COLLECTIF MAGHREB SOLIDARITE
Les populations de Gafsa
(au sud-ouest de la Tunisie) et de Sidi-Ifni (Sud-est du
Maroc), mènent depuis plus d’une année un mouvement social de
grande ampleur. Des luttes légitimes et pacifiques, pour
demander de travailler et vivre au pays et l’arrêt de la
marginalisation de leurs régions. En dépit des importantes
richesses locales, minières (à Gafsa) et maritimes (à Sidi
Ifni), le chômage fait des ravages au sein des jeunes diplômés
ou pas. Ils doivent faire face au favoritisme, à la corruption,
aux privilèges et passe-droits de certains hauts responsables
locaux.
En juin 2008, à un jour d’intervalle,
leurs manifestations pacifiques ont été violemment réprimées.
Les réponses des autorités
furent identiques : la répression tout azimut (dispersion
violente et pourchasse des manifestants ; violation et saccages
des maisons ; état de siège des villes, arrestations, tortures,
invention de chefs d’inculpation, procès expéditifs…). A Redeyef
(Gafsa), la police a tiré des balles réelles sur les
manifestants, faisant un mort et plusieurs blessés… A Sidi Ifni,
des femmes ont été victimes d’attouchements sexuels…
Après les arrestations et
les tortures, des dizaines de syndicalistes, militants
associatifs, chômeurs, manifestants et jeunes ont été condamnés
à de lourdes peines de prison.
A Gafsa, devant la cour
d’appel, les détenus et leurs avocats ont réaffirmé qu’ils ne
sont que les porteurs des revendications légitimes de la
population du bassin minier. Ils ont pu décrire et dénoncer
les tortures subies, le népotisme, la corruption, la
criminalisation du droit syndical, les atteintes au droit au
travail et au droit à l’intégrité physique et morale de toute
une population, celle du Bassin minier, victime de la
marginalisation, de la privation de droits socio-économiques et
des affres d’une répression sauvage. Les peines furent lourdes !
allant jusqu’à 8 ans de prison ferme pour les syndicalistes
Adnane Hajji et Bechir Labidi , 6 ans pour Taieb Ben
Othman, Adel Jayar, Tarek H’limi…*
Notre camarade Mouhieddine Cherbib militant associatif en
France a été condamné par contumace à 2 ans de prison ferme pour
« délit de solidarité ».
A Sidi Ifni, après les
premières condamnations prononcées dans la foulée à l’encontre
de quelques militants allant de 6 mois à un an de prison,
d’autres se sont vu prolonger arbitrairement leur détention
préventive et ajourner les audiences de leur procès. Ce n’est
qu’après des grèves de faim et d’importants mouvements de
solidarité pour dénoncer leurs mauvaises conditions de détention
qu’un verdict a été prononcé le 10 avril dernier. Des peines qui
vont jusqu’à un an et demi de prison ferme pour: Mohamed
Issam et Zine El Abidine Radi ; un an de prison ferme :
Hassan Agharbi, Zakaria Rifi et Hassan Tazakaghine …
Les pouvoirs du Maroc et de
la Tunisie semblent ne pas se limiter à ces sévères
condamnations, ils poursuivent leur machination à l’encontre des
détenus et de leurs familles.
Ce vendredi 22 mai, divers
prisonniers de Gafsa ont été transférés de force dans d’autres
prisons du pays, imposant ainsi un éloignement de leurs proches
et de leurs familles. Un éloignement qui les obligerait à
effectuer pour certains, plus de 300 Km… D’autres militants ont
été arrêtés suite aux actions et marches menées par les familles
de détenus de Gafsa. Sept jeunes incarcérés et un jeune en fuite
comparaissent devant le Tribunal Correctionnel de Gafsa pour
trouble a l’ordre publique… Le pouvoir Tunisien persiste dans
ses violations incessantes des libertés les plus élémentaires.
A Sidi Ifni (Maroc), le
militant Sbaalill Brahim (Responsable local d’une
association de défense des droits de l’Homme) qui a purgé sa
peine d’emprisonnement, se voit notifier la radiation de son
poste d’enseignant…Le pouvoir Marocain est un adepte des doubles
peines.
Face à cet arbitraire, les
populations de Gafsa et de Sidi Ifni nous interpellent et elles
comptent sur notre solidarité et sur notre soutien pour :
- la libération de tous les
détenus des mouvements sociaux de Gafsa et Sidi Ifni
- la reconnaissance de
leurs droits à vivre dignement et à travailler dans leurs
régions
- l’arrêt de la répression
et le respect des libertés fondamentales
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