COMMISSION ARABE DES DROITS HUMAINS

Arab Commission for Human Rights
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  English 2007-08-10    
 

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Vaincre la conspiration contre la Palestine - Ali Abunimah

 

"Soyez assuré que les jours de Yasser Arafat sont comptés, mais laissez nous en finir avec lui par nos propres moyens, pas par ôtres. Et soyez également assuré que (...) je donnerais ma vie pour tenir les promesses que j'ai faites devant le Président Bush." Ces mots ont été écrits par Mohammed Dahlan, chef de guerre du Fatah, dont les troupes soutenues par les USA et Israël ont été écrasées le mois dernier à Gaza par les forces du Hamas, dans un courrier envoyé le 13 juillet 2003 au ministre israélien de la défense de l'époque, Shaul Mofaz, et publiée par le Hamas sur son site Web le 4 juillet dernier.


Dahlan, qui reste - malgré son échec à Gaza - un des principaux conseillers du Président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, y décrit sa conspiration pour renverser Arafat, détruire les institutions Palestiniennes et les remplacer par un gouvernement collaborationniste entièrement contrôlé par Israël. Dans sa lettre, Dahlan décrit sa crainte de voir Arafat convoquer le conseil législatif Palestinien et d'exiger qu'il retire sa confiance au Premier Ministre Mahmoud Abbas, nommé un peu plus tôt en 2003 à la demande expresse de Bush afin de contrecarrer l'influence d'Arafat.


Toujours dans le même courrier, Dahlan écrit qu'il est vital que "tout le monde coopère de manière coordonnée" afin d'éviter la déchéance d'Abbas mais aussi de "soumettre [Arafat] à une pression de tous côtés afin qu'il ne puisse entreprendre cette action". Dahlan révèle que "nous avons déjà entrepris des mesures d'intimidation et de corruption pour influencer l'avis de nombreux membres du conseil afin qu'ils votent avec notre camp et non avec celui d'Arafat".


Dahlan termine sa lettre à Mofaz en écrivant, "Il ne me reste plus qu'à vous remercier, vous, et le premier ministre [Ariel Sharon] pour la confiance permanente que vous nous accordez, et de vous transmettre mes respects."


Cette lettre est une petite mais flagrante preuve à verser au volumineux dossier prouvant la conspiration dans laquelle est impliquée l'administration Abbas. Depuis la nomination, le mois derniers, par Abbas, d'un "gouvernement d'urgence" sous Salam Fayad (S) des dirigeants historiques du Fatah, comme Farouq Qaddumi et Hani al-Hassan ont clairement fait connaître leur opposition à Abbas, rejetant notamment catégoriquement l'idée d'un désarmement des résistants palestiniens, alors que la colonisation et l'occupation militaire israélienne se poursuit de plus belle.


Cette preuve montre que la fracture palestinienne ne passe pas entre "militants du Fatah" et "militants du Hamas", ni entre "extrémistes" et "modérés" ou "islamistes" et "laïcs", mais entre une minorité soumise à l'ennemi qui a fait le choix de la collaboration et ceux qui défendent le droit et le devoir de résister à l'injustice.


Les dirigeants israéliens, de leur côté, sont très clairs dans leurs exigences vis-à-vis de leurs vassaux Palestiniens. Dans un article dans Ha'aretz, Ephraim Sneh, jusqu'à peu encore Ministre adjoint israélien de la défense, résume parfaitement le point de vue de l'establishment israélien :


"A l'heure qu'il est, pour Israël, la mission la plus urgente et la plus importante est de prévenir une prise de contrôle de la Cisjordanie par le Hamas. Il est possible de le faire en affaiblissant le Hamas à travers des progrès diplomatiques tangibles; en aidant au fonctionnement efficace et performant du gouvernement du Premier Ministre palestinien Salam Fayad et enfin en créant les conditions d'un échec total du régime Hamas dans la Bande de Gaza" (Cité dans "How to stop Hamas," Haaretz, 17 July 2007).


Sneh explique ensuite que "si l'on veut remporter la victoire, les campagnes militaires et les arrestations ne suffisent pas -- il est impératif de faire échouer de manière publique le Hamas afin de favoriser une autre élément Palestinien." Cet autre élément, c'est le Fatah. Sneh détaille un certain nombre de mesures pour parvenir a ce résultat, y compris délivrer plus de permis de travail pour des Palestiniens dans les emplois subalternes en Israël, libérer des prisonniers du Fatah et restituer aux Palestiniens l'argent des taxes d'importation accaparé par Israël. Par contre il ne mentionne aucunement l'arrêt de la construction de colonies juives, la fin de l'occupation militaire et l'abrogation des lois et pratiques racistes. Cultivant le flou caractéristique des déclarations israéliennes, il explique qu'il "est nécessaire d'engager une discussion avec le Président Palestinien afin de poser les bases d'un accord permanent sur nos statuts respectifs". Quatorze ans après Oslo, ce genre de propos ne risque pas de convaincre grand monde parmi les sceptiques.


Depuis la signature des accords d'Oslo, Israël a fait tout son possible pour saper le concept d'un Etat Palestinien, humiliant constamment l'Autorité Palestinienne. D'où vient alors cette soudaine sollicitude pour la présidence Abbas ? Pourquoi soudain remettre cette Autorité Palestinienne en selle ? Pourquoi ne pas laisser l'appareil politique palestinien s'effondrer pour de bon et se proclamer vainqueur ?


Les leaders israéliens savent que le soutien de l'opinion internationale au concept "d'État Juif" dépend de sa capacité à occulter le fait que les juifs ne sont plus majoritaires, ni en Israël, ni en Cisjordanie, ni dans la Bande de Gaza. Israël a besoin de la feuille de vigne d'un État Palestinien souverain pour se purger ses statistiques de millions de Palestiniens – tout comme le régime d'apartheid en Afrique du Sud avait tenté de faire croire au mythe des "Homelands noirs indépendants", les Bantoustans, pour prolonger le pouvoir blanc et lui donner un vernis légitime. Si l'Autorité Palestinienne s'effondre, le Fatah, qui a perdu son soutien populaire, s'effondrera avec elle.


Paradoxalement, le Hamas glisse lentement vers l'acceptation de la solution à deux États, au moment ou même les défenseurs les plus acharnés du processus de paix d'Oslo réalisent que la solution à deux États – seule capable de sauver l'existence d'Israël en tant qu'enclave privilégiée réservée aux juifs - est entrain de devenir de moins en moins plausible.


Pour Aaron David Miller, vétéran de 25 ans au Département d'État US et délégué principal de l'administration Clinton au Sommet de Camp David, "la solution à deux États est de moins en moins probable. Chez les Palestiniens, on parle de plus en plus d'une solution à un seul État - ce qui bien sûr n'est pas une solution du tout car elle implique la disparition d'Israël en tant qu'État Juif".
(Cité dans l'article "Is peace out of reach?," The Los Angeles Times, 15 July 2007).


L'éditorialiste de Haaretz Danny Rubinstein prédit que "tôt ou tard le Hamas échouera dans sa guerre contre Israël. Mais ce n'est pas pour autant que nous reviendrons à l'époque d'Oslo et de sa vision de deux États pour deux peuples." Au contraire, Rubinstein craint de voir émerger "une demande de plus en plus forte de la part des Arabes Palestiniens, qui représentent plus de la moitié des habitants de ce pays, et qui diront : dans les conditions actuelles, nous ne pouvons pas parvenir à créer notre propre État, nous devons donc exiger d'obtenir des droits civiques dans ce pays qui est notre patrie. Ils rejoindront les revendications des Arabes citoyens israéliens, qui demandent l'égalité citoyenne et une définition d'Israël comme étant un État pour tous ses citoyens, sans discrimination entre juifs et non-juifs." (dans l'article "Nothing to sell the Palestinians," 16 July 2007).


Nous voyons donc que Abbas est devenu le dernier espoir d'Israël dans sa lutte contre la démocratie. Une coalition aussi pathétique ne peut pas se mettre en travers du chemin menant à la libération.

 

 

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