COMMISSION ARABE DES DROITS HUMAINS

Arab Commission for Human Rights
5, rue Gambetta
92240-Malakoff- France
Tel 0033140921588 Fax 0033146541913

e. mail achr@noos.fr

International NGO in special Consultative Status with the Economic and Social Council of the United Nations

English

عربي

2009-05-04

Rapport sur l’utilisation des Palestiniens comme boucliers humains par Israël
Al Mezan Center for Human Rights- Gaza

 

Après avoir servi de bouclier humain, l’enfant a été détenu dans un trou dans le sol, avec une centaine d’autres gazaouis, pendant quatre jours. Il souffre maintenant de troubles mentaux graves et refuse de parler à des étrangers. Avec l’aide de ses parents, Al Mezan a pu lui faire raconter son histoire et en a présenté des extraits. Chez lui, avec ses parents, il était terrifié par des jours et des jours d’attaques.


Le
Centre Al Mezan pour les Droits de l’Homme est une ONG palestinienne basée à Gaza, dont l’objectif est de « promouvoir, protéger et empêcher les violations des droits de l’homme en général, et les droits économiques, sociaux et culturels en particulier, pour fournir une aide efficace aux victimes de telles violations, et pour améliorer la qualité de vie de la communauté dans les secteurs marginalisés de Gaza. »

Elle recense et documente les violations, fournit une aide juridique, et aide les Gazaouis dans des « domaines fondamentaux comme les droits humains basiques, la démocratie et l’aide humanitaire internationale. » Elle produit également des rapports et des publications sur son travail.

En avril, elle a publié une étude de sept cas qui actualise son rapport de juillet 2008, intitulé : « Se cacher derrière les civils – l’utilisation continue des civils palestiniens comme boucliers humains par les forces israéliennes d’occupation. » Cet article résume les deux rapports et met en lumière ce que le droit international interdit sans équivoque. C’est néanmoins une pratique habituelle des forces d’occupation même si la Cour Suprême d’Israël l’a interdite le 6 octobre 2005.

Une Palestinienne décrit son expérience :

« Ils m’ont menotté et bandé les yeux. Ensuite, ils m’ont obligée à sortir de la pièce, en me poussant avec leurs mains et leurs fusils pour que j’avance, bien que j’ai les yeux bandés et que je sois enceinte. Je les ai entendus pousser d’autres personnes et leur crier de se dépêcher. J’étais épuisée et je suis tombée plusieurs fois. Je leur ai dit que j’étais enceinte de quatre mois et je ne pouvais pas continuer, mais un soldat m’a menacée de me tirer dessus. »

D’autres témoignages relatent des histoires similaires, quelquefois aux tragiques conséquences pour les victimes. Israël est partie prenante de différentes lois et conventions sur les droits de l’homme. En conséquence, il est tenu de respecter et de protéger les droits des personnes qu’il contrôle.

Selon l’article 3 de la
Déclaration universelle des Droits de l’Homme de l’Assemblée générale des Nations Unies de 1948 : « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. »

Selon l’article 5 : « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. »

Selon l’article 9 : « Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé. »

Le
Pacte international relatif aux droits civils et politiques de l’Assemblée Générale de 1977 affirme les mêmes droits. Selon l’article 17 (1) : « Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes illégales à son honneur et à sa réputation. »

Tant le
droit international humanitaire (DIH) que le droit international des droits de l’homme (DIDH) protègent la vie, le bien-être et la dignité. Le DIH concerne les conflits armés, alors que le DIDH s’applique en temps de paix comme en temps de guerre. Les Conventions de La Haye et de Genève comprennent le corps principal du DIH et trouvent un juste milieu entre les nécessités militaires et les considérations humanitaires. En tant que puissance d’occupation, Israël a l’obligation de s’y conformer.

La
Quatrième Convention de Genève protège les civils en temps de guerre, y compris ceux de Palestine Occupée. Elle restreint l’usage de la force et interdit la saisie des non-combattants comme otages, dont les personnes qui ont déposé les armes ou qui ne peuvent combattre à cause de maladie, blessure ou toute autre raison.

L’article 34 déclare : « La prise d’otage est interdite. » L’article 28 déclare : « Aucune personne protégée ne pourra être utilisée pour mettre, par sa présence, certains points ou certaines régions à l'abri des opérations militaires. » L’article 29 déclare : « La Partie au conflit au pouvoir de laquelle se trouvent des personnes protégées est responsable du traitement qui leur est appliqué par ses agents, sans préjudice des responsabilités individuelles qui peuvent être encourues. »

Le
Protocole I, article 51, paragraphe 7 déclare : « La présence ou les mouvements de la population civile ou de personnes civiles ne doivent pas être utilisés pour mettre certains points ou certaines zones à l'abri d'opérations militaires, notamment pour tenter de mettre des objectifs militaires à l'abri d'attaques ou de couvrir, favoriser ou gêner des opérations militaires. Les Parties au conflit ne doivent pas diriger les mouvements de la population civile ou des personnes civiles pour tenter de mettre des objectifs militaires à l'abri des attaques ou de couvrir des opérations militaires. » En d’autres termes, utiliser des civils comme boucliers humains est interdit en toutes circonstances.

De plus, le
Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale en son article 8, interdit « la prise d’otages. » Israël n’est pas membre de la Cour mais a des obligations selon le droit international.

Al Mezan a recueilli des témoignages assermentés de maisons de particuliers saisies et utilisées comme postes militaires pendant plusieurs jours, avec leurs résidents confinés pendant des périodes prolongées, frappés et agressés, empêchés de mener des activités normales.

Une autre pratique était appelée « la procédure de voisinage », modifiée plus tard en « procédure de premier avertissement » pour contourner une interdiction juridique. Israël réquisitionne des civils, les oblige à frapper à la porte des voisins, habituellement de nuit, pour leur transmettre des ordres militaires d’arrestation. Les otages sont mis dans une position difficile lorsque la violence éclate quelquefois, qui peut entraîner des morts et des blessés.

Finalement, cette pratique a été bannie mais Israël méprise ouvertement ses propres décisions judiciaires ainsi que ces obligations selon le droit international. Israël continue à se servir de civils, hommes, femmes et enfants, comme boucliers humains.

Pendant la Deuxième Intifada (en particulier pendant l’opération à grande échelle d’Israël « Bouclier Défensif »), Amnesty International (AI) a déclaré en octobre 2005 :

« AI a enquêté sur des dizaines de cas où l’armée israélienne s’est servi de Palestiniens, enfants comme adultes, comme « boucliers humains » pendant des opérations militaires dans des villes et des camps de réfugiés dans tous les Territoires Occupés. Les Palestiniens ont été obligés de marcher devant les soldats israéliens qui, parfois, faisaient feu en se protégeant derrière les civils. Ils ont ég