Session spéciale :
Madame la Présidente,
Madame la Haut Commissaire,
La Commission arabe des droits humains (CADH / ACHR) souhaite
saluer cette initiative qui représente une épreuve quant à la
capacité du Conseil d'être au diapason des événements et
d'apporter les recommandations et les solutions aux crises, sous
l’angle du respect et de la promotion des droits de l'homme.
Honorables délégués,
Les
retombées de la crise financière planétaire ne menacent pas
seulement les droits économiques, sociaux et culturels, ainsi
que le droit au développement, mais aussi les droits civiques
et politiques.
Nous avons assisté ces derniers temps à une recrudescence des
violations des droits fondamentaux d'association, de réunion et
d'expression, ainsi qu'à un recul inquiétant de la liberté de la
presse dans plusieurs régions du monde.
Des manifestations pacifiques, contre la vie chère et le
chômage, ont été interdites et les forces de sécurité ont tiré,
à balles réelles, sur des manifestants désarmés, faisant de
nombreux morts.
A signaler aussi la montée du racisme vis-à-vis des travailleurs
immigrés, sachant que cette catégorie est la première victime
des licenciements arbitraires, du chômage et de la
marginalisation. Les politiques d'immigration ont été durcies
d'une façon inhumaine, ce qui a conduit, dans de nombreux cas, à
des violations graves des droits des immigrés, notamment dans
les centres de détention administrative.
Nous assistons aussi à une recrudescence des attaques contre les
défenseurs des droits de l'homme et les syndicalistes dans
plusieurs pays.
Honorables délégués,
Nos regrettons que le projet de Résolution ne prenne pas en
compte suffisamment l'importance des droits civiques et
politiques, notamment les droits indérogeables en toutes
circonstances.
Le projet proposé ne fait aucune référence au cadre normatif
contraignant, tels que le Pacte international relatif aux droits
civils et politiques (PIRDCP) le Pacte international relatif aux
droits économiques, sociaux et culturels (PIRDESC), la
Convention des Nations unies contre la Corruption et les
conventions de l'Organisation internationale du travail.
L'Honorable délégué du Brésil a rappelé, lors de l'ouverture des
consultations informelles, que la crise des années 30 a abouti à
une guerre mondiale et que la crise des années 70 a accouché des
dictatures d'Amérique latine.
Ce qui est demandé aujourd'hui, c'est la recherche du « plus sûr
moyen » (Aqwam Al Masalik, pour paraphraser le réformiste
tunisien du 19e siècle, Kheireddine Pacha) pour
résoudre la crise financière planétaire actuelle, sans tomber ni
dans les guerres ni dans les dictatures.
Et nous ne voyons aucune autre voie que celle de l'Approche
basée sur les droits de l'homme (Human Rights Based Approach),
que Madame la Haut Commissaire a eu la gentillesse de rappeler
ce matin.
Pour finir, et tenant à la réussite de cette session spéciale,
nous appelons à la prolonger, pour permettre de sortir avec une
Résolution à la hauteur de la crise, et notamment en insistant
le respect des droits indérogeables, en toutes circonstances, et
en mettant l'accent sur l'Approche basée sur les droits de
l'homme.
Je vous remercie
Abdel Wahab Hani
Représentant permanent à Genève
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