Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Ministre des Affaires étrangères,
Nous apprenons avec émotion et colère que,
sur proposition ce lundi 9 décembre de Bernard Kouchner,
ministre des Affaires étrangères français, et alors que la
France assure la présidence tournante de l’Union européenne,
l'UE a décidé d’intensifier ses relations avec Israël et de
donner ainsi des gages supplémentaires à l’intensification de
l’occupation, du siège imposé à la population de la bande de
Gaza, de la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem qui
vise à rendre caduc tout projet d’établissement d’un Etat
palestinien dans les frontières de 1967.
Ce faisant, les ministres des Affaires
étrangères européens manifestent leur mépris pour le Parlement
et les parlementaires européens qui avaient décidé d'ajourner le
vote jusqu'à ce que les choses changent sur le terrain.
Cette
coopération renforcée doit se traduire entre autres par « la
possibilité d'inviter Israël à participer aux missions civiles »
menées dans le cadre de la politique européenne de défense et de
sécurité et à engager avec Tel-Aviv « au moins une fois par
an » un dialogue informel sur les questions stratégiques. Ce
renforcement des relations concerne tous les domaines
-politique, économique, scientifique, ou sécuritaire.
On comprend
que la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni
ait qualifié cette annonce de « succès significatif pour la
diplomatie israélienne, qui ouvre une nouvelle page » dans
les relations avec l'UE, et ce alors que la politique
israélienne organise l’impasse du processus de paix. On comprend
aussi la « profonde inquiétude » manifestée par les
Palestiniens. « L'UE est un groupement fondé sur des valeurs
et des idéaux incompatibles avec les violations du droit
international et des droits humains commis par Israël » a
déclaré Salam Fayyad qui interroge : « Le processus politique
dans lequel l'UE souhaite être un acteur clef a pour objectif la
création d'un Etat palestinien. Comment un tel Etat peut-il voir
le jour avec la poursuite de la colonisation ? »
La décision
des ministres des Affaires étrangères européens, sur proposition
du ministre français, n’est pas seulement un déni de
justice et une prime à l’impunité,
c’est aussi un message clair adressé au gouvernement
israélien, message selon lequel la poursuite de la violation de
ses engagements et du droit international ne constitue pas une
entrave à son intégration toujours plus poussée dans l’UE. Un
message adressé au Palestiniens selon lequel ils n’auront droit
qu’à des sanctions, au déni de leurs droits, à des poussières
d’Etat enclavées, étriquées, sans présent et sans avenir. Un
message adressé aux militants de la paix anticolonialistes
israéliens selon lequel la France et l’Europe se moquent de leur
combat. Un message aux citoyens européens selon lequel l’avenir
en Méditerranée, c’est la forclusion du droit et la prime au
plus fort.
Engagés pour
le droit et pour la paix, nous ne pouvons l’accepter.
Israël qui
n’est pas un Etat au-dessus des lois ne saurait bénéficier d’un
avantage qui ne pourrait être compris que comme une prime à la
violation du droit international et un renoncement aux valeurs
défendues par l’Union européenne.
Nous demandons
la suspension de l’accord d’association entre l’UE et Israël
tant qu’Israël ne respecte pas les droits humains et ne se
conforme pas au droit international et à ses engagements. Nous
dénonçons le « rehaussement » des relations entre l’UE et Israël
auquel les ministres viennent honteusement de consentir. Nous
vous demandons de ne pas entériner cette décision.
Une exigence que nous portons
et porterons avec nos partenaires palestiniens, israéliens et
européens.
Paris le 10
décembre 2008
Président de
l'Association France-Palestine Solidarité
http://www.france-palestine.org/article10584.html
--
Association France-Palestine Solidarité (AFPS)
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