COMMISSION ARABE DES DROITS HUMAINS

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2008-12-12

Lettre ouverte aux autorités du Maroc

 

                             

 

Solidarité Maroc 05 

Le monde célèbre le 60ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Force est de constater que ces droits sont souvent violés au Maroc, comme dans de nombreux pays, y compris la France. L’association Solidarité Maroc 05, a relevé quelques faits  récents qui vont à l’encontre de nombreux articles  de cet admirable texte qu’est la déclaration de 1948. C’est le Maroc vu de l’extérieur. En p.j. le texte complet de la déclaration universelle des droits de l’Homme.

1 -  Quelle égalité en dignité et en droits entre un enfant d’une famille « normale », et un gamin qui survit dans la rue, comme des dizaines de milliers de jeunes Marocains, grâce « au confort » que lui procure l’inhalation de colle et d’autres produits dangereux ?

2 - Tous les droits…sans distinction d’origine sociale… 75%  des étudiants issus de « bonnes familles » ont des chances de trouver un emploi alors que les jeunes issus de milieux défavorisés mettent parfois leur vie en danger pour obtenir un travail correspondant au diplôme acquis grâce aux sacrifices de leurs familles : Quatre jeunes sont actuellement en grève illimitée de la faim à Rabat, hébergés dans les locaux d’Attac Maroc, deux d’entre eux ont déjà été transportés à l’hôpital.

3 -  Droit  à la liberté, à la sûreté de sa personne : Aïcha Moksa se meurt d’un cancer parce que, avec la complicité tacite des autorités marocaines, les autorités françaises lui interdisent l’accès à un hôpital à cause d’ une simple confusion de nom, alors que sa place est retenue et payée.

4 -  Ni esclavage, ni servitude : Cinquante- cinq ouvriers de l’usine de matelas « Rosamor », exploités comme des esclaves, sont mortes de n’avoir pu s ‘échapper de l’usine en flammes : portes fermées à clé « pour éviter les vols », fenêtre grillagées. Il fallait d ‘abord sauver le matériel.

Par milliers les « petites bonnes » sont exploitées par leurs patrons, corvéables à merci du matin au soir.  Les plus jeunes ont moins de dix ans.

Ni torture, ni traitements dégradants : Il y a quelques jours Bouchta El Boudali, enchaîné aux barreaux de sa cellule, est mort sous la torture à la prison d’ Aïn Qadous, à Fès…

Zahra, la jeune étudiante du groupe des détenus de Marrakech  a été torturée puis laissée nue pendant plusieurs jours parmi ses camarades étudiants.

55 habitants de Sidi Ifni ont été arrêtés arbitrairement et torturés…Les femmes en particulier ont subi des traitements dégradants et humiliants.

6 -  Reconnaissance de la personnalité juridique : Les « fous » de Bouya Omar, brisés en tant qu’individus, n’ont pas de nom, même pas de numéros. Ligotés, des chaînes et des cadenas aux pieds et aux poignets, ils survivent dans la vermine, la crasse, avec la faim au ventre, oubliant qui ils sont.

7 -  Tous égaux devant la loi : Point d’internement pour ce membre de la famille royale qui a tiré impunément sur un policier qui lui a imprudemment demandé ses papiers pour avoir grillé un stop

8 -  Recours devant les juridictions nationales :  Déjà plus de six mois de prison pour le jeune Abdelkrim. Son crime : s’être approché de la voiture  royale, ému par un sourire bienveillant du souverain. Aucun recours, le dossier est vide, le juge le renvoie en prison.. La famille en détresse ne sait à qui s’adresser…

9 -  Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu… Douze arrestations arbitraires dont un écolier et une détention sans fondement à la suite d’un tabassage d’une sauvagerie inouïe ! Des habitants de Ben Msik ont osé protester contre l’implantation d’une antenne de téléphonie mobile dans leur quartier. Résultat : des blessés très graves, dont un homme de 88 ans qui a eu le bassin fracturé. Un bébé jeté à terre, visage griffé…

10 -  Droit à un tribunal indépendant et impartial  Le jeune Yassine Belassal, accusé d’avoir insulté le roi  en écrivant « Dieu, la Patrie, le Barça », a été arrêté, placé en garde à vue, battu, menacé de torture, condamné à un an de détention et à une lourde amende, sans être assisté par un avocat.

11 - Toute personne est présumée innocente tant que la culpabilité n’est pas établie  De quoi sont coupables les militants de Sidi Ifni ? D’avoir défendu les droits des citoyens à des services publics de qualité. Ils sont incarcérés depuis six mois dans des conditions inhumaines à l’ignoble prison d’Inezgane. De quoi était réellement coupable Ahmed Nacer, handicapé moteur et mental, jeté sans jugement en prison à 93 ans pour « atteinte au sacré », mort deux ans plus tard dans cette prison loin des siens ?

12 -  Pas d’immixtion dans la vie privée…A Sidi Ifni les forces de l’ordre ont pénétré dans les habitations, fracturant les portes, pillant, volant, violant, brisant tout sur leur passage.

13 -   Le droit de circuler librement :  Les autorités refusent le passeport à un prisonnier politique qui a passé un quart de siècle en prison et qui souhaiterait rencontrer à l’étranger des personnes qui l’ont soutenu.

19 -  Liberté d’opinion et d’expression  Après TelQuel , le Journal Hebdo, et bien d’autres, c’est au tour de Al-Massae, le quotidien le plus lu du Maroc, à être victime de condamnation arbitraire, procès, lourdes amendes au point d’être menacé de disparition…

20 -  Liberté de réunion et d’association. Un habitant d’ El Gantour, douar situé non loin de la ville de Youssoufia, toujours privé d’eau potable, a décidé d’organiser une marche de protestation  Malgré son grand âge (85 ans) les responsables du douar ont voulu s’opposer à cette marche, la  discussion a été violente au point de provoquer une crise cardiaque et le décès du vieil homme.

22 -  Droit à la sécurité sociale :  A l’usine Rosamor seuls 40 ouvriers sur 400 étaient déclarés. 87% de personnes âgées n’ont pas de couverture médicale, seules 84% ont une retraite….

Droits économiques, sociaux et culturels  ignorés des classes sociales en situation précaire , de plus en plus nombreuses : 44% de la population est dite vulnérable, 2% survit avec moins d’un dollar par jour. L’écart entre les très riches et les très pauvres ne cesse de croître

23 -  Droit au travail, protection contre le chômage, salaire égal pour un travail égal…Malgré un boom économique marocain qui profite à quelques uns et qui a fait reculer très légèrement le chômage, celui-ci est de 14% dans les villes et affecte principalement les jeunes : ceux qui ne trouvent pas de travail correspondant à leurs diplômes, et ceux qui n’ont pas eu de cursus scolaire et qui n’ont aucune perspective d’avenir… Leur rêve : s’expatrier coûte que coûte pour trouver du travail ailleurs.

24 -  Droit au repos et aux loisirs : Un luxe qui n’est pas concevable pour la population en survie dans les bidonvilles…

25 – Droit à un niveau de vie suffisant pour assurer bien-être et santé à sa famille… Le Maroc se situe au 126ème  rang dans le domaine du développement humain, (PNUD) derrière la Namibie.

26 -  Droit à l’éducation , à l’enseignement élémentaire obligatoire , pour le plein épanouissement de la personnalité humaine.. Malgré de nombreux plans ambitieux, colloques et autres grandes rencontres, le bilan de l’enseignement primaire est désastreux. Des rapports dénoncent une baisse  inquiétante dans tous les domaines. 40% des élèves ne terminent pas leur scolarité, des centaine de milliers d’enfants restent ainsi livrés à eux-mêmes..  D’après l’étude PIRLS (programme international de recherche en lecture scolaire), les élèves de 4ème année sont classés 43èmes  sur 45 pays traités  A Ifrane, dans le Moyen Atlas, seuls 0,7% des élèves maîtrisent les connaissances de base de toutes les matières.

Les enseignants sont mal formés, sous-payés, donc pas motivés. Les écoles rurales sont sous-équipées, surchargées (parfois plus de 40 élèves par classe)  60% d’écoles n’ont pas l’électricité, 75% pas d’eau courante, 80% pas d’équipements sanitaires. Les toilettes sont un luxe rare…

 28 -…Sur le plan social, un ordre  qui respecte  les droits et les libertés  énoncés dans la présente déclaration…Des pluies diluviennes se sont abattues sur le Maroc il y a quelques mois. La population  des régions marginalisées (Rif, Moyen Atlas…) se plaint de la fragilité des infrastructures, qui s’effondrent sous la pluie, fragilité due à la corruption hélas omniprésente et elle demande le secours des éléments de la protection civile. Les autorités font  appel aux forces de l’ordre pour intimider la population et décourager les revendications. ( à Nador, Emintanout, etc.)

29 -  ..Respect des droits et liberté d’autrui afin de satisfaire aux justes exigences de la morale, de l’ordre public et du bien-être général dans une société démocratique : Les droits les plus élémentaires des migrants subsahariens ne sont pas respectés. Ils sont pourchassés, parfois abattus  comme des terroristes.