Violette
Daguerre a été observatrice au second procès de Brahim Sbaâ
Ellil et de Hassan
Rachidi à Rabat.
Le Tribunal de
première instance de Rabat a rendu des jugements iniques les 10
et 11 juillet à l’encontre de Brahim Sbaâ Ellil, président de la
section de Sidi Ifni du Centre marocain des droits humains et de
Hassan Rachidi, directeur du bureau d’Al Jazira à Rabat, pour
diffusion de fausses informations. Le premier a été condamné à
six mois de prison ferme et à une amende. Le second a été
condamné à 50 000 dirhams (5 000 €) d’amende.
Les avocats des prévenus, soutenus par les défenseurs des droits
humains qui avaient manifesté leur solidarité, ont décidé de
faire appel de ce jugement insensé, pris en application de
l’article 42 du Code de la presse, qui ne repose sur aucun
élément tangible et sur aucune enquête sur les événements du 7
juin 2008 à Sidi Ifni.
Al Jazira a été
ciblée pour avoir diffusé ces informations, que Sbaâ Ellil n’a
pas été le seul à donner, mais de nombreux autres journaux et
agences de presse les ont reprises.
Le but de toute l’opération est de porter atteinte à la liberté
d’expression, face à laquelle le pouvoir commence à perdre
patience. On a déjà connu cela au Maroc : le même juge Mohamed
Alaoui du même tribunal de Rabat a déjà condamné d’autres
journalistes à des peines diversifiées, et on attend le résultat
des appels. Le journaliste Ali Mrabet, directeur du magazine
Douman/Demain, a été condamné il y a quelques années
à 4 ans de prison ferme et à l’interdiction de pratique
professionnelle pendant 10 ans. Grâcié apr le roi, il a préféré
partir en Espagne. Même chose pour le directeur du Journal
Hebdo, Aboubakr Al Jamai, condamné en 2007 à une amende de 3,5
millions de dirhams (350 000€). Il a été contraint de
démissionner et de s’enfuir aux USA.
Le directeur du
journal Al Ousboua (La Semaine), Mustapha El Alaoui, doyen des
journalistes marocains, a, lui, été condamné, à une amende de
17 000 €.
Mais le record a
été atteint par le directeur du quotidien Al Massae (Le
Soir), Rachid Niniy, condamné pour offense aux Procureurs du Roi
à 516 000 € d’amende.
Des organisations
arabes et internationales de défense des droits humains, qui
avaient envoyé des observateurs assister au procès, ont publié
une lettre ouverte au président du Tribunal de Rabat avant le
procès, lui demandant d’arrêter les poursuites à l’encontre des
prévenus et de reporter le procès, afin que tous les éléments du
dossier soient réunis et que l’enquête sur les événements du 7
juin soit complétée, et les avocats ont réitéré cette demande à
l’ouverture de l’audience du 4 juillet, qui a duré 10 heures.
Ils ont ainsi marqué de manière très efficace et professionnelle
leur souci de défendre non seulement leurs clients mais aussi
l’indépendance et la réputation de la justice.
Mais le verdict est tombé après le refus du tribunal d’entendre
les témoignages des victimes de la répression du 7 juin et de
personnalités des secteurs des droits humains et de
l’information, qui ont soit publié des informations soit
participé à des enquêtes sur les événements du 7 juin ; parmi
elles, ATTAC Maroc, l’AMDH, l’OMDH et la Ligue amazighe des
droits de l’homme. Le juge El Alaoui a aussi refusé de convoquer
la Commission d’enquête parlementaire ainsi que celle du Parti
Justice et développement (PJD), bien que celles-ci aient été le
fruit de décisions politiques..
Il a aussi a refusé de convoquer des hauts responsables ayant
joué un rôle-clé dans les événements et ayant même fait des
déclarations aux médias, par exemple le ministre de l'Intérieur
Chakib Benmoussa, le gouverneur de Tiznit et l'Inspecteur
général des Forces auxiliaires, le général Hamidou
Laânigri et d'autres responsables.
Mais l’affaire
était jugée d’avance : les juges avaient reçu l’ordre de laisser
un peu de temps pour l’ opération, mais à condition que le
jugement rendu soit dans l’intérêt du gouvernement et non des
victimes. Les avocats de la défense se sont donc retirés de la
salle d’audience pour protester contre le refus du juge de tenir
compte de leurs demandes et arguments.
La lettre évoquée
plus haut rappelle que Brahim Sbaâ Ellil était absent à la
première audience du 1er juillet, étant détenu à la
prison central de Rabat-Salé, où il avait été conduit le du 27
juin immédiatement après la conférence de presse du CMDH. Il a
été conduit à la seconde audience du 4 juillet, menottes aux
mains, et il a confirmé que tout ce qu’il avait déclaré aux
médias relevait de son activité et de ses convictions de
défenseur des droits humains, outre le fait qu’il était lui-même
de Sidi Ifni Aït Baamrane et ne pouvait qu’être concerné par
l’offensive militaro-policière contre sa ville et son quartier.
Il a dit être prêt à payer le prix de ses convictions.
L'essentiel des
interventions de la défense de Sbaâ Ellil a tourné autour de
l’argument que le procès n'avait pas de base juridique, et qu’i
reposait sur des charges fabriquées. Les avocats ont mis en
garde : attention que ça ne soit pas un règlement de compte
entre l’État et les Aït Baamrane. En effet, Sbaâ Ellil aurait du
être jugé dans la juridiction de Tiznit et de la Cour d’Appel
d’Agadir.
La première
audience a été fixée au 1er juillet, soit à peine 72
heures après l’arrestation de Sbaâ Ellil, malgré le refus des
avocats qui voulaient avoir plus de temps pour étudier le
dossier. Le juge a refusé d’entendre le moindre témoin sur les
événements du samedi noir afin de mettre au clair les questions
du nombre de morts, de viols et d’abus et de déterminer si les
informations données par Sbaâ Ellil et reprises par Al Jazira –
qui ont motivé les inculpations - étaient correctes ou non.
Le juge a brandi
en fin d’audience un CD-ROM – disant : "Voilà la preuve" - mais
sans jamais permettre à la défense de prendre connaissance de
son contenu.
En plus, la
défense a soulevé le contournement de la loi opéré par la
justice : Sbaâ Ellil a été inculpé deux fois, dans deux
procédures distinctes, pour les mêmes faits, ce que la loi
exclut.
A été également
démontrée l’incompétence du tribunal à juger le directeur du
bureau régional d’Al Jazira pour les faits qui lui étaient
reprochés – diffusion de fausses informations – puisqu’il
n’était pas responsable de cette diffusion, et le procureur
n’est d’ailleurs pas parvenu à prouver le contraire.
Tout en étant
conscients du caractère politique de ce procès, les avocats et
les défenseurs des droits humains ont tout fait pour permettre à
la justice de se montrer équitable et indépendante par rapport
au pouvoir exécutif, pour l’amener à prendre ses distances par
rapport aux manœuvres de l’appareil policier, qui la manipule
comme il veut. Ceci afin de maintenir une soupape de sécurité
dans les relations entre l'État et la société.
Depuis la promulgation de la loi contre le terrorisme, qui
restreint les libertés et droits fondamentaux, le Maroc a connu
un grave retour en arrière, après quelques années
d’améliorations dans le domaine de la justice, de l’information
et des droits de l’homme. Avec le
Code de la presse,
on liquide le peu d’espace de liberté grignoté par les chaînes
satellitaires. Les médias passent désormais sous le contrôle de
l'appareil de sécurité.
Les causes qui ont été à l’origine de ces procès sont toujours
là, même si on parle moins de la situation dans cette ville
sinistrée, et ce sont elles qui expliquent ces procès.
Tout à coup, après le complot du silence qui s’était abattu sur
cette ville martyr, la ténacité de ses habitants a braqué à
nouveau les regards sur Sidi Ifni, qui a reçu des caravanes de
solidarité, des délégations de comités populaires et
parlementaires créés pour établir la vérité, des associations de
droits de l'homme et des partis politiques. Ceci bien que
beaucoup de familles de Sidi Ifni aient quitté la ville par
crainte de poursuites sécuritaires. De nombreux jeunes ont
quitté leurs foyers, dont quelques-uns se sont réfugiés dans les
montagnes environnantes, de crainte d'être arrêtés. Les
manifestations pacifiques de protestation de la population
continuent ainsi que les poursuites policières; à ce jour 12
militants ont été arrêtés.
Les autorités
sont excédées par les "fauteurs de troubles" qui n'ont pas
arrêté leurs protestations tant que les promesses dont on les a
abreuvés ne sont pas tenues. La ville a eu à payer pour son
refus d’obéir aux autorités ; le prix de son défi a été la
répression en pleine nuit, les intrusions dans les domiciles,
les coups, les vols, les viols et les atteintes à la pudeur et à
la dignité. Ils ont utilisé des matraques, des balles et des gaz
lacrymogènes, ils ont giflé, donné des coups de pied, violé,
proféré des injures, notamment raciales. Cette répression a
frappé des gens qui n’étaient pas impliqués au départ dans les
protestations, pris malgré eux dans la tourmente. Un des témoins
de ces événements a dit qu’il n’avait vu de telles scènes qu’à
la télévision, dans des reportages des territoires occupés
palestiniens livrés aux colons et à l’armée sionistes et qu’il
n’aurait jamais pensé que cela pourrait arriver dans son pays,
de la part de policiers compatriotes.
Tout cela parce
que les enfants de Sidi Ifni ont décidé durant une semaine de
manifester et de bloquer l’accès au port de leur ville, pour
mettre un terme au pillage de leurs richesses, notamment
halieutiques. La goutte qui a fait déborder le vase a été
l’annonce des résultats du tirage au sort de 8 candidats à un
emploi sur mille pour des emplois d’éboueurs. Un immense
sentiment de frustration a provoqué la rébellion et la
protestation a entraîné toute la population, qui s’est organisée
et structurée autour de revendications spécifiques et claires.
Malgré le
caractère sacré du corps et leur pudeur, les femmes ont osé
témoigner devant l’opinion publique, notamment par le biais de
l'Internet, de ce qu’elles ont subi comme humiliations,
profanations, viols et atteintes à leur dignité. Divers rapports
ont établi des viols, des témoins ont dit avoir vu des morts à
plusieurs endroits. L’association ATTAC Maroc a indiqué dans son
rapport après l'enquête menée sur les événements de Sidi Ifni
avoir eu connaissance de 3 cas de viol au moins, en donnant des
preuves, des noms et des prénoms.
Mais pour chaque
règle il y a des exceptions. Une association locale (l’OMDH,
NdT) soutenue par une association internationale (la FIDH,
NdT), a dit, par la voix de sa présidente, qu’il n’y
avait eu ni morts ni viols de femmes à Sidi Ifni.
Ce qui est
catastrophique, c’est que ces propos émanent d’une femme qui
défend les droits de l’homme. Or, la caractérisation du crime de
viol n’implique pas nécessairement la pénétration sexuelle. Cela
a été même reconnu par l’institution la moins soucieuse de
droits de l’homme des Nations unies, le Conseil de sécurité.
Mais comment peut-on expliquer l’existence de témoignages sur
des cas de viol et de violences sexuelles, dans une société où
il n’est pas facile pour une femme de parler de ce genre de
choses ?
Si le juge avait accepté de faire comparaître les témoins
présentés par la défense, peut-être aurait-on pu avoir
confirmation d’une réalité niée par les officiels, en se
fondants sur des preuves et non sur des approximations.
Après Harbil /
Marrakech et Beni Samim, Sefrou, Khenifra, Tanger et Boumal
Ndadès, le tour est venu pour une petite ville marginalisée du
sud du Maroc d’être mise sous le feu des projecteurs par le
soulèvement de ses jeunes contre la frustration et le chômage,
le pillage, la répression et la marginalisation économique et
administrative. Leurs revendications : la création d’emplois et
l'accès à des services gratuits améliorés pour une population
qui est privée d’eau courante, d’écoles et de dispensaires
dignes de ce nom.
Privés de tout, bafoués dans leur dignité et leur honneur, ils
ont vu les prédateurs voler les terres, le sable et la mer, avec
tout ce qu’elle contient. Peut-on leur reprocher de ne plus
faire confiance à aucun parti politique et de ne compter que sur
eux-mêmes et sur quelques ONG ?
L’enjeu est
immense et les associations de droits de l’homme ne doivent pas
trahir la confiance mise en elles en se laissant
instrumentaliser par les autorités ou par les dirigeants des
partis politiques pour publier des rapports complaisants. Il
faut éviter que certains d’entre eux viennent un jour dire :
«oh, il n’y avait pas besoin de protester », ou « il fallait un
peu de patience et de prudence » pour « protéger les
institutions publiques » et la fluidité des "investissements
étrangers" etc.
Est-ce parce
qu’au Maroc, il y a une société civile active et une presse
indépendante et dynamique que les autorités veulent en finir ?
Est-ce que parmi ceux qui, dans le système sécuritaire, ont été
éduqués à la violence, il ne se trouve personne pour dire non,
quitte à risquer son poste, et sauver la dignité de l’homme
marocain ?
Sans une justice
impartiale et indépendante du pouvoir exécutif, que peuvent les
lois les plus avancées? Existe-t-il des garanties dans une telle
situation, que la loi soit appliquée pour engager des poursuites
contre des responsables, quand ils commettent des crimes? Est-ce
que le Maroc qui vit comme d’autres pays une hausse vertigineuse
des prix, la dilapidation des fonds publics et la corruption
endémique dans toutes ses institutions, restera à l'abri de la
montée des tensions sociales et de la désintégration de la paix
sociale? Qu’attendent les régimes qui font subir à leurs peuples
l'humiliation, la pauvreté et la marginalisation d’autre que
protestations, révoltes et soulèvements contre leur situation ?
La prise de
conscience du mouvement de protestation et sa grande capacité à
garder le secret, à s’organiser et à surprendre a montré, après
des années de manifestations, de sit-in, de grèves de la faim,
que l’on peut compter sur les forces populaires et pas seulement
sur les élites, sur l’instinct populaire et ses formes
d'organisation, sur le renouvellement constant de ses actions, à
l’écart de diktats venus d’en haut.
Le mouvement des
chômeurs a démontré sa capacité à s’organiser et à réaliser
certaines revendications par sa ténacité, sa crédibilité, sa
solidarité et la confiance mise en lui par la population. Il
s’agit d’un travail sur le terrain entre les fils de la nation
forts de leur détermination et de leur bon droit, loin des
réunions et conférences, des slogans creux, des mouvements
saisonniers et des demandes d’aumônes. Ils croient que leur pays
a des richesses non seulement naturelles mais humaines ; ils ne
veulent pas que cette richesse humaine parte dans les bateaux de
la mort et ils ne veulent pas vendre leur force de travail pour
des salaires dérisoires.
Le scénario de
Sidi Ifni préfigure ce qui est à venir dans ces pays et dans
d’autres pays dont n’entend pas parler en raison du black-out
sur les moyens de communication avec le reste du monde. Ces
moyens sont divers et je ne m’aventurerai pas à les recenser de
peur d’en oublier. C’est aussi une répétition de ce qui s’est
passé dans d’autres pays arabes, comme Mahalla Al Koubra en
Égypte ou dans le bassin minier de Gafsa en Tunisie. Alors qu’on
assiste à un retour progressif au calme à Mahalla, il est
notoire que la population du bassin de Gafsa continue à être
prise au piège par les forces de sécurité et l'armée, surtout
depuis le 6 Juin, où l’on a tiré à balles réelles sur les
citoyens et on a lancé une série d'arrestations contre les
dirigeants du mouvement de protestation et la jeunesse de la
région. Ils subissent les tortures et mauvais traitements, les
arrestations arbitraires, les perquisitions et les procès
inéquitables. Ici aussi, les solutions sécuritaires ont été la
seule réponse trouvée par les autorité face aux protestations et
aux mouvements de solidarité, alors que règnent le chômage,
l'exploitation, le népotisme et la bureaucratie dans le tissu
social, institutionnel et administratif de la région comme du
reste du pays.
Le jugement des fonctionnaires responsables de crimes est une
bataille cruciale que la société civile doit affronter pour
arrêter les violations flagrantes des droits de l'homme.
L’exemple est donné par l'Association marocaine pour les droits
de l'homme, qui a déposé une plainte en juin 2007 contre
Hamidou Laânigri, accusé d'être impliqué dans des
violations flagrantes des droits de l'homme dans les années de
plomb, bien que le ministère public ait classé le dossier au
lieu de procéder de manière indépendante et impartiale.
D'autres plaintes
ont été déposées par les chômeurs et leurs familles, victimes du
samedi noir de Sidi Ifni, et par la Coalition pour la défense de
la liberté contre le général Benslimane, qui a
échappé plus d'une fois à des poursuites. D'autant plus que son
nom a été associé à la pratique de la torture avec la CIA contre
des suspects de terrorisme, comme l’affirme Driss Oueld Kabla
(directeur de l’hebdomadaire Al Mechaal, NdT), et
qu’une commission du Congrès US a exigé des poursuites contre
lui. On est sûr que Rabat a accueilli des avions de la CIA
opérant des « transferts extraordinaires » plus d'une fois entre
2002 et début 2005.
Par conséquent,
beaucoup de gens pensent que si le système judiciaire marocain
persiste à refuser de convoquer certaines personnes influentes
et des responsables de la sécurité pour ce qui s'est passé à
Sidi Ifni et ailleurs, la commission d’enquête parlementaire
n’apportera rien de nouveau. Le résultat en sera un boycott des
élections et la formation d'un déséquilibre dans la stabilité de
ce pays qui avait fait des progrès par rapport à d'autres dans
le domaine des droits de l'homme. Des juristes et des démocrates
marocains vivant en France envisagent de former un comité pour
demander des poursuites contre les responsables des violations
qui ont eu lieu à Sidi Ifni, au motif que l'État marocain s'est
engagé vis-à-vis de la communauté internationale à respecter les
droits de l'homme et à ne pas permettre la répétition de ce qui
s'est passé pendant les années de plomb.
En plus de la tyrannie de ces fléaux, le peuple marocain comme
d’autres, vit au rythme des augmentations des prix du pétrole et
du gasoil, qui se reflètent sur les prix des denrées
alimentaires qui ont récemment augmenté. Cela va augmenter la
pression dans la cocotte-minute sociale, ce qui va à son tour
déclencher une vague de colère populaire et de protestations. Si
la situation devient critique, l’approche sécuritaire
traditionnelle ne résoudra rien, pas plus que le noyautage des
syndicats et les subventions aux produits de première nécessité.
Un cri d’alerte
est lancé par le monde ces dernières années, du fait de la
situation sociale et des crises économiques et
environnementales. Le prix du pétrole ne cesse d’augmenter,
ainsi que la demande de carburants et d’agrocarburants. Cela se
traduit par une augmentation spectaculaire des prix des céréales
et une crise sur les marchés des matières premières. Cela
s’accompagne d’une baisse des ressources maritimes sous l’effet
de serre et la pollution, des changements dans les volumes de
ces richesses d'une région à l'autre en raison des fluctuations
climatiques. Ce qui affecte la vie de centaines de millions de
personnes vivant des ressources maritimes. Celai conduira
inévitablement à des soulèvements de la faim, qui ravagera
surtout les pays pauvres à cause de la sécheresse, de
inondations et des migrations de masse.
La canicule de
l'été 2003 en Europe et le cyclone Katrina qui a balayé les USA
en 2005 et a détruit ce qu’il a détruit ont mis la puce à
l’oreille des autres pays industrialisés qui ont compris qu’ils
n’étaient pas à l'abri de la colère de la nature, qui coûte cher
aux États. Toutefois, il est certain que les changements
climatiques affecteront plus les pays en voie de développement,
qui n'ont pas de moyens suffisants pour affronter ces
catastrophes et leurs effets. Ce déséquilibre va se renforcer et
fera monter la tension : il y aura de nouvelles migrations des
pays pauvres vers les pays industrialisés et développés. Ce
qu’on appelle la migration climatique exige la solidarité et une
plus grande interaction entre les pays pour faire face à ce type
de catastrophes. Selon un spécialiste des sciences climatiques,
Mohammed Saïd Karok, les pays méditerranéens connaissent une
augmentation remarquable de leurs températures et une forte
diminution de pluviosité due au déplacement des tempêtes du sud
vers le nord. Les surfaces arides vont s’étendre et la
température va s’élever au printemps et en été.
Face à une telle
situation inextricable, il n’y a pas d’autre choix que la
résistance civile et l’invention de nouvelles formes de lutte,
quel qu’en soit le prix.
Dans cette
situation critique, chaque individu doit être responsable de son
existence et des conditions de sa société sans compter sur les
autres. Alors que les politiques internationales ont causé les
crises et les politiques nationales ont démontré leur échec, les
gros poissons non-gouvernementaux déploient une stratégie visant
à blanchir leur image et à se rapprocher des centres financiers
de pouvoir plutôt que d’apporter leur soutien aux opprimés et
aux démunis.
Aujourd'hui, on
voit les dirigeants arabes se précipiter pour participer à
l’Union pour la Méditerranée, qui vise à la domination
occidentale et à l'exploitation des richesses des pays arabes et
à faciliter la poursuite du soutien des USA et de l’Europe à
l'entité sioniste. Au lieu de travailler à la construction de
l'Union du Maghreb arabe et au renforcement de la Ligue arabe, à
réaliser l'intégration économique et la croissance et assurer la
sécurité, la stabilité et la paix dans les pays arabes et à
affronter les projets impérialistes et sionistes.
Mais pour cela,
encore faudrait-il qu’ils soient unis et non pas dispersés comme
ils le sont aujourd'hui.
Source :
http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=5489&lg=ar
Article original publié le 17 juillet 2008
Sur l’auteur
Traduit
par Tafsut Aït Baamrane, Tafsut Aït Baamrane est membre de
Tlaxcala,
le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette
traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter
l’intégrité et d’en mentionner l’auteure, la traductrice et la
source.
URL de
cet article sur Tlaxcala :
http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=5514&lg=fr
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