COMMISSION ARABE DES DROITS HUMAINS

Arab Commission for Human Rights
5, rue Gambetta
92240-Malakoff- France
Tel 0033140921588 Fax 0033146541913

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International NGO in special Consultative Status with the Economic and Social Council of the United Nations

 
  English 2008-06-09    
 

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Les événements de Redeyef en Tunisie - Ahmed Nejib Chebbi

 

 

Un mort et des dizaines de blessés par balles sont tombés à l'issue d'une nouvelle journée d'affrontements entre la population et les forces de l'ordre à Rédeïef, ville minière du Sud-ouest tunisien.

La persistance de la contestation sociale dans le bassin minier depuis le 5 janvier dernier et la tournure dramatique des derniers évènements attestent de la gravité de la situation et de l'inanité des atermoiements de la politique gouvernementale. La crise est grave et grosse de menaces quant à la stabilité sociale et politique du pays.

Les habitants de Redeïef, Moulares et Metlaoui, réclament plus d'égalité dans la répartition des richesses nationales, plus de transparence et une égalité des chances dans l'emploi.

Le mouvement est en effet parti d'une protestation contre le népotisme et l'opacité dans le recrutement à la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) et contre le chômage endémique qui sévit dans une région particulièrement frappée par la pauvreté.

Les taux d'analphabétisme, d'échec scolaire et de chômage, particulièrement parmi les jeunes diplômés, sont des plus élevés dans le pays. La pollution fait des ravages parmi la population et dans l'agriculture en raison des fumées dégagées par les usines de traitement du phosphate et des dépôts de matières sulfuriques qui s'infiltrent dans la nappe phréatique. L'infrastructure hospitalière et sanitaire y est des plus rudimentaires. L'animation culturelle et artistique inexistante. L'investissement y fait gravement défaut et l'Etat fuit ses responsabilités.

La région ne manque pourtant ni de ressources humaines ni de ressources naturelles. Des matières premières peuvent être transformées localement pour donner lieu à la création de briqueteries, d'usines de ciment ou de câbles. Des études réalisées à ce sujet croupissent depuis des années sur les étagères de la bureaucratie régionale et gouvernementale.

L'Etat se doit d'accorder la priorité au développement des infrastructures routières, ferroviaires, hospitalières, scolaires et culturelles dans ces régions. Il y va de l'unité et de la stabilité du pays.

Des incitations exceptionnelles doivent accompagner cet effort pour encourager les investisseurs privés à s'établir dans la région. En attendant, les Entreprises du Secteur Public, notamment la CPG et la SNCFT doivent s'associer à cet effort d'investissement en vue d'essaimer dans la région des entreprises de transformation, créatrices de richesses et d'emplois.

J'adresse à l'occasion de ces évènements dramatiques mes vives condoléances à la famille du défunt Hafnaoui Ben Ridha Ben Hafnaoui, mort à l'âge de 18 ans, exprime ma sympathie et mon vœu de prompt rétablissement aux dizaines de blessés et réaffirme mon soutien total aux justes revendications des habitants du bassin minier.

Je saisis cette occasion pour rappeler la nécessité d'instituer des assemblées régionales élues, comptables de leurs actes devant les électeurs. Ces Assemblées doivent disposer d'un budget suffisant pour prendre en charge les questions du développement régional. Il y va du sentiment d'appartenance national et de justice dans la répartition de l'effort de développement dans le pays.

La réforme et la libéralisation du système politique constituent aussi une condition pour mettre fin au sentiment d'injustice engendré par le népotisme et la corruption. Elle impliquent l'abandon du traitement exclusivement sécuritaire des crises et le dialogue avec les représentants de la société civile, des porte- parole des mouvements sociaux en vue de résoudre les problèmes en suspens.

Le déséquilibre régional, la faiblesse des investissements, le du chômage galopant, la corruption et le népotisme rampant ne sont pas propres au bassin minier. Ce sont des fléaux qui frappent l'ensemble du pays et réclament un changement politique.

L'instauration d'un régime démocratique, représentatif et comptable de ses actes devant les citoyens au moyen d'élections libres, est on ne peut plus nécessaire pour la poursuite de l'effort de développement et le maintien de la stabilité et de la paix civile dans le pays.

L'échéance de 2009 nous donne l'occasion d'exiger et d'imposer cette Réforme. Elle ne doit pas être par notre passivité ou notre myopie politique l'occasion d'une reproduction du même système autoritaire, de pouvoir personnel, de parti unique et de présidence à vie qui a touché à ses limites et menace par le vide politique qu'il crée de pousser le pays au bord du précipice.

 

 

 

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