Le 27 décembre 2008, les
avions de guerre israéliens ont lâché une pluie de bombes sur la
bande de Gaza, tuant plus de 200 personnes rien qu'au cours de
la première journée. Cette journée a été suivie par une
démonstration choquante de la puissance et de la brutalité de
l'armée israélienne, qui a fait près de 1 500 morts côté
palestinien, en grande majorité des civils innocents. Environ 5
000 autres Palestiniens ont été blessés. Selon l’ONG
palestinienne Al-Haq, 11 154 maisons ont été détruites ou
endommagées durant les vingt-deux jours qu’a duré l’attaque,
touchant directement 100 000 Palestiniens. Des dizaines de
milliers de personnes ont dû fuir leur domicile. Lorsque l’Etat
hébreu a enfin arrêté les raids aériens, les tirs de missiles,
les attaques au sol et les largages de bombes au phosphore, il a
laissé derrière lui un champ de ruines.
Un an plus tard, les
Gazaouis attendent toujours que justice leur soit rendue. Israël
continue de maintenir un blocus implacable de la bande de Gaza,
qui entre dans sa troisième année. Malgré les multiples appels
en faveur de sa levée lancés par la communauté internationale,
le plus récent émanant du secrétaire général de Nations unies
Ban Ki-Moon, l’embargo reste total. Dans une déclaration faite
le 27 décembre, Ban Ki-moon exhorte Israël à mettre fin au
blocus de Gaza, “inacceptable et contre-productif”, à faciliter
l’activité économique et la reconstruction civile, et à
respecter totalement le droit international. Aussi pénalisant
soit-il, le blocus n’est qu’une épreuve parmi toutes celles
endurées par les Gazaouis, particulièrement après l’invasion de
l’année dernière. Les plaies ouvertes par l’opération Plomb
durci menée par l’armée israélienne ne sont pas encore pansées.
Non seulement rien n’a été réparé, mais la situation continue
d’empirer. Tout récemment encore, trois hommes ont été tués par
balles près du passage d’Erez, entre Gaza et Israël. Les soldats
israéliens se sont justifiés en accusant les victimes d’avoir
tenté de franchir la frontière. Les Gazaouis, eux, soutiennent
que les hommes ramassaient de la ferraille et n’étaient pas
armés.
Des milliers de maisons
ont été réduites en tas de ruines par les bombes et les
bulldozers israéliens, et nombreux sont encore les habitants qui
attendent d’être relogés décemment. Certains ont trouvé
temporairement refuge chez des parents plus chanceux, tandis que
d’autres doivent se contenter d’abris de fortune – des tentes ou
des cabanes en pisé installées pour eux par des ONG, les
Israéliens interdisant toujours l’importation de ciment et
autres matériaux de construction. Le taux de chômage avoisine
les 50 % et la malnutrition sévit parmi les enfants. Ainsi, même
ceux qui ont un toit au-dessus de leur tête n’ont pas
suffisamment de nourriture sur la table. Les délégations
étrangères, officielles ou non, qui ont visité la bande de Gaza
ont permis de lever un coin du voile sur les atrocités qui y ont
été commises. Il en est de même pour les images d'horreur
diffusées durant et après l’opération Plomb durci. Enfin, les
Gazaouis ont trouvé un porte-parole international en la personne
du juge Richard Goldstone, dont l’impartialité et la rigueur
sont unanimement reconnues.
L’injustice des
événements de l’hiver 2008 reste insupportable, non seulement à
cause de la nature des crimes perpétrés mais aussi de
l’indifférence des grandes puissances. Cette indifférence est en
elle-même criminelle, car en conférant l'impunité aux Israéliens
elle leur offre la latitude de commettre d’autres crimes à
l’encontre des Palestiniens. Seule une poignée de consciences
dans le monde semblent s’en soucier. Hormis les courageux
convois qui arrivent à Gaza par mer ou en traversant le passage
de Rafah [à la frontière avec l’Egypte], défiant les Israéliens
pour apporter un peu d’aide aux habitants, peu a été fait pour
lever la chape de plomb. Israël reste impuni pour ses violations
de la morale et des droits de l’homme, pour la persécution qu'il
fait subir au peuple palestinien. Des crimes commis depuis trop
longtemps au nom fallacieux de la sécurité de l’Etat hébreu.
Aujourd’hui, un an après le carnage commis à Gaza, il est temps
de donner enfin la priorité à la population.
Sources : courrier
international du 29.12.2009
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