Genève, le 28 janvier 2009
Intervention devant le Comité consultatif du
Conseil des droits de l’homme
Madame la Présidente Halima Warzazi, Monsieur le
Rapporteur Emmanuel Decaux, Mesdames et Messieurs les experts du
Comité consultatif,
La Commission arabe des droits humains vous
félicite pour l’avancement de vos travaux et souhaite rappeler
les points suivants :
1-Sur le plan normatif : Il est important que la
Déclaration reprenne les normes internationales, notamment
celles de l’UNESCO en matière de droit à l’éducation et surtout
la Convention de 1960 sur la « lutte contre la discrimination en
matière d’enseignement » et le mécanisme de contrôle y
afférant, ainsi que les Recommandations de l’organisation en
matière de « Libertés académiques » et des droits du corps
enseignant. Cette jonction entre le « droit à l’éducation »
comme un des droits fondamentaux de la personne humaine et
« l’éducation aux droits de l’homme » est d’une grande
importance à nos yeux.
2- Cette jonction entre les impératifs du
Présent et ceux du Futur permet de joindre la vigilance et la
lutte dans l’immédiat contre les discriminations et les
violations d’un droit fondamental d’un coté et la préparation
d’un avenir respectueux des droits de l’homme de l’autre. Elle
évite, en outre, la manipulation que font, malheureusement,
certains Etats répressifs de l’Education pour le Futur pour
cacher les violations du Présent.
3-Il est nécessaire d’accorder une importance
particulière à la richesse culturelle et de baser l’Education
aux droits de l’homme sur une approche humaniste respectueuse de
la richesse culturelle de notre Humanité multiple. Une attention
particulière devrait être accordée à la valorisation des aspects
positifs dans toutes les cultures et les religions, sans tomber
dans le relativisme culturel, cher à certains Etats répressifs.
L’Universalité des droits de l’homme est une question
fondamentale dans leur acceptation universelle, mais aussi dans
l’éducation aux droits de l’homme. Cette Universalité n’est pas
un dictat d’une telle ou d’une telle autre nation, mais la
résultante de l’enrichissement mutuel entre les Nations, et qui
a pris forme dans la Déclaration universelle, une œuvre continue
et non figée dans le temps.
4-Accorder une place consistante au processus
historique d’élaboration du corpus international de protection
des droits de l’homme, notamment la Déclaration universelle des
droits de l’homme. Pour prendre un exemple : Dire à un jeune
écolier arabe, dans une école du Mont Liban ou dans un village
algérien, que des arabes du Liban et d’Irak ont pris une part
effective aux travaux de rédaction de la Déclaration, permet de
rassurer quand à l’Universalité effective, non seulement des
droits élaborés mais aussi de leur processus d’élaboration, et
que le corpus international des droits de l’homme est le
résultat des efforts de toutes les Nations et non le dictat d’un
club fermée de Nations.
5- Il est important que la Déclaration
s’intéresse non seulement à l’aspect général d’une éducation
générale aux droits de l’homme, mais aussi aux besoins
spécifiques de populations et métiers spécifiques. Nous pensons
notamment aux :
- Faiseurs de lois, députés et sénateurs qui
doivent recevoir au début de leur législature des programmes
accélérés pour assurer le plein respect des lois aux normes
internationales de protection des droits de l’homme ;
- Personnel chargé d’appliquer la loi et
d’exécuter les peines de privation de liberté, notamment les
forces de sécurité intérieure, les gardes pénitentiaires, qui
doivent bénéficier de formations adéquates eu égard à leur
rôle ;
- Professions liées à la défense des droits,
notamment les avocats et les magistrats ;
- Professions médicales, il est important par
exemple que la Déclaration de Tokyo de l’Association médicale
mondiale soit enseignée dans toutes les facultés de Médecine,
- Concernant les besoins spécifiques des groupes
vulnérables, une attention particulière doit être accordée,
certes aux minorités, aux filles, aux personnes handicapées, aux
régions défavorisées, mais aussi à la population carcérale qui
vit souvent une double privation, celle de la Liberté, mais
celle aussi, plus grave et plus déshumanisante, des Droits,
notamment celui à l’Education, et en particulier l’Education aux
droits de l’homme, y compris les droits régissant la privation
de la liberté ;
Je vous remercie
Abdel Wahab Hani
Représentant Permanent
|