Si
le monde a tremblé le 13 novembre 2001,
avec la mondialisation de l’état
d’urgence décrété par W. Bush,
l’ensemble des pays arabes font les
frais de la politique sécuritaire
américaine depuis les événements
tragiques de 11 septembre. Notre malheur
était au comble avec l’arrivée d’Ariel
Sharon au pouvoir en Israël. On peut
dire sans exagération que le monde arabe
n’a pas connu une telle dégradation
depuis des décennies.
En 1992, un seul pays arabe possédait
une loi contre le terrorisme.
Aujourd’hui, une vingtaine de ces pays
ont des lois d’exception, des décrets
dits temporaires ou des lois contre le
terrorisme. Plus de 300 lois et
décrets-lois ont été imposés à travers
une guerre dite préventive. Le nombre
des victimes de la torture a augmenté
d’une façon très significative dans la
majorité des pays arabes. Auparavant,
l’interrogatoire était un exercice local
contre l’opposition politique.
Aujourd’hui, il est à la fois contre la
citoyenneté et la souveraineté. La
participation d’agents américains aux
interrogatoires est confirmée dans les
témoignages des victimes de la torture
au Yémen, au Maroc, en Arabie Saoudite,
au Koweït et en Jordanie. Dans un pays
comme les Émirats Arabes Unis, qui
possédait historiquement un dossier
presque vide au niveau de la détention
arbitraire, on a suivi une centaine de
cas d’arrestation et des accords
bilatéraux avec le Royaume Unis et
l’OTAN. Un autre pays, Oman, a organisé
une campagne d’arrestation depuis le 20
décembre 2004. Des dizaines de personnes
ont été détenues arbitrairement et le 15
février 2005, 29 cadres, universitaires
et intellectuels d’entre eux demeuraient
en prison. Amnistiée par le sultan,Taiba
al-Maouli, l’ex-député qui a suivi
attentivement le simulacre de procès
qu'ils ont eu, a payé de sa liberté une
condamnation à un an de prison. Ce n'est
pas tout, la censure touche les sites
web qui restent le seul moyen
d’expression relativement libre.
Dans l’ensemble des pays arabes la
torture est généralisée et elle est
devenue une préoccupation majeure pour
la Commission arabe des droits humains
(ACHR) et les ONG qui s'activent
pour mettre fin à ce crime odieux.
Par ailleurs, en Arabie Saoudite, l'on
se trouve face à une grave atteinte au
droit de la société à la création de ses
propres associations de bénévolat, avec
la libre désignation de leurs objectifs
et conseils de direction qui y assument
les résultats de leurs exercices devant
la loi et leurs membres. La décision de
la mise en place de «l’Organisme
national saoudien de secours et d’œuvres
caritatives pour l’étranger», ainsi
que l’annulation de l’ensemble
d’organismes, institutions, associations
caritatives et les commissions non
autorisées par ordre royal, sous
l’autorité de la présidence du conseil
des ministres, signifie la mise à mort,
en plein jour, des initiatives
sociétales et de la participation des
individus aux affaires publiques. Il
est, en partie, constitutif d’une
politique d’édification d’un Etat
absolutiste contemporain, dont la seule
raison d’être est le satisfecit de
l’actuelle administration américaine.
Cela bien que ses méthodes internes sont
en complète contradiction avec l’esprit
de notre époque et les impératifs des
réformes politiques, sociales et
économiques.
ACHR a publié, en mai 2004, un rapport
accablant sur la détention arbitraire en
Arabie Saoudite où plus de 600 détenus
se trouvaient à la prison d'al-Haer. 4
grands symboles de la réforme
constitutionnelle pacifique et membres
de la Commission arabe des droits
humains : Dr. Abdellah Al-hamed, Dr.
Matrouk Al-faleh, le poète Ali Dimini
et leur avocat Abderrahmane Al-Lahem
ont été détenus le 16/03/2004 et
condamnés dans un procès inique. C’était
aussi le cas de Dr Saïd Ibn Mobarak
Al-Zair et ses deux fils Mobarak
et Saad. Il a suffi de 3 minutes sur
al-Jazeera pour que cet ancien détenu,
qui a fait plus de 7 ans de prison sans
jugement ni procès, regagne la prison.
Dès son accession au trône, Le Roi
Abdallah a amnistié les prisonniers
cités ci dessus, mais il n'en reste pas
moins de 600 prisonniers en détention
arbitraire, parmi lesquels des
Ismaélites, des Shiites et surtout des
jeunes accusés d’appartenir aux
salafistes djihadistes
(fondamentalistes islamistes).
Cette années est celle de l’acharnement
à nouveau contre la société civile, les
services de renseignements (Mabahit) à
Djedda ont arrêté le 02 février 2007
neuf personnalités connues de la
société civile saoudienne :
1- Dr Saud Mukhtar al-Hashimi,
docteur en médecine et âgé de 45 ans,
c'est un militant saoudien pour la
défense des libertés civiles et
politiques et une figure connue du
mouvement pour les réformes
constitutionnelles en Arabie Saoudite.
2-
Maître Sulaiman
Al-Rashoudi,
avocat et militant des droits de
l’homme, il est engagé pour la défense
des détenus d’opinion en Arabie Saoudite
et il milite pour revendiquer
l’organisation de procès équitables.
3-Maître
Essam Basrawy,
avocat, il est militant pour les
libertés publiques et les réformes
constitutionnelles.
4-Abdulrahman
Al-Shumairi, ex Professeur
d’université, il fut licencié à cause de
son engagement politique pour les
réformes constitutionnelles.
5-Abdulaziz
Al-Khuraiji, docteur en médecine, il
est militant pour les libertés publiques
et les réformes constitutionnelles.
6-Moussa Al-Garni,
Professeur d’université, il est militant
pour les libertés publiques et les
réformes constitutionnelles.
7-Abdulrahman Sadeq
Khan, académicien, il est militant
pour les libertés publiques et les
réformes constitutionnelles.
8-Al-Sharif Seif
Al-Dine Shahine, homme d’affaires,
il est militant pour les libertés
publiques et les réformes
constitutionnelles.
9-Mohammed Hasan
Al-Qurashi, homme d’affaires, il est
militant pour les libertés publiques et
les réformes constitutionnelles.
Toutes ces personnes ont été arrêtées,
selon un communiqué du porte parole du
ministère de l’intérieur, le Général
Mansur AL TURKI, sous le prétexte de
« soutien et de financement du
terrorisme ».
A son arrivée à l’aéroport du Roi Khaled
le 15/09/2004, le citoyen yéménite Ahmad
Mohammad Jobran n’avait à l’esprit que «
comment expliquer à sa première femme
qu'il s’est marié avec une deuxième à
Damas ». Mais pour le service de
sécurité saoudien la question est tout
autre : Pourquoi ce professeur
d’éducation islamique demeure à Damas
aussi longtemps si ce n’est pour
participer aux opérations de transfert
de volontaires arabes vers l’Iraq? (Il
est à noter que cette même accusation a
été utilisée à un moment donné contre
l’auteur de ce texte par un parti
politique préfabriqué par le Pentagone
pour les besoins de la campagne
d’inquisition contre le terrorisme).
Jobran est toujours en prison sans
procès ni jugement. Il est l'un des
centaines de prisonniers politiques
arabes sans frontières. Comme lui, il y
a au moins une soixantaine de yéménites
dans les prisons saoudiennes. Combien y
a-t-il d'Iraqiens ou d’autres
nationalités? Et en revanche, combien y
a-t-il de détenus saoudiens dans les
prisons syriennes et iraqiennes ? Il
vient d'entamer avec son concitoyen Omar
Abed Rabboh al-Aouzali une grève ouverte
de la faim pour attirer l’attention sur
la situation des yéménites dans les
prisons saoudiennes.
Mais le chiffre le plus important des
prisonniers arabes sans frontières reste
celui de Guantanamo :
25 Algériens, 108 Yéménites, 8 Syriens,
11 Tunisiens, 132 Saoudiens, 9
Soudanais, 6 Bahreïnis, 2 Somaliens, 4
Egyptiens, 2 des Emirats arabes unis, 6
Iraqiens, 5 Jordaniens, 12 Koweitiens,
un Libanais, 11 Libyens, 3 Palestiniens,
9 Marocains, 3 Mauritaniens, et un
Qatari de la tribu d'al Marri ayant
entre temps perdu sa nationalité avec
5700 Qatari de sa tribu déchus de leur
nationalité.
Nous avons déjà publié des informations
sur 54 cas de torture au Koweït où les
élections qui s'y sont déroulées
reflètent la traduction
américano-koweïtienne de la démocratie :
ni bidouns, ni koweïtiens
naturalisés n’ont le droit de vote,
lequel reste réservé seulement à 30% de
la société. Le fondateur de
l’Association contre la torture au
Koweït Khaled al-Dosary y est poursuivi
pour avoir dévoilé des informations sur
la torture dans son pays aux ONG des
droits de l’Homme. Après l’arrestation
de son frère Turki, c’est l’autre frère
Bandar qui entre en prison. Et la
torture continue avec mort sous la
torture dont le corps mutilé de Ameur
Khalif Al Anzi qui a été remis à sa
famille le 12 février 2005 pour les
funérailles. Par ailleurs, deux autres
personnes arrêtées à la même date et
dans les mêmes circonstances que
Monsieur Amer Al Anzi ont été
hospitalisées dans un état grave à
l’hôpital militaire de Koweït. Et ce à
la suite des tortures qu’elles ont
subies après leur arrestation le 31
janvier 2005. Il s’agit des Messieurs
Mohamed Ben Aoun et Ahmed Moussameh. Le
militant qui a fourni les documents sur
la torture à la Commission arabe des
droits humains fut poursuivi pour
complicité avec des organisations
terroristes, il s’agit de Khaled
al-Dosary, auparavant cité.
La promesse de poursuivre les crimes de
torture dans plusieurs pays arabes
(Koweït, Maroc, Syrie..) n’a pas tenu
après le scandale d’Abu Ghreib. Un an
après la mise en lumière de la barbarie
en plein jour, nos collègues iraqiens
nous confirment, témoignages à l’appui,
que la torture continue dans les centres
de détention contrôlés aussi bien par
les Américains que par les services du
ministère de l’Intérieur. La mort sous
la torture et l’assassinat des
académiciens, universitaires,
journalistes et défenseurs des droits
humains dépassent en chiffres les
estimations les plus pessimistes.
En Octobre 2004, la branche
al-Ghofran de la tribu al Murra
fut privée de sa nationalité par une
décision arbitraire à Qatar. 5266
citoyens et citoyennes ont été déchus de
leur nationalité sous prétexte de double
nationalité (saoudienne et qatarie) ou
de double allégeance. Des interventions
d’ACHR et du Comité national des droits
de l’Homme ont pu amorcer une solution,
mais qui reste jusqu’à la publication de
ces feuilles otage de lenteurs
administratives.
Bien que l’Etat de Qatar n’ait pas connu
des actes de terrorisme, hormis un seul
incident perpétré par des non Qataris et
des non résidents, il a promulgué des
lois arbitraires sous prétexte de
protection contre le terrorisme. Ainsi,
la loi n° 3, sortie en 2004, concernant
la lutte contre le terrorisme, est parmi
les plus mauvaises lois des pays arabes.
A la lecture de son texte, on constate
l’élargissement de son champ
d’application à tout acte d’opposition
et non seulement de violence. On y lit
dans le premier article : « Il s’agit
d’une entreprise terroriste si le mobile
du recours à la force, la violence, la
menace ou la peur, est de paralyser les
dispositions du Basic Law
provisoire et révisé ou la loi ou de
menacer l’ordre général ou d’exposer la
paix et la sécurité de la société au
danger ou de saper l’unité nationale ;
et si les conséquences sont ou peuvent
être : nuire aux gens ; leur faire
peur ; exposer leur vie, leurs libertés
ou leur sécurité au danger ; causer des
nuisances à l’environnement, à la santé
publique et à l’économie nationale ;
porter atteinte aux institutions,
établissements et biens publics et
privés ou les occuper ou dégrader leur
fonctionnement ou encore empêcher ou
retarder les pouvoirs publics de mener à
bien leurs actions ».
L’article 2 réclame une
plus grande sévérité de la loi pénale
concernant ces actions. Comme par
exemple une sentence d’exécution à la
place d’une condamnation à perpétuité et
« dans tous les cas une condamnation à
mort lorsque l’acte perpétré par le
condamné a causé la mort d’une personne
ou nécessité l’usage de l’arme pour
commettre le crime ».
L’article 3 prévoit « la
condamnation a mort ou à perpétuité de
toute personne qui constitue, organise
ou dirige un groupe ou une organisation
non autorisée et quelle qu’elle soit son
appellation dans le but de commettre un
acte terroriste ».
L’article 6 stipule quant à lui « la
condamnation à mort ou à perpétuité de
toute personne qui dirige une
organisation ou un établissement privés,
ayant été constitués conformément à la
loi, et qui en a profité pour pousser à
commettre un acte terroriste ».
Cette loi comprend les situations des
cas d’urgence avec l’interdiction de
séjour, l’assignation à résidence ou
l’interdiction de se rendre dans des
endroits spécifiés (article 13) ; ainsi
que la saisie du courrier, des
publications, des colis et des télex ;
la surveillance des communications sous
toutes ses formes et l’enregistrement
des mouvements dans les lieux publics et
privés (article 19). Et ce qui est plus
grave encore, c’est que pour ordonner
une enquête ou lancer un procès dans les
crimes terroristes, le procureur général
n’est pas soumis à la condition de dépôt
de plainte ou de demande, comme c’est le
cas dans les procédures pénales (article
17). En outre, la procédure judiciaire
ne dévient pas caduque avec l’écoulement
du temps (article 16), et la détention
préventive peut atteindre six mois,
renouvelables par le tribunal compétent
(article 18).
Malgré la protestation de 31
organisations politiques, culturelles et
des droits de l’Homme, le Bahrain a
passé sous silence sa propre Loi contre
le terrorisme.
En dépit du calme qui règne dans la
région d’Aljazera en Syrie et dans
celles à dominante kurde, les forces de
sécurité ont mené une large campagne
d’arrestation durant le mois d’avril
2004, touchant plus de 300 Kurdes
dont des adolescents de moins de dix
huit ans. Ils ont été incarcérés
dans différents centres à Qamechli et
Al-Hassaka et soumis à des traitements
cruels et inhumains durant leur
interrogatoire. Le résultat en était
deux décès : Hussein Hanif Nehso, mort
(le 6/04/2004), deux jours après son
arrestation de suites des tortures
infligées et Ferhad Mohamed Ali qui a
quitté la vie (jeudi 08/04/2004) pour
les mêmes raisons. Tous deux, d’une
vingtaine d’années tout au plus, étaient
en bonne santé et pas malades avant leur
arrestation. Plus de 180 kurdes
demeurent au moment de la rédaction de
ces papiers en détention arbitraire.
Près de 1000 détenus croupissent
aujourd’hui dans les prisons syriennes.
Une vingtaine de détenus se trouve dans
un très mauvais état de santé et
certains sont atteints
psychologiquement. Seuls les cas les
plus graves furent transférés à
l’hôpital.
En 2006 les services de sécurité syriens
sont revenus à la politique
d'arrestations massives. L'époque des
arrestations ciblées qui a duré pendant
près de 12 ans est aujourd’hui dépassée.
Dans la foulée des arrestations presque
au quotidien, Riad Hamoud Drar a été
condamné à 5 ans de prison fermes et le
Professeur Aref Dalila entame sa 6ème
année de détention. Pour montrer les
limites de l’action politique
indépendant, les autorités syriennes ont
entamé une campagne d’arrestation en mai
2006 contre une dizaine de signataires
de la déclaration Damas-Beyrouth. Michel
Kilo et Anwar al Bunni, sont toujours en
détention.
La loi dite antiterroriste, en
préparation au Maroc avant les
événements de Casablanca, est une
quasi-copie du Patriot Act
américain d’octobre 2001. Toutes les ONG
des droits humains dénoncent aujourd’hui
la justice ordonnée en tout ce qui
concerne les affaires dites de lutte
contre le terrorisme. En ouvrant les
dossiers du passé, les autorités tentent
de faire passer sous silence les
conséquences de la « guerre contre le
terrorisme » sur les citoyens
aujourd’hui.
Après l’attentat de Hilton Taba le
8/10/2004 contre les touristes
israéliens à Sharm el-Sheikh, les
autorités égyptiennes ont arrêté plus de
5000 milles personnes. Selon le ministre
de l’intérieur, près de 800 restent en
détention, mais selon les ONG des droits
humains ils sont plus de 3000. Dans cet
esprit sécuritaire, Moubarak a « gagné »
un mandat présidentiel de plus avec une
promesse de taille (la fin de l’état
d’urgence). Le 30 avril 2006, la
prolongation de l’état d’urgence pour 2
ans a accompagné des événements graves
dans le pays. Trois jours auparavant
(jeudi 27 avril 2006 à 09 heures du
matin) les services de sécurité ont
commencé par encercler l’Association des
Magistrats, interdisant au public de
s’approcher de ce lieu, et attaquant
tous les citoyens présents autour du
bâtiment. Des unités des forces
spéciales se sont ensuite déployées dans
les rues avoisinantes et ont agressé,
sauvagement et indistinctement, le
public présent autour des sièges de
l’Association, du Syndicat des Avocats
et de la Cour de Cassation. Il est
malheureusement devenu banal de voir les
citoyens kidnappés et emmenés vers les
entrées des immeubles avoisinants pour
se faire passer à tabac impitoyablement.
Et ce avant que des officiers de la
police politique, la «Sécurité de l’Etat
», ne décident de leur arrestation ou de
leur libération. Le comportement
manifestement brutal de la police a
incité des centaines de citoyens de ces
quartiers à se solidariser avec les
manifestants. Des manifestations
spontanées ont alors éclaté pour
protester contre ces traitements cruels.
Ce qui a alors exacerbé la violence des
forces de sécurité qui ont kidnappé au
moins dix-huit personnes. L’Egypte vit
en état d’effervescence et le peuple
exige aujourd’hui un minimum de
démocratie, de respect de ses droits et
de sa dignité. Si le pouvoir reste sourd
à ces exigences, la reconduction de
l’état d’urgence et la promulgation de
lois d’exception pour lutter contre le
terrorisme ne pourra empêcher un
scénario moderne de «l’incendie du
Caire », qui a annoncé la fin d’un
règne.
Fin 2004, la peine capitale et la
perpétuité sont prononcées par le
tribunal dit du peuple en Libye et l'un
des condamnés à mort s’est trouvé éteint
dans sa cellule au mois de décembre.
Après une campagne menée par des
militants arabes et libyens ainsi que
par Amnesty International, des
prisonniers furent libérés, mais
d’autres demeurent victimes de
condamnations sévères. La prison d’Abu
Slim n’a pas changé, c’est Kadhafi
qui a trouvé sa place dans la guerre
contre le terrorisme. La société
libyenne demeure l’otage des appareils
de sécurité libyens. Le vendredi
16-février 2007, dans la ville de
Gharian (80 km à l’ouest de Tripoli) à
une heure du matin, la maison de
l’opposant libyen, le Dr Idriss
Boufayed, secrétaire général du"
Congrès National pour La Réforme"
a été investie par d’importantes forces
de police qui l’ont arrêté. Dans
l’après midi, les forces de sécurité ont
arrêté dans un cybercafé l’avocat
libyen Mehdi Salah Hamid, fils du
prisonnier Salah Salim Hamid. Sa famille
fut victime d’une grave agression, la
maison ayant été incendiée et les fils
du prisonnier sauvagement battus.
L’écrivain Abderrazak Al-Mansouri a été
arrêté dans le cadre d’une campagne,
qui croyons-nous, vise un certain
nombre de personnalités libyennes qui
essaient d’exprimer leurs opinions et
participer aux actions civiques comme:
la solidarité avec les prisonniers
politiques, la lutte contre la
corruption et pour les réformes
pacifiques, en Libye et dans le monde
arabe. (L’écrivain Farid Mohammad
Al-Zawa sera également arrêté plus
tard).
A tou(te)s les démocrates arabes je
rappelle la tragédie de Darfour au
Soudan. Combien y a-t-il de déplacés?
Combien y a-t-il de morts? Il est temps
de faire intervenir le Tribunal pénal
international afin de dévoiler
l’ampleur du massacre perpétré par les
autorités soudanaises et amplifié par
des milices de tout bord. Mais en
donnant un rôle plus important aux juges
et en politisant moins le Conseil de
sécurité.
La Mauritanie vit par contre une période
de transition pacifique et difficile à
la fois. Ce pays, qui a vécu sous une
dictature d'un autre temps, commence à
se libérer de ce cauchemar tant bien que
mal. Des dossiers avancent, mais
d’autres, comme la question des déplacés
et des détenus islamistes, demeurent en
suspens. Toutefois, la Constitution,
dans sa nouvelle forme proposée par des
Mauritaniens, est certainement plus
avancée que celle de l’Iraq toujours
sous occupation.
Si nous vivons à ce moment ce que l'on
peut appeler la mondialisation de
l’extrajudiciaire, le monde arabe en
est bel et bien le microcosme.
Cette politique du tout
sécuritaire ouvre l’autoroute de
l’extrémisme et non pas la voie vers la
démocratie. Les démocrates arabes vivent
dans une confrontation avec leur propre
concept et leur façon d’apercevoir le
changement. Après des décennies de lutte
pour un changement par le bas et de
l’intérieur, l’administration américaine
nous explique qu’il faut changer par le
haut et de l’extérieur. Et dans ce
cadre, elle ferme les yeux sur les
violations commises par ses amis et
protégés, symboles de la corruption et
de l’autoritarisme. Le discours
américain sur la démocratie avec ses
contradictions est largement utilisé par
les défenseurs des projets
obscurantistes contre les démocrates
arabes. Pour cela, la ligne de
démarcation entre l’administration
américaine et les démocrates arabes est
une condition sine qua non pour
relancer le projet démocratique dans
cette partie du monde.
Le modèle américain
s’installe en Iraq avec un mélange
d’ignorance et d’arrogance. Il donne la
bonne conscience et une dose de
confiance aux dictateurs arabes, avec
torture, destruction de maisons,
corruption, confessionnalisme, meurtres
hors justice et hors combat. Tout comme
l’extraordinaire classification des
bonnes milices et des diaboliques, la
création d’une race au dessus de la loi
(tous ceux que Bremer a encadré dans le
décret 17). Et le seul critère qui
compte : c'est servir les intérêts
directs de l’administration américaine.
En novembre 2003,
l’armée américaine déclarait avec fierté
qu’elle a reçu 10402 plaintes des
parents des morts et des blessés hors
combat et qu’elle a dépensé 1,5 millions
$ pour les pertes de vie et de biens
d’Iraqiens. Ce qui n'est qu'un huitième
de ce que la Libye a payé pour une seule
victime de Lockerbie. Après le scandale
d’Abu Ghreib, les Américains ont décidé
d’augmenter les compensations. Désormais
la vie d’un iraqien vaut aux USA 2500 $.
En Novembre 2006 l’armée américaine
refusait toute indemnité, et le
Pentagone devant annoncé une
augmentation sans précédent de la
violence en Iraq.
Pendant ma mission en
Iraq en Juin 2003, j’ai posé des
questions au porte-parole de Bremer sur
l’arrestation d’Abul-Abbas (Mohammed
Abbas) de la direction de l’OLP,
rappelant qu’il était amnistié par les
accords de Taba et Oslo, aussi bien que
par une décision du ministère de la
Justice aux États-Unis en 1996. Il
visitait régulièrement Gaza et Le Caire.
Comment, dans ces conditions, expliquer
donc sa détention par les Américains ?
Il n’y eut pas de réponse. Le 9/03/2004
le CPA a annoncé sa mort, dite
naturelle, dans un centre de détention.
Et ce n’est qu'un exemple parmi tant
d’autres. Des centaines de prisonniers
sont morts dans des conditions
inhumaines ou non élucidées dans les
geôles administrées par les forces
d’occupation en Iraq. Les « élections »
en Iraq nous montrent les limites du
projet américain. C’est leur ami Ben Ali
qui a balisé le terrain deux mois plus
tôt avec sa réélection extra
constitutionnelle.
Pour finir, c'est la
première fois depuis 1967 que le nombre
des prisonniers dans les prisons gérées
par les forces d’occupation
(israéliennes, américaines et
britanniques) dépasse en 2004, 2005 et
2006 ceux détenus dans les prisons de 20
pays arabes.
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Droits humains et
politique nord-américaine au Proche
Orient : Les conséquences de la guerre
contre le terrorisme sur le droit
international et la paix civile et
régionale, soirée ACHR à la maison des
associations à Malakoff le 16/03/2007.
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