Des militants sont arrêtés,
la police dénature les faits et les dirigeants politiques
autorisent une persécution politique. Israël profite de
l’offensive militaire pour opprimer ses citoyens palestiniens.
Ces derniers jours, depuis qu’ont débuté les manifestations de
protestation contre l’offensive israélienne à Gaza, nous sommes
témoins d’un renforcement de l’oppression violente et de la
persécution politique des Palestiniens citoyens d’Israël. Ces
mesures sont la réalisation concrète et violente des
déclarations enflammées de hauts dirigeants politiques qui ont
parlé, ces derniers jours, du « danger de l’intérieur », du «
Hamas qui est parmi nous » et de « cinquième colonne »,
préparant ainsi le terrain à la persécution politique.
Depuis samedi, jour où les avions de l’armée israélienne ont
commencé à bombarder Gaza, des centaines de militants, jeunes
pour la plupart, ont été arrêtés et des dizaines d’entre eux
n’ont toujours pas été libérés. Parallèlement, les leaders de
tous les courants politiques palestiniens ont été convoqués pour
interrogatoire. A Jaffa, par exemple, on a emmené de chez eux,
hier, dix militants et militantes pour des interrogatoires par
la Sûreté Générale (Shabak) et la police, à la suite d’une
manifestation organisée lundi dans la ville contre la guerre,
manifestation qui avait rassemblé de nombreux participants. Les
militants ont été interrogés sous les motifs d’incitation au
terrorisme, jets de pierres et négation de l’existence de l’Etat
d’Israël. Des journalistes arabes qui avaient donné des comptes
rendus des manifestations ont été arrêtés, eux aussi, et
d’autres ont été frappés. Des manifestations non violentes et
qui avaient été autorisées par la police – dans des localités
palestiniennes, dans des villes mixtes et des universités – se
sont heurtées à une violence policière inexplicable et brutale.
En plus de l’oppression institutionnelle, nous assistons à une
augmentation de la violence raciste à l’encontre des
manifestants et des citoyens palestiniens. C’est ainsi, par
exemple, qu’une femme de 65 ans, habitant Jaffa, et portant le
foulard, a été agressée dans un autobus par les autres voyageurs
et expulsée du bus par le chauffeur.
Oppression violente et persécution politique
Dans leur majorité, les médias arabes [israéliens] apportent
leur contribution à cette incitation continue et à la création
d’une ambiance d’intimidation et de réduction au silence, et
s’alimentent essentiellement de rapports provenant de la police
elle-même. Un leitmotiv revient dans tous les articles :
manifestations d’Arabes et de militants de gauche (comme si des
Arabes ne pouvaient pas être des militants de gauche),
brandissant le drapeau de l’OLP (pour que la population
israélienne en revienne à la terminologie des années 80), tous
des émeutiers arabes (presque toujours du nord du pays) qui
n’obtempèrent pas aux demandes de la police, contrainte dès lor,
de les disperser par la force. En même temps, les médias passent
presque totalement sous silence l’opposition de Juifs
[israéliens] à cette guerre. L’impression est ainsi créée que la
seule opposition à la guerre est palestinienne, autrement dit «
génétique » et non pas politique, du genre donc à mettre en
danger la sécurité de la population. Les médias contribuent à
essayer de créer une atmosphère d’ « Intifada de l’intérieur »
qui permettrait à la police de frapper les manifestants – des
manifestants et des militants palestiniens, principalement.
La coalition contre la guerre à Gaza, comptant plus de 20
mouvements et organisations arabes et juives, a introduit
aujourd’hui une requête en urgence auprès de la Cour suprême,
suite à la décision prise par la police de ne pas autoriser la
coalition à organiser une manifestation de masse à Tel Aviv,
samedi soir prochain. La police mettait pour condition à
l’octroi de l’autorisation que les organisateurs de la marche
s’engagent à ce que les manifestants ne brandissent pas de
drapeaux palestiniens. Il est évident pour tout le monde que
cette mesure inexplicable et illégale de la police nous ramène
aux temps sombres où soutenir la création d’un Etat palestinien
et demander la fin de l’occupation étaient une position jugée
illégitime et illégale. Chut ! Pas un mot sur le drapeau de
l’Autorité Palestinienne qui flotte même sur le Ministère du
Premier Ministre, quand Abou Mazen et d’autres hauts
responsables de l’Autorité Palestinienne s’y rendent en visite.
Sont-ce là les leçons que l’on a tiré des événements d’octobre
[2000] ? Une ambiance publique menaçante à côté d’une réduction
au silence des protestations, d’une oppression violente et d’une
persécution politique – autant de signes d’un fascisme qui va
croissant et qui doit mener à une catastrophe. Si les citoyens
palestiniens d’Israël n’ont pas le droit de protester contre le
massacre perpétré contre leur peuple, alors quel sens a cette
citoyenneté israélienne contrefaite, truquée, à l’intérieur d’un
Etat « juif démocratique » ?
Au moment de la publication de cet article, la police n’avait
pas encore donné sa réponse.
Source : Journal M. Collon
Walla, 1er janvier 2008
* Eilat Maoz est la coordinatrice générale de la Coalition des
Femmes pour la Paix . Fadi Shabita préside le mouvement
Sadaka-Reut .
(Traduction de l'hébreu : Michel Ghys)
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