompue à cause du danger que représentent les incursions des forces d’occupation dans la zone de Jénine. Ce projet n’est qu’à ses débuts par manque de moyens. Il est pourtant prometteur s’il obtient le soutien et les relations nécessaires.

 

Le Théâtre pour Enfants dans le camp de réfugiés de Jénine

 

La Commission a visité le camp de réfugiés de Jénine et le Théâtre pour Enfants de ce camp. Le projet éducatif vise à aider les enfants à surmonter leur situation difficile. Nous avons rencontré Jouliano Markamis, le responsable du théâtre. Son père est Palestinien et sa mère est une pacifiste juive qui travaillait avec les Palestiniens. Jouliano était un acteur à Tel-Aviv. Mais après le décès de sa mère, il quitta son travail et s’installa à Jénine afin de vivre auprès des enfants palestiniens et de poursuivre le travail de sa mère dans le théâtre pour enfants.

 

Il enseigne l’art aux enfants pour les distraire notamment l’art dramatique et soutient aussi les habitants du camp. Il monte des projets économiques qui intègrent les femmes dans la vie sociale et il combat la violence dont sont victimes les enfants. La veille de notre arrivée, le camp a été le théâtre de saccage et de destruction en plus des opérations militaires à coups de bazooka. Généralement, les soldats israéliens pénètrent la nuit dans le camp. Ils sèment la terreur parmi les habitants et se livrent aussi bien à des rafles qu’à des brutalités.

 

En tant qu’Israélien, Jouliano ne peut pas accéder aux Territoires occupés. Pourtant, il partage son temps entre Tel-aviv, Haïfa et Jénine. Jouliano n’est guère optimiste quant à la situation actuelle. Il estime qu’en l’absence d’Etat et vu la corruption généralisée, les citoyens sont sous pression économique et politique. Ils redoutent l’avenir. Deux millions d’habitants, selon les dires de Jouliano, essaient de survivre par tous les moyens, y compris à travers le commerce des armes avec les soldats israéliens.

 

Naplouse et le centre Darna

 

La Délégation s’est rendue à Naplouse afin de visiter le Centre d’Assistance à l’Enfance Darna. Naplouse est une ville charmante qui se situe entre deux montagnes. Elle est entièrement cernée par les soldats israéliens. Les patrouilles y pénètrent chaque nuit. Ils interceptent les habitants et les fouillent arrêtant ceux qu’ils veulent, comme ils le veulent notamment à proximité du camp de réfugiés. Cette nuit-là, onze personnes ont été arrêtées parmi les habitants d’un camp proche du centre ville. Par la même occasion, nous avons visité l’université An Najah qui s’élève sur une colline surplombant la Cisjordanie. Cette université compte 16 000 étudiantes et étudiants. Nous avons constaté l’effort commun déployé pour garantir une vie digne pour la jeunesse.

 

Le Centre Darna est dirigé par un Marocain qui s’appelle Youcef Hajji. Il a été envoyé sur place par une ONG française. Comme tous les étrangers, il doit renouveler son visa de séjour tous les trois mois. Cette obligation a été imposée à partir de 2000. Aucune raison ne peut être invoquée pour la contourner, qu’elle soit de nature familiale ou professionnelle. Rappelons ici que depuis janvier 2006, une grande partie des travailleurs étrangers n’a pu obtenir le visa valable de un à cinq ans. Cette mesure entrave leur activité et celle des médecins, surtout au sein des ONG.

Avant notre visite, l’un de ces travailleurs a été incarcéré dans une maison d’arrêt à Tel-aviv pendant cinq jours avant qu’il ne soit autorisé à entrer à Israël. Par chance, nous n’avons rencontré aucun barrage sur notre route. Aucun soldat n’a remarqué que nos passeports ne nous permettent pas d’entrer en Cisjordanie. Ce qui nous aurait empêchés de poursuivre notre chemin.

 

Le travail de Youssef Hajji consiste à soutenir la jeunesse qui souffre de l’occupation. Il considère qu’il est non seulement solidaire avec la jeunesse, mais qu’il est aussi en accord avec son être, son humanité qui refuse de courber l’échine devant la loi de la jungle. Il affirme : « Les jeunes de Naplouse rêvent d’atteindre les 35 ans car avant cet âge, ils n’ont pas le droit de quitter la ville.  Ils ont également envoyé plus de cent demandes à la France pour qu’elle appuie des projets créateurs d’emploi. Quelques dizaines de demandes seulement ont été satisfaites. D’autres sujets n’ont pas obtenu toute l’aide nécessaire. Ce qui soulève des questions sur la réalité du soutien de la France aux Palestiniens ». Il ajoute : « La France, qui au lieu de jouer le rôle qui correspond le mieux à son image de pays défenseur des droits de l’Homme, accorde de nombreux avantages à Israël. Malgré cela et malgré sa situation critique, le peuple palestinien continue de résister et se refuse à demander la charité. Cette constatation contredit le propos selon lequel la France est un pays solidaire du peuple palestinien. Et nous avons eu écho de telles  réactions notamment au sein des organisations françaises de soutien au peuple palestinien. »

 

Ce sentiment s’est confirmé lorsque nous avons rencontré une haut fonctionnaire du Consulat de France à Jérusalem. Elle nous a fait comprendre de manière explicite ou implicite qu’elle ne peut accorder sa confiance à tous ceux qui sollicitent le soutien de la France et qu’elle préfère collaborer avec des parties précises ayant sa confiance. Elle n’a pas manqué évidemment d’exprimer sa compréhension et sa compassion vis-à-vis de la situation qu’endurent les Palestiniens.

 

Une autre lueur d’espoir à Taybeh

 

Une visite s’imposait au père Raed qui garde espoir malgré la situation difficile des ONG. Il a pu monter des projets de développement et de productivité. Ainsi, la population n’est plus tributaire des aides. Le père Raed reste optimiste quant à l’avenir. Taybeh est un village de 60 000 habitants. Seulement treize kilomètres le sépare de Ramallah. Pourtant, il nous a fallu une demi-heure pour effectuer ce trajet. Il faut parfois trois heures car Taybeh, à l’instar des villages et des contrées palestiniennes, est soumis au bon vouloir des responsables israéliens. La distance entre Taybeh et les autres villes s’allonge ou se réduit selon les décisions des soldats. Ils peuvent couper la route qui y mène ou bien arrêter les gens aux barrages. Ils les obligent ensuite de prendre des routes annexes et sinueuses pour regagner leur destination à supposer qu’ils arrivent.

 

Le père Raed est arrivé au village il y a quatre ans alors qu’il était secrétaire du Patriarche Mgr Michel Sabah. Il avait présenté une thèse de doctorat sur la résistance pacifique. Il soutient que les Palestiniens sont les plus forts quand ils lancent les pierres ou brandissent une branche d’olivier et non pas quant ils utilisent les armes. Pour le père Raed, c’est l’occupation et la brutalité israélienne qui sont les vrais responsables des violences dans les Territoires occupés ainsi que l’apartheid, les colonies, les barrages et les agressions. A tel point qu’il n’y a plus de place pour deux Etats et deux peuples mais seulement pour un seul Etat qui englobe tout le monde et dont la capitale est Jérusalem.

 

Le Père Raed soutient la création d’un Etat palestinien démocratique et laïc non basé sur la religion, même si Israël n’acceptera pas cet Etat. En effet, Israël est née sur l’idée de rassembler uniquement tous les Juifs du monde et craint, par conséquent, la croissance démographique des Palestiniens. C’est pourquoi, le père Raed considère que l’un de ses objectifs est d’inculquer la culture de la paix, même si cela ne se réalisera qu’après plusieurs générations. Il ne reste plus que 100 000 chrétiens en Terre sainte contre 400 000 auparavant. 60 000 d’entre eux sont répartis dans toute la région : la bande de Gaza, Jérusalem et la Cisjordanie. Taybeh est le seul village entièrement chrétien. Le Père Raed ne redoute pas que les habitants s’expatrient tous comme le véhicule parfois la rumeur.

 

Le Père Raed refuse de quémander l’aide de qui que ce soit.  Il a donc adopté quatre directives distinctes afin de développer ses activités :

 

1- Le développement économique à travers la vente de l’huile d’olive et la recherche de marchés internationaux afin d’écouler la marchandise. Ceci favorise la plantation d’arbres et le retour au travail de la terre. Il permet aussi aux habitants de payer les frais de scolarisations des enfants et de vivre dignement. Le village dispose d’une huilerie qui exporte annuellement 150 tonnes d’huile d’olive extraite de 30 000 oliviers à Taybeh. Le Père Raed vend d’autres produits comme la bougie de la paix et son huile que des églises dans le monde se procurent afin de soutenir le message de paix. On trouve aussi le couscous palestinien (Al maftoul), des cosmétiques confectionnés à Taybeh même à travers des matières extraites de la mer morte toute proche, ainsi que des cosmétiques à base d’huile d’olive de Palestine et de  miel que le père Raed importe du Nicaragua.

 

2- L’action humanitaire afin de répondre aux besoins des villageois à travers un dispensaire où la consultation coûte moins d’un euro. Le dispensaire accueille également les femmes enceintes surtout après que 86 d’entre elles ont dû accoucher aux check-points parce qu’on les a empêché de se rendre à l’hôpital. 23 autres femmes sont mortes durant les cinq années de l’Intifada. Le père Raed a aussi ouvert une maison pour les retraités et les handicapés. Trois ans de fabrication et de ventes de différents produits ont rendu possible cette auto-suffisance matérielle qui alimente les œuvres de bienfaisance et couvre leur dépense sans dépendre de financement étranger.

 

3- Prodiguer aux enfants entre 5 et 15 ans une éducation basée sur la paix et leur apprendre la musique, des chansons qu’ils transmettront à travers les concerts donnés à l’étranger. Ceci conduit le père Raed à travailler d’arrache-pied afin de construire un centre pour la paix dans les années à venir.

 

 

Observations et impressions

 

Ce qui a attiré notre attention dans plusieurs endroits, et en particulier à Naplouse, ce sont des voitures qui ne s’arrêtent pas aux feux rouges abîmés et qui n’ont pas de numéros d’immatriculation. On nous a dit que ce sont des voitures volées en Israël. A ce sujet, nous nous interrogeons sur l’intérêt des organes de surveillance et sur la nécessité d’établir des barrages ou de construire le mur. Ceci prouve aussi que la corruption est monnaie courante sur les passages. Les accords d’Oslo ont classé Naplouse, comme la ville de Jénine, dans la zone A. Ce qui signifie qu’elle est du ressort de l’Autorité palestinienne. Cela ne se ressent pourtant pas dans la vie quotidienne vu la forte présence des forces d’occupation. Par conséquent, la présence des forces de sécurité palestinienne pendant la journée dans la ville n’a pas de sens. Et pendant la nuit, les patrouilles israéliennes sèment la terreur et obligent les habitants à s’enfermer très tôt chez eux pour ne pas les croiser sur leur route.

 

Dans la ville de Naplouse, comme dans d’autres endroits, les colons et les Palestiniens vivent côte à côte sans jamais se mélanger. Les habitations des colons et les routes qu’ils fréquentent sont très bien entretenues. En plus, les colons sont très protégés comme s’ils étaient la population autochtone alors que plusieurs d’entre eux ne connaissent cette terre que depuis peu. A titre d’exemple, Bethléem est distante de Jérusalem de 7 kilomètres seulement. Or en quittant cette ville, un vendredi, vers Jérusalem, nous nous sommes heurtés à un barrage de contrôle à proximité d’une muraille.

 

Les soldats présents au barrage ont reçu, dès le matin, des instructions interdisant l’accès à Jérusalem pour tous les hommes non munis de laissez-passer. Apparemment, on craint des affrontements avec les Palestiniens au niveau de la mosquée d’Al Aqsa. A cause de ce dispositif, nous avons dû nous séparer de notre ami palestinien. Ce dernier  nous a accompagnés jusqu’à Al Qods.  Il devait passer le week-end auprès de son épouse et de ses enfants qui résident dans cette ville.  (Pour ne perdre pas le droit de résidence à cause de la politique de judaïsation que subit Jérusalem). Il est resté bloqué au barrage en attendant que les Israéliens reçoivent des instructions moins sévères et moins intransigeantes.

 

La veille, il y a eu une manifestation de solidarité avec les victimes innocentes de Beït Hanoun. Aujourd’hui, les écolières de Jérusalem-Est ont organisé une manifestation partie du côté de la mosquée d’Al Aqsa. Mais la police a dispersé et a arrêté violemment cette manifestation en usant d’armes, de bombes lacrymogènes et en portant des coups aux manifestantes. Cela a fait plusieurs victimes qui ont été transportées à l’hôpital car elles souffraient de brûlures, de blessures, de contusions, et de l’impact des bombes sonores. 28 autres filles ont été arrêtées.

 

Ces nouveaux incidents et le respect de la consigne de grève ont empêché notre rencontre prévue avec le comité de la Zakat à Jérusalem. Par la suite, nous avons décidé de nous arrêter à la mosquée Al Aqsa après avoir longé le mur des Lamentations et traversé les barrages informatisés des soldats israéliens. Mais on nous a empêchés suite à la fermeture de la zone. Lorsque nous avons demandé à un soldat israélien les motifs de cette décision, il nous a répondu : « Ces animaux ont provoqué des problèmes ». Il désignait ainsi les jeunes filles grévistes…

 

Les soldats israéliens que nous voyons sur les barrages sont généralement très jeunes et manquent d’expérience. Ils ont peur de l’autre qu’ils considèrent comme un terroriste ou un sympathisant de terroriste. Ils ont conscience du pouvoir qu’on leur confère et agissent en conséquence comme ils le veulent, de manière brutale et arrogante. Cela se traduit dans leur attitude envers l’autre. Souvent, ils se réjouissent de voir les Palestiniens opprimés et incapables de riposter aux humiliations de peur d’être punis sévèrement. Pour eux, un Palestinien n’a pas à élever la voix, à s’opposer à eux ou à se défendre contre leur humiliation.

 

Il est rare que le système sanctionne les soldats israéliens contre la violation des droits des Palestiniens. Ce qui leur donne le sentiment de pouvoir agir comme bon leur semble. Plus encore, le système encourage de différentes manières les soldats à enfreindre ces droits. Soit à travers des ordres directs ou à travers la manipulation. Ainsi, on présente aux soldats des exemples de violations du Droit international par Israël en se moquant de la Communauté internationale. On leur explique aussi comment Israël exploite l’ONU  pour arriver à ses fins etc.

 

Nul n’ignore que ceux qui commettent des actes violents n’empruntent jamais les barrages gardés par les soldats israéliens. Tout le monde sait que ces barrages servent plutôt à perturber la circulation des Palestiniens au sein de leur propre pays et à maintenir les routes à l’usage exclusif des colons. Les barrages servent aussi à rendre invivable l’existence des Palestiniens afin de les pousser à chercher asile dans un autre pays qui accepterait bien de les accueillir. Enfin, les barrages découragent les étrangers qui souhaitent s’informer de près de la situation des Palestiniens. Israël craint que ces étrangers sympathisent avec les Palestiniens et véhiculent l’image réelle de leur condition de vie.

 

Conclusions

 

Un bien sombre tableau se dessine après cette présentation des ONG palestiniennes oeuvrant dans le domaine médical et social. Surtout que les problématiques se sont accentuées à défaut d’une action efficace et que la société compte énormément sur les ONG pour répondre à ses besoins. A côté de cela, le domaine de la bienfaisance manque de personnel dont une grande partie doit se munir d’un laissez-passer pour pouvoir entrer à Jérusalem. En effet, si le personnel médical par exemple est d’origine étrangère ou réside en dehors de Jérusalem, il lui est interdit d’accéder à cette ville.

 

Quant aux établissements gouvernementaux, ils  souffrent d’énormes difficultés. D’une part, ils ne peuvent pas rémunérer le personnel et d‘autre part, le versement des fonds étrangers qui s’élèvent à plus de 5 000 dollars exige un contrôle étroit. Les solutions envisagées pour résoudre ces problèmes sont par exemple la réduction du nombre de fonctionnaires, la réglementation des dépenses et de l’autonomie locale ainsi que la mise en avant des qualités de professionnalisme et d’efficacité.

 

Beaucoup de fonctionnaires comptent sur d’autres sources de revenu comme l’aide de leurs proches, le revenu des récoltes etc. Ce qui pousse certains à s’interroger sur la légalité des grèves si les véritables motivations ne sont pas essentiellement politiques. Si les Palestiniens étaient assez solidaires entre eux, il n’y aurait pas eu de manifestations, ni ces énormes problèmes qui empoisonnent leur vie, et qui viennent se rajouter à l’oppression que leur fait subir l’occupant. A cet égard, les autorités israéliennes et l’Administration américaine entretiennent la discorde entre les différentes parties palestiniennes et, en particulier entre certaines factions du Fatah et le gouvernement du Hamas dans l’espoir de déclencher une guerre civile.

 

Tout a été fait pour désunir les Palestiniens, pour les détourner de la résistance et pour empêcher l’aide financière de leur parvenir, ce qui a entraîné une augmentation des cas humanitaires. En particulier, au cours des huit derniers mois pendant lesquels les points de passage ont été fermés. L’activité des ONG a été paralysée et les services sociaux ont stoppé leurs aides. Les institutions ne recevaient plus d’appui. C’est ainsi que les 165 000  fonctionnaires de Gaza et de Cisjordanie ne percevaient plus les salaires qui faisaient vivre un million et demi d’habitants.

 

Les ONG ne peuvent plus compter sur leur relation internationale pour couvrir leur besoin, ni pour assurer le soutien et le financement indispensable, en premier lieu, pour les catégories vulnérables qui souffrent le plus de cette situation à savoir les femmes et les enfants. La baisse des financements a limité l’action caritative à certains secteurs. Par ailleurs, une partie d’un budget spécifique a été consacré à la formation du personnel dont les compétences n’ont pas été suffisamment exploitées sur le terrain. Sachant que c’est Ramallah qui profite le plus de ce budget au dépend des autres régions et des ONG situées dans le nord du pays. (Comme l’ont souligné les ONG du nord de la Cisjordanie).

 

Les fonds confisqués par Israël suffisent pour payer la majorité des salaires des fonctionnaires. Quant aux fonds venant de l’étranger, et en particulier depuis les pays arabes, même si on se décide à les envoyer, ils n’arriveront pas à destination. D’abord, les banques palestiniennes n’ont pas le droit d’émettre de chèques, ensuite l’argent ne peut plus être dissimulé dans les bagages qui passent à travers la frontière jordanienne à cause de l’utilisation des scanners dans les douanes de ce pays. Il est évident qu’on redoute l’envoi des aides dans les Territoires occupés. Il est même arrivé que des délégations qui se sont rendues dans des pays arabes pour chercher de l’aide se sont vu rétorquer : « Ne dites pas que vous êtes venus nous voir !».

 

 

 

Sous la pression américaine, les gouvernements arabes ont interrompu leurs aides aux Palestiniens sous prétexte d’arrêter de soutenir le terrorisme. Ces mêmes gouvernements ne rechignent pourtant pas à commercialiser les produits des entreprises qui transfèrent une partie de leurs gains colossaux à Israël.

 

Si les pays arabes frères agissent de la sorte, comment peut-on reprocher aux pays occidentaux de céder devant le chantage américain ? Comment peut-on reprocher aux dirigeants occidentaux de servir leurs propres intérêts et d’arrêter de soutenir les Palestiniens ? De leur côté, les Arabes israéliens qui soutenaient leurs frères dans les Territoires occupés accèdent difficilement à la Cisjordanie. Depuis 2004, ils doivent se soumettre à une fouille très stricte. Quant au mur de l’apartheid, il provoque une grave asphyxie.

 

En plus de cela, Israël a fait appel à 100 000 travailleurs étrangers pour remplacer les travailleurs palestiniens.  Ceux-ci ont vu leurs chances de trouver un emploi se réduire. En effet, seulement 23 000 Palestiniens reçoivent un permis de travail. C'est-à-dire qu’il y a 66 000 travailleurs au chômage. Ce qui augmente le pourcentage de personnes vivant sous le seuil de pauvreté à 72% environ. Par ailleurs 20% des capitaux sont partis à l’étranger et certains entreprises ont choisi de se délocaliser à Ramallah où la circulation est partiellement convenable ( Naplouse, à titre d’exemple, comptait 52 savonneries, il n’en reste que trois aujourd’hui car les pays arabes ont arrêté d’importer ce produit. )

 

Cette année fut la plus dure pour les Palestiniens à tous les niveaux et en particulier pour les Gazaouis. Effectivement, la bande de Gaza est asphyxiée. Elle subit une situation économique et sociale catastrophique, immensément injuste. On n’évoquera pas la bande de Gaza dans ce rapport. Nous n’avons pas pu y envoyer une délégation spéciale d’observation. Et cela pour plusieurs raisons : d’abord, l’évaluation des nouveaux événements nécessite beaucoup de temps. Ensuite, les conditions de passage aux check-points se sont durcies. Il est nécessaire d’obtenir au préalable une autorisation notamment après l’accord sur les check-points conclu depuis un an. Cet accord a eu un effet désastreux sur la libre circulation et le commerce au lieu d’améliorer les conditions de vie, de promouvoir une économie pacifique et de faciliter la circulation des marchandises alimentaires et médicales en particulier.

 

Par conséquence, la situation humanitaire et les conditions de vie se sont détériorées. Le taux de pauvreté a considérablement augmenté aussi bien dans la bande de Gaza qu’en Cisjordanie. Quant aux droits de l’homme, ils sont tous bafoués que se soit le droit au développement, à l’éducation, aux soins et à l’alimentation. Toute la population subit cette situation tragique principalement les enfants qui souffrent de sous-alimentation et de maladies chroniques.

 

48 000 Palestiniens se sont expatriés de la Cisjordanie ces huit derniers mois et 11 000 faux visas ont été saisis par l’Union européenne. Cela signifie, sans aucun doute, que les Palestiniens partent à l’étranger à la recherche d’une solution à leurs problèmes surtout qu’ils ont aujourd’hui la possibilité d’émigrer vers les USA, le Canada, la Suède ou l’Australie. Nous avons rencontré des personnes qui pensent que les Palestiniens n’ont qu’une alternative : être éliminé physiquement par les Israéliens ou s’exiler à l’étranger et cela malgré tous les sacrifices, les concessions et les accords auxquels ils consentiront.

 

Nous avons été informés aussi que 50 000 Palestiniens ont effectué des demandes d’expatriation auprès des ambassades occidentales et que l’ambassade des USA a accepté la demande de 10 000 Palestiniens diplômés. (Sur dix millions environ de Palestiniens, 5 millions vivent à l’intérieur des Territoires dont 1,5 dans des camps de réfugiés. Hors de la Palestine, trois millions résident en Jordanie. Une diaspora estimée à un million vit en Syrie, au Liban et en Irak. Un demi-million dans les autres pays arabes et un demi-million dans le reste du monde.)

 

Aujourd’hui les autorités palestiniennes s’enfoncent dans des conflits intestinaux et des combats fratricides, au lieu de résister à l’occupation et d’assurer les moyens de subsistance aux citoyens. Les réfugiés palestiniens continuent de s’exiler pour fuir cette situation. Ils s‘installent durablement à l’étranger et obtiennent d’autres nationalités. Ces binationaux ne peuvent malheureusement pas retourner dans leur pays sauf en tant que touristes, à supposer que l’occupant permette leur retour. Dans ce cas, ils doivent repartir tous les trois mois et renouveler leur demande de résidence si toutefois on la leur accorde.

 

Certains considèrent que cet état de fait est l’œuvre directe d’Israël qui poursuit autrement sa politique de transfert des Palestiniens en dehors de leur terre.  Le chemin de l’exode est ainsi facilité pour ceux qui souhaitent ou qui savent l’emprunter. Cette situation conjuguée avec d’autres problèmes fait que les ONG sont les premières à répondre aux besoins des citoyens de manière encore plus efficace que les institutions gouvernementales. Même si l’efficacité et l’impact de certaines ONG laissent à désirer et toutes ne relèvent pas les défis réels auxquels sont confrontés les citoyens.

 

Parmi ces problèmes, citons le recul du rôle des partis politiques, l’absence d’un programme politique d’action commune, l’appel à des positions extrémistes, la multiplication des cas de corruption ainsi que les fastes d’une minorité au pouvoir devenue rapidement très riche. Parallèlement, les taux de pauvreté et de chômage n’ont cessé d’augmenter et l’économie palestinienne dépend en grande partie de l’économie israélienne. D’autres difficultés persistent aussi telles qu’une vision restreinte de l’avenir, l’improvisation, les réactions contre les décisions prises au lieu d’élaborer des plans stratégiques communs à toutes les parties et d’élaborer une vraie politique de développement.

 

Au départ, les ONG se distinguaient par le volontariat et l’esprit de sacrifice car elles étaient constituées essentiellement de militants. Mais peu à peu, les ONG se sont professionnalisées en embauchant des techniciens spécialisés dans les langues, l’informatique, les relations publiques, etc. A ce sujet, il a été reproché aux ONG de se soumettre à une logique et à un programme de travail imposé par l’étranger afin de s’aligner sur les visées des donateurs. On a critiqué également leur manque d’efficacité sur le plan de la qualité des services dispensés, la participation à la vie sociale et la compréhension de l’équité. Certains reprochent même à la majorité des ONG, pour ne pas dire la totalité afin d’éviter l’amalgame, de ne pas influencer les politiques générales, de ne pas chercher à modifier sérieusement les manières d’agir et la mentalité dominante.

 

Les ONG proposeraient des services ne répondant pas, en général, aux vrais besoins élémentaires des catégories concernées. Pourtant, ces dernières ont élargi leurs marges de participation et ont su limiter l’hégémonie des autorités sur la société. Elles ont proposé des solutions aux problèmes sociaux et de développement grâce à leurs expériences internationales. Ceci est d’autant plus vrai quand ces ONG sont attentives aux besoins de la population et qu’elles sont animées par le seul intérêt général et non par le gain et le pouvoir. Même si certaines ONG ont modifié leurs objectifs au gré des intérêts personnels et ont convoité le pouvoir tant politique qu’économique.

 

En revanche parmi les gens que nous avons rencontrés, il y a ceux qui espèrent que la situation se débloque grâce à l’action d’un gouvernement compétent et à des compromis indispensables afin d’éloigner le spectre d’une guerre civile. L’absence de la Banque centrale entrave le processus de développement. Néanmoins, il est possible de promouvoir l’économie grâce à l’achat des actions au lieu de puiser l’argent des dons. Ce qui permet de ne plus recourir à l’aide internationale. Sachant que la levée progressive du blocus de la part d’un pays arabe est une bonne initiative quoique tardive.

 

Les personnes rencontrées attirent également l’attention sur le fait que les opérations commerciales ont augmenté lors de la saison des récoltes des olives engendrant ainsi une croissance économique. Sans oublier que si les 400 millions de dollars retenus par Israël sont récupérés, ils permettront d’enrayer la moitié de la crise économique. Comment les personnes optimistes peuvent-elles croire à une solution proche ? Les dirigeants étrangers ne distribuent leurs dollars qu’à ceux qui exécutent leurs directives et dans le but de conforter des parties au dépend d’autres. Ils utilisent leurs dons afin de diviser pour mieux régner et pour attiser la haine et les rancunes.

 

Examen rétrospectif des récents événements

 

Personne n’ignore le vrai problème dont souffrent les Palestiniens. Le Quartet a exigé la tenue des élections dans les Territoires autonomes palestiniens. Ayant obtenu la majorité des voix, le Hamas a pu former un gouvernement. Cela n’était pas du goût des USA et de l’Occident qui ont refusé de reconnaître la légitimité de ce gouvernement tant que celui-ci ne reconnaît pas l’existence de l’Etat d’Israël. De son côté, le Hamas a fait fi de ces exigences qui le dénaturent et qui contredisent le programme électoral qu’il a amené au pouvoir. Les USA ont saisi ce prétexte pour imposer des sanctions économiques contre ce gouvernement et, par extension, contre le peuple palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

 

Par ailleurs, les Etats-Unis ont discuté avec le président de l’Autorité palestinienne et l’ont obligé à prendre des mesures contre son propre gouvernement. Ils ont aussi contraint les parties solidaires avec le peuple palestinien, en particulier, les bailleurs de fonds tels que les pays arabes. Ceux-ci furent obligés de bloquer leurs aides et d’interdire les transferts d’argent sous prétexte de tarir les sources de soutien au terrorisme. Enfin, les USA ont durci le siège autour du gouvernement du Hamas. Ils ont essayé de le faire tomber par tous les moyens, même en affamant le peuple palestinien. Washington ne rate aucune occasion pour renforcer ce siège.

 

Récemment, les USA n’ont pas accepté, par exemple, l’engagement du Qatar de verser le salaire des fonctionnaires de deux ministères palestiniens. Ils ont aussi justifié toutes les agressions d’Israël contre le peuple palestinien, y compris le refus de remettre à l’Autorité palestinienne les revenus des taxes. De peur d’être sanctionnées, les banques étrangères et régionales refusent, en toute illégalité, de collaborer avec le gouvernement palestinien et de verser les salaires des fonctionnaires.

 

D’autre part, 700 millions de dollars ont été détournés vers l’étranger. L’information a été divulguée par un député palestinien et a été reprise par les médias. Cette situation s’ajoute à l’état de siège injuste et à la guerre menée par Israël contre tous les aspects de la vie palestinienne : assassinats, arrestations, tuerie, expulsions, destruction des maisons,  arrachage des arbres, confiscation des terres  et construction des colonies.

 

Il est normal que le gel des sources de revenu provoque un sentiment d’asphyxie. Mais certaines parties palestiniennes ont cru nécessaire de reprocher au gouvernement d’en être la cause. Ils ont négligé que le fait de dresser les différentes parties les unes contre les autres sert essentiellement les intérêts d’Israël. Cette entité trouve, à chaque phase, les failles et les arguments adéquats afin de mettre à mal la société palestinienne. Son objectif est d’élargir ces failles afin de disloquer la société, de déclencher les tensions entre les différents groupes de pensée, de mettre fin à la résistance et d’imposer ses exigences.

 

C’est dans ce contexte que débute la grève pour réclamer le versement des salaires. Cette grève, qui dure depuis de longs mois, perturbe considérablement les secteurs de la Santé et de l’Education. Cela a entraîné des tensions et a nui fortement aux relations entre les groupes liés à une partie ou l’autre au pouvoir. La grève est générale car la majorité des fonctionnaires de l’Autorité palestinienne font partie du Fatah. Les organes de sécurité ont créé, quant à eux, le comité de soutien à la grève. Ainsi, toutes les factions de l’OLP soutiennent le président de l’Autorité contre le gouvernement du Hamas.

 

Après que 300 intellectuels et politiciens ont demandé au Hamas de démissionner et de céder la place à un gouvernement indépendant, de longs pourparlers ont été engagés pour nommer un gouvernement d’union nationale. Mais le Hamas a refusé afin d’éviter tout reproche par la suite. Alors que nous achevons notre rapport, les pourparlers ont été interrompus. Les accusations mutuelles, la guerre des communiqués et des déclarations se sont intensifiées. Un climat de tension qui intervient après une période de calme relatif consécutive à la baisse des attaques israéliennes.  Celles-ci ont diminué suite à l’accord sur la trêve et aux entretiens entre le président de l’Autorité et le gouvernement.

 

La crainte d’une guerre civile est palpable dans un pays qui n’a jamais connu de conflits communautaires et où il n’y a ni nationalisme, ni école dogmatique. Mais ce pays compte plutôt des éléments influents inquiets pour leurs intérêts et qui sont proches des forces locales, régionales et internationales. Ces forces ont tout à gagner à interrompre les négociations, à faire exploser la situation intérieure et à l’entraîner vers l’inconnu. De nouveau, nous entendons des déclarations enflammées et des accusations de traîtrise qui conduisent, de différentes manières, vers une nouvelle impasse.

Le cœur du problème est apparemment un programme politique qui ne fait pas l’unanimité. Rien n’a pu remédier à cela, pas même la création du Comité des Six pour dégager un plan de route. On est également conscient que les derniers événements servent les intérêts de l’ennemi et menacent les Palestiniens eux-mêmes à cause des combats fratricides. Ce fut le cas lorsque le cortège de M. Ismaïl Haniyé a essuyé des tirs directs et prémédités dès sa sortie du passage frontalier de Rafah. Le premier Ministre palestinien rentrait d’une tournée dans les pays arabes et musulmans au cours de laquelle il a obtenu des aides financières.

 

De leurs côtés, les autorités d’occupation ont voulu faire obstacle à la venue du premier Ministre, alors qu’elles n’ont rien proposé d’important aux Palestiniens et poursuivent la colonisation de la Cisjordanie. Quant aux quelques dizaines de millions de dollars, ils serviront à renforcer les forces de sécurité fidèles à la présidence palestinienne. Pourtant, il est interdit au premier Ministre palestinien de faire rentrer l’argent collecté au cours de sa tournée prétextant que cet argent sert le Hamas.

 

Le premier Ministre palestinien a rapporté 35 millions de dollars au terme de sa tournée de deux semaines dans certains pays arabes et musulmans. Mais pour pouvoir rentrer à Gaza, il a été obligé de confier cette somme à quelques uns de ses assistants pour la déposer en banque. Néanmoins, selon certains observateurs sur le passage de Rafah, le gouvernement du Hamas a réussi, au cours de l’année 2006, à faire passer environ 80 millions de dollars. Le gouvernement assure que cet argent a servi à payer les fonctionnaires et à répondre aux besoins essentiels du peuple palestinien. Pour sa part, Israël affirme qu’il a servi à financer les combattants du Hamas.

 

Certains pays arabes comme l’Egypte, l’Arabie Saoudite et la Jordanie sont proches de la coalition que forment les USA, l’Europe et Israël. Ils exécutent les ordres sans discussion.  Leur attitude éloigne tout espoir de solution dans un futur proche. Ainsi, la porte-parole des observateurs européens - chargés de surveiller le passage frontalier de Rafah- a déclaré que le Dr Saïb Erekat a informé le comité de coordination sur ce passage que le président Hosni Moubarak s’est engagé devant le président Abou Mazen à empêcher le transfert d’argent de l’Egypte au profit du gouvernement du Hamas. Rappelons que ce comité est composé d’Européens, d’Egyptiens et d’Israéliens.

 

Le Caire interdirait également aux responsables du gouvernement du Hamas d’utiliser la frontière égyptienne pour faire entrer de l’argent dans les Territoires palestiniens. Les observateurs concluent que le gouvernement du Hamas aurait recours à des personnes, non connues pour leur appartenance au mouvement, pour le transport de l’argent. Il faut savoir qu’Israël oblige tous les citoyens qui empruntent le passage de Rafah à déclarer les sommes d’argent supérieures à 80 000 shekels. 

 

Evidemment, le Hamas a attribué  la responsabilité de l’incident sur le passage de Rafah à la sécurité présidentielle de Mahmoud Abbas. Ce que celle-ci dément aussitôt. Mais le lendemain, le président appela, à l’issue d’un long discours et sans consultation préalable, à des élections présidentielles et législatives anticipées. Cela a provoqué une multitude de réactions dont certaines furent très vives. Les crispations entre les deux parties, les provocations et la mobilisation ont atteint un niveau dangereux. Alors que ces parties auraient dû, au nom de l’intérêt du peuple palestinien, mettre fin à l’insécurité, arrêter de terroriser le peuple et de détruire ses forces. Elles auraient dû aussi circonscrire les événements, bannir la mentalité et la logique du sectarisme, des accusations de traîtrise. Il était plus judicieux de retirer tous les hommes armés des rues, arrêter les accusations mutuelles, trouver des points d’accord autour des principes palestiniens, diriger ensemble la bataille de l’indépendance et agir en faveur de la création d’un Etat palestinien et du retour des réfugiés.

 

Autrement dit, il aurait fallu former un gouvernement d’union nationale qui soit à même d’arrêter la dégradation de la situation dont les répercussions sur la société palestinienne sont néfastes. En effet, cette situation engendre l’appauvrissement et l’exclusion. Elle menace sérieusement la sécurité des citoyens. Seul l’Etat usurpateur et les USA qui le soutiennent en tirent profit. Au milieu de ces évènements, les appels émanant de la diaspora palestinienne se sont multipliés en faveur de la création d’un comité qui organisera une conférence populaire. On avait compris qu’il y a peu de chance pour qu’un gouvernement d’union nationale soit formé autour des principes palestiniens. Et l’on craignait que le droit de retour et la ville de Jérusalem soient abandonnés.

 

Visiblement, les provocations ne font que s’amplifier dans ce climat d’animosité, de désordre politique, d’insécurité et de recours aux armes. On a remarqué qu’à chaque fois  le calme est perturbé par des événements aggravant encore plus la situation tels que des assassinats dans ce camp ou bien dans l’autre. Certains accusent les Israéliens arabophones et les collaborateurs d’attiser le feu dès que le calme règne. La tension constante entre les mouvements du Fatah et du Hamas provoque encore des morts et des blessés malgré le repli des hommes armés des rues suite à un accord entre les deux parties.

 

A cause de la théorie du « chaos constructif » appliqué par Washington pour dominer les pays arabes, aucun accord de trêve ne durera en Palestine. Surtout que l’adversité entre les deux parties du conflit interpalestinien dépasse la volonté de s’emparer du pouvoir au sein d’une autorité sans souveraineté et incapable de prendre librement des décisions. En vérité l’opposition se situe entre deux choix stratégiques fondamentaux : d’une part, l’option de la résistance à travers les moyens admis par les lois internationales, y compris la lutte armée. D’autre part, le choix de se soumettre à la vision et aux conditions de ce qu’on appelle la Communauté internationale ainsi qu’aux exigences du Quartet.

 

Ce qui laisse à penser que la situation - déjà critique - continuera de se dégrader. Sauf si des parties nationales palestiniennes, attachées aux revendications légitimes du peuple et des instances arabes influentes, déploient tous leurs efforts, toute leur capacité de persuasions pour colmater les brèches entre les membres d’un même peuple. Surtout si ces parties se rappellent de l’échec des politiques iniques menées en Irak, au Liban et en Palestine. Sans oublier la situation internationale et régionale qui permet une évolution significative et qui tire profit des modifications manifestes sur la scène américaine, israélienne et européenne.

 

Aujourd’hui, nous sommes face à un marchandage immoral qui oppose les conditions de l’occupant à l’accès à la nourriture pour l’occupé. Ce marchandage est une ligne politique adoptée par l’occupant. La Communauté internationale la rejetait précédemment ou s’abstenait de prendre partie. L’Occident, c’est à dire l’Administration américaine et la Commission européenne, soutient aujourd’hui cette politique d’extrême droite conduite  par le gouvernement israélien.

 

Une politique qui détruit les infrastructures de la société civile palestinienne et qui minent les capacités d’affronter le blocus total tant au niveau financier, économique, humain que du développement. Israël souhaite réduire les Territoires occupés palestiniens en une société dépendante de l’aide étrangère. Des parties internationales contribuent à cette politique car elles croient que la dépendance économique et existentielle du peuple palestinien l’oblige à accepter toutes les conditions qu’on lui impose. A cet égard, la délégation recommande ce qui suit.

 

Les recommandations de la Délégation :

 

1-       La suspension de toutes les formes de siège et de boycott international à l’encontre de l’Autorité palestinienne et des institutions palestiniennes officielles et non officielles. En effet, la position actuelle n’est pas seulement une atteinte perfide aux institutions démocratiques palestiniennes mais elle est aussi la cause d’une catastrophe humanitaire préméditée par l’Occident et dont les conséquences sont connues.

 

2-        Autoriser les banques arabes et palestiniennes à collaborer avec les Territoires occupés sans être contrôlées par les autorités de l’occupation.

 

3-        L’occupant doit mettre fin aux contraintes et aux poursuites quotidiennes à l’encontre des ONG humanitaires et caritatives ainsi qu’à l’encontre de différentes organisations de la société civile.

 

4-       Les pays arabes et islamiques, qui échappent aux pressions américaines, doivent soutenir sans équivoque le peuple palestinien afin de briser l’embargo. Ils doivent permettre aux Palestiniens de subvenir aux besoins vitaux des catégories vulnérables. Il faut assurer un niveau de vie minimum pour chacun d’entre eux conformément au pacte relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, à la Quatrième Convention de Genève et au premier Protocole additionnel aux Conventions de Genève.

 

5-       Le Conseil des Droits de l’Homme doit condamner le boycott financier infligé au gouvernement palestinien car il a des répercussions désastreuses sur les citoyens.

 

6-        L’Assemblée générale de l’ONU doit condamner Israël pour le massacre collectif lent et méthodique qu’il commet contre le peuple palestinien depuis environ 58 ans.

 

7-       Enfin, la délégation exhorte l’ensemble des parties palestiniennes à bannir toutes les formes de violence pour régler les conflits internes et à placer l’intérêt du peuple palestinien au-dessus des intérêts partisans et sectaires.

 

A l’heure où nous éditons ce rapport, le premier Ministre palestinien a annoncé la signature d’un accord entre les deux pôles de l’Autorité palestinienne à l’issue de consultations intégrant les mouvements du Fatah, du Hamas et les forces islamiques nationales. Cet accord a été possible grâce au Comité Suprême de Surveillance lequel a déployé des efforts soutenus pour l’arrêt des tirs, l’interdiction de toute forme de confrontation, le non-recours aux armes et pour ne pas transformer le conflit israélo-palestinien en un affrontement fratricide et en guerre civile.

 

Le premier Ministre a annoncé également une avancée dans les pourparlers pour la formation d’un gouvernement d’union nationale entre la présidence, le gouvernement actuel et les factions palestiniennes, en plus de la cessation de la grève dans tous les services. La Ligue arabe a été invitée, quant à elle, à soutenir les efforts fournis pour lever le blocus qui frappe le peuple palestinien tout en s’engageant à préserver les revendications légitimes du peuple palestinien, son unité nationale et le droit au retour des réfugiés. Nous espérons que cet accord mettra fin à la crise asphyxiante dont a souffert le peuple palestinien au cours de l’année dernière et ranimera l’espoir en une stabilité durable.

 

 

ANNEXES

 

Annexe I

- Les organisations caritatives palestiniennes classées comme terroristes par l’administration américaine.

 

 

                                                                                       Le Bureau des Affaires Publiques

 

Le 22 août 2003

JS-672

 

Les USA qualifient cinq organisations caritatives du Hamas et six de ses principaux dirigeants de terroristes.

 

Le président Bush a annoncé aujourd’hui que le Trésor public américain classe cinq organisations caritatives liées aux Hamas et six principaux dirigeants du mouvement comme terroristes (Specially Designated Global Terrorists ou SDGTS). Par conséquent, tous leurs avoirs aux USA sont gelés et ils n’ont plus le droit de contracter des relations financières à l’intérieur des Etats-Unis. Le président Bush a déclaré : « En reconnaissant sa responsabilité dans l’ignoble acte terroriste du 19 août, le Hamas confirme qu’il est un mouvement terroriste dont le but est d’agresser les Israéliens et de miner les avancées de paix entre les Israéliens et les Palestiniens».

 

« Les dirigeants du Hamas et ceux qui soutiennent encore leurs fondations ont sur les mains le sang de gens innocents » affirme le secrétaire d’Etat au Trésor public, John  Snow.  « Leurs discours creux ne peuvent en aucun cas les dédouaner du sang qu’ils ont sur les mains. Comme ils s’opposent à la feuille de route pour la paix, le Hamas nuit aux rêves du peuple palestinien pour la liberté, la prospérité et pour un Etat indépendant ».

 

Les Etats-Unis continueront de collaborer avec leurs alliés pour que le Hamas soit qualifié d’organisation terroriste. Ils gèleront les sources ainsi que les soutiens que reçoivent leurs fondations.

 

Par cette action, les personnes suivantes sont considérées comme SDGT :

 

  1. Cheikh Ahmed Yassine, le chef du Hamas à Gaza.

 

  1. Imad Khalil Al Alami, membre du Bureau politique du Hamas à Damas en Syrie.

 

  1. Oussama Hamdane, un des principaux dirigeants du Hamas au Liban.

 

  1. Khaled Mich’al, le directeur du Bureau politique et du comité exécutif du Hamas à Damas en Syrie.

 

  1. Moussa Abou Marzouq, le chef député au Bureau politique du Hamas en Syrie.

 

  1. Abdel Aziz Arrantissi, un des dirigeants du Hamas à Gaza, très proche du Cheikh Ahmed Yassine.

 

Les organisations caritatives suivantes, qui soutiennent le Hamas et appartiennent à son réseau européen, sont également qualifiées de SDGT :

 

  1. Le Comité de Bienfaisance et de Soutien aux Palestiniens (CBSP) en France.

 

  1. L’Association de Secours pour les Palestiniens (ASP) en Suisse. (Cette organisation est affiliée au CBSP)

 

  1. Le Fond de Secours et de Développement pour les Palestiniens ou INTERPAL dont le siège social est basé au Royaume-Uni.

 

  1. L’Association Palestinienne d’Autriche, PVOE.

 

  1. L’Association Sanabil pour le Secours et le Développement basée au Liban.

 

Les mesures prises aujourd’hui se conjuguent avec beaucoup d’autres mesures adoptées précédemment tel le classement de plusieurs entités comme faisant partie du réseau du Hamas : la Fondation de la Terre sacrée pour le Secours et le Développement ainsi que la Fondation Al Aqsa. Ces dernières constituent les principales sources de soutien pour le Hamas.

 

 

Annexe II

 

Les sept précédentes activités de la Conférence Mondiale de la Jeunesse Musulmane en collaboration avec des ONG palestiniennes témoins de l’activité des ONG et de leurs fonctions. 

 

1 – La réalisation d’une campagne d’aide d’urgence dans tous les districts de Gaza sous la direction du bureau de la Conférence Mondiale de la Jeunesse Islamique, organisme consultant auprès de l’ONU, et grâce au financement du CBSP ( Comité de Bienfaisance et de Secours aux Palestiniens) basé en France en France. Cette campagne d’aide d’urgence était constituée de colis alimentaires de base financés par le CBSP. Il est à signaler que cette campagne a été entreprise par le biais des associations locales dans toute la bande de Gaza.

 

2- La réalisation d’un projet agricole multiforme supervisé par le bureau de la Conférence Mondiale de la Jeunesse Musulmane et financé généreusement par le Comité de Bienfaisance et de Secours aux Palestiniens en France. Le bureau de la Conférence Mondiale a supervisé un projet agricole, du nord au sud de Gaza, qui consistait à fournir aux agriculteurs des boutures, de jeunes pousses de légumes, de plants d’arbres fruitiers et de palmiers. Ce projet englobait aussi la réparation de serres plastiques et la réhabilitation de terres agricoles, de même que de puits. Plusieurs dizaines de petits agriculteurs en ont bénéficié. Il a également fourni du travail à des chômeurs. Le projet a été réalisé par le biais de plusieurs ONG de la bande de Gaza.

 

3- Grâce au financement du Fond de Secours et de Développement pour les Palestiniens (Interpal) et suite aux nombreuses lettres envoyées par plusieurs écoles publiques ou gérées par l’UNRWA, la Conférence Mondiale de la Jeunesse Musulmane a fourni à ces écoles des citernes d’eau potable. En effet, des milliers d’écoliers et d’étudiants souffraient réellement du manque d’eau potable dans leurs établissements scolaires allant jusqu’à contracter des maladies.

 

4- Le bureau de la Conférence Mondiale de la Jeunesse Musulmane a suivi l’exécution du projet nommé  « le panier du Ramadan »  pour l’année hégirienne 1426. Il a été financé par le Fond Palestinien pour l’Aide et le Développement (Interpal) et réalisé grâce à des ONG de la bande de Gaza. Un nombre important de pauvres et de nécessiteux a pu bénéficié de ce projet. Celui-ci a apporté du bonheur dans leurs cœurs et dans leurs foyers. Ajoutons  la remise de colis alimentaires ainsi que la distribution de l’argent de la Zakat  pour la fête de l’Aïd.

 

5- La Commission Médicale du bureau de la Conférence Mondiale poursuit toujours le projet du fond de bienfaisance de la Conférence Mondiale pour le soutien des malades nécessiteux. Plusieurs dizaines de malades ont bénéficié de ce programme dont l’ensemble des dépenses a atteint, pour l’année 2005, 11 000 dollars.

 

6- Grâce à un don généreux du Syndicat des Médecins Egyptiens, le bureau de la Conférence Mondiale a supervisé l’importation de matériels médicaux modernes comprenant deux appareils d’anesthésie, une table d’opération entièrement équipée et un appareil de radiologie mobile. Ces équipements permettront d’améliorer les services hospitaliers qui reçoivent de nombreux patients, notamment lors des incursions israéliennes.

 

7- Sous la direction du bureau de la Conférence Mondiale et grâce au financement du Syndicat des Médecins Egyptiens, la construction d’une morgue (munie d’une salle d’autopsie) à l’hôpital Abi Youcef An Najar a été achevée. La construction du bâtiment, qui a duré deux mois, a été accueillie favorablement par l’administration de l’hôpital et par les habitants du district de Rafah en général qui en avaient bien besoin.

 

 

 

Annexe III 

Fermetures et confiscations à l’encontre de certaines ONG.

 

Le vendredi 15 septembre 2006, au petit matin, des forces policières, la police des frontières et l’unité  Alyassam  ont fait irruption aux différents sièges de l’Association les Amis des Prisonniers en Cisjordanie ainsi qu’à son siège au village Majd Al Karoum. Les forces d’occupation étaient munies d’un ordre administratif, signé par le ministre de la « Sécurité » lui-même vice-premier Ministre au côté de Amir Peretz. Voici la traduction littérale de cet ordre intitulé « Ordre de saisie » :

 

 

«  De part mes compétences, qui me sont attribuées par le paragraphe 84 (2) des lois de la Défense ( Etat d’urgence) 1945, et après avoir proclamé que l’Organisation des Amis des prisonniers ou l’Association des Amis des Prisonniers, immatriculée 85 - 002 - 230 - 9 (concernant « l’union »), est une Union non autorisée, j’ordonne de saisir tous les biens de cette Union au profit du gouvernement d’Israël et j’annonce, par conséquent, que j’envisage de les confisquer à son profit. Celui qui se considère victime de cet ordre et veut s’opposer à l’intention de confiscation peut me présenter par écrit ses réserves au cours des 14 jours qui suivent sa connaissance de cet ordre. »

 

Mounir Mansour, le directeur de l’Association relate ce qu’il a vécu sur le site Fasl Al Maqal :

 

« Des forces d’environ cinquante véhicules militaires transportant des centaines d’hommes ont débarqué ici. Ils se sont divisés en deux groupes, l’un a pris d’assaut ma maison située dans le quartier nord de Majd Al Karoum et l’autre groupe a fait irruption dans le siège de l’Association. Les deux actions étaient simultanées et d’une terreur effroyable… Ces personnes qui font partie de la police, des unités spéciales, des services secrets et des enquêteurs étaient dirigées par Dany Hadad, commandant de police chargé de la région Nord.

 

En plus, je connaissais un grand nombre d’entre eux puisqu’ils m’ont interrogé auparavant... Ils ont mis ma maison tout sens dessus dessous. Ils ont également confisqué l’ordinateur de mes enfants et quelques papiers… Puis, ils m’ont demandé de les accompagner au siège de l’Association sinon ils casseraient la porte… Lorsque nous sommes arrivés au siège, je fus choqué par un spectacle invraisemblable et par le nombre stupéfiant de forces armées jusqu’aux dents entourant les bâtiments. Il y avait aussi des centaines de jeunes du village qui se sont regroupés. Ils affrontaient, de temps à autre, les soldats.

 

Je leur ai ouvert la porte de l’Association. Ils sont entrés et ont commencé à tout saccager ; cassant, coupant et abîmant les objets… Pour justifier leur action, ils ont brandi l’ordre du ministre de la « Sécurité », Amir Peretz. Ils nous ont prévenu que cet ordre met un terme au travail de l’Association. Celle-ci est devenue illégale à la date de la décision du premier Ministre du gouvernement travailliste…

 

En résumé, ils ont tout pris et n’ont épargné qu’un vieil appareil photo hors d’usage. Ils ont même emporté les chaises jusqu’aux camions spécialement venus pour transporter le mobilier de l’Association.  Mais comme il ne restait plus de place, ils les ont ramenées ».

 

Ce n’est pas la première fois que le siège de l’Association est pris d’assaut. La dernière attaque remonte en 2003. A cette époque, les soldats israéliens avaient envahi les bureaux. Ils avaient procédé à des saisies similaires emportant tous les objets avec eux.  Après une bataille judiciaire, ils ont dû rendre la majorité de ces objets.  

 

 

 

 

 

 

 

Annexe IV- La liste en arabe des Ong visées :

 

نابلس
جمعية تل اللوز

جمعية سند

ابناء الغد

الانماء التربوي

غراش الخيري

الاندلس للتنمية والتطوير الخيري

جمعية تنمية قوصين

جمعية التواصي الخيرية

جمعية صرة النسوية

جمعية الرابطة الاسلامية للمرأة الفلسطينية

جمعية الابداع والتطوير

جمعية كنانة الرياضية

جمعية عقربا النسوية

جمعية مراكز ملتقى الايمان لتحفيظ القران الكريم الفتيات

جمعية احرار لرعاية اسر الشهداء والجرحى

جمعية العطاء الخيرية

جمعية سنابل المجد الخيرية

اليراع الخيرية

نسائم الخير

التوعية النسائية

النماء الخيرية

اجيال الغد الثقافية

رواق الخيرية

الدفاع لحقوق الانسان

ينابيع الكوثر

حق العودة الثقافي

الهدى للعلوم الشرعية

جمعية عصيرة الشمالية

الاسراء للاعمال الخيرية

الحسنى للاعمال الخيرية

جمعية الاحسان للبر والتقوى

لاجئين الاغوار الوسطى النصارية

جمعية البوارق الخيرية

جمعية البناء الخيرية

جمعية الجيل الواعد

جمعية انماء الاسرة

جمعية فلسطين للتنمية والصمود

جمعيةفلسطين للخدمات الطبية والانسانية

جمعية اللبن الشرقية

جمعية نساء الريف الشرقي

جمعية قطاف المعالي الخيرية

جمعية منتدى وطن الثقافي

جمعيةكل المواسم الزراعية

جمعية الغرباء للثقافة والفنون

جمعية نفحة للدفاع عن حقوق الاسرى والانسان

جمعيةرؤى المستقبل

جمعية دار العفاف الخيرية الاسلامية

جمعية مركز نابلس للثقافة والفنون

جمعية نساء تلفيت الخيرية

جمعية الوفاق والتعاون


جنين
جمعية الينبوع الخيرية

جمعية الدراسات القرانية والنبوية

جمعية الشمال للتنمية والتراث

الانوار الخيرية

جمعية النماء والتواصل الخيرية

الجمعية الخيرية لرابطة الخريجين

جمعية الشمال الخيرية

جمعية مركز الانسان للدراسات والتنمية

جمعية التواصل الشبابي

 

طولكرم

جمعية بناة المستقبل

زيتا الخيرية

عتيل للمرأة والطفل

جمعية رابطة ادباء بيت المقدس

الشهيد عبد الرحيم محمود

الجمعية الفلسطينية للثقافة "كوفية"

تطوير فرعون الخيرية

المؤسسة الوطنية للتسويق والتنمية الزراعية

مركز شباب المستقبل


رام الله

الورودالخيرية

جمعية الصحة الفلسطينية

النور النسائية الخيرية

جمعية المحور الاقتصادي

جمعية الاوائل للنهضة

جمعية الوعد الخيرية الاجتماعية

النقاء الخيرية

جمعية نقابة المعلمين الفلسطينيين

صندوق الزواج الفلسطيني


طوباس

عائشة ام المؤمنين

عروس الاغوار الخيرية

جمعية الوفاق الخيرية  

جمعية البلسم الخيرية والاجتماعية

جمعية وادي الفراعة الخيرية


سلفيت

الفرقان لرعاية دور القران

جمعية سنابل الامل الخيرية

جمعية الكلمة الطيبة لتعليم القران الكريم وعلومه

 

بيت لحم

اشراقة للتدريب والتأهيل النسوي

اجيال المحبة لرعاية المرأة والطفل


الخليل
ملتقى الخريجين العلمي

معهد الارض المقدسة للابحاث العلمية والتطبيقية

 

 

 

C.A.DROITS HUMAINS -5 Rue Gambetta - 92240 Malakoff - France

Phone: (33-1) 40 92 15 88  / Fax: (33-1) 46 54 19 13 

 Email: achr@noos.fr   

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