اللجنة العربية لحقوق الإنسان 

ARAB COMMISSION FOR HUMAN RIGHTS

COMMISSION ARABE DES DROITS HUMAINS

 

                  International NGO in special Consultative Status with the Economic and Social Council of the United Nations

 

 

EGYPTE : Tout est permis pour perpétuer l’état d’urgence et  la    répression policière.

 

Lorsque les forces de sécurité et les services de renseignement ont empêchés les électeurs de participer au vote lors du dernier scrutin en Egypte, certaines représentations diplomatiques ont évoqué un phénomène réactionnel et émotif caractéristique des élections dans les  grandes villes en Inde comme en Egypte.

 

Cette interprétation était comique en dépit de la gravité du ton adopté par certains  responsables. L’Etat  qui dispose du monopole de la force en vertu de la Constitution et du droit international ne peut user de cette prérogative contre ses propres citoyens en portant atteinte à leurs droits et  libertés fondamentales et en ne leur laissant, que la révolte  comme seule alternative.

 

L’Etat en agissant ainsi transforme la violence du pouvoir exécutif en générateur de troubles et de rancunes. Dès lors il n’existe plus de référent moral dans la conscience collective induisant ainsi une rupture inéluctable entre l’Etat et le citoyen.

 

La « voyoucratie » (albaltaja) aujourd’hui en Egypte dépasse le cadre des seules élections pour devenir un phénomène de la vie quotidienne, et le régime politique qui tente par tous les moyens de réduire à néant le pouvoir judiciaire montant, sera en fait le premier perdant : Le pouvoir de la justice est le garant essentiel de la paix civile et contre le recours à la violence.

 

Lorsque l’individu ne dispose plus de moyens d’expression pacifique ni de la possibilité de faire entendre sa voix pour recouvrer ses droits, la violence irraisonnée devient en effet son seul recours et ne fait que rattraper celle de l’ « Etat sécuritaire ».  

 

Le jeudi 27 avril 2006 à 09 heures du matin, les services de sécurité ont commencé par encercler l’Association des Magistrats et interdire au public de s’approcher de ce lieu, puis ont attaqué tous les citoyens présents autour du bâtiment.

 

Des unités des forces spéciales se sont ensuite déployées dans les rues avoisinantes et ont alors agressé, sauvagement et indistinctement, le public présent autour du siège de l’Association, du Syndicat des Avocats et de la Cour de Cassation. Il est malheureusement devenu banal de voir les citoyens se faire kidnappés et emmenés vers les entrées des immeubles avoisinants où ils sont passés à tabac impitoyablement avant que des officiers de la police politique, la « Sécurité de l’Etat », ne décident de leur arrestation ou de leur libération.

 

Le comportement manifestement brutal de la police a incité des centaines de citoyens de ces quartiers à se solidariser avec les manifestants. Des manifestations spontanées ont alors éclaté pour protester contre ces traitements cruels, ce qui a alors exacerbé la violence des forces de sécurité qui ont kidnappé au moins dix-huit (18) personnes (dont nous avons la liste des noms).

 

La Commission Arabe des Droits de l’Homme dénonce cette répression aveugle qui ravive les blessures encore béantes suite aux violences contre les manifestantes, aux agressions contre les électeurs et aux brutalités contres les requérants d’asile politique soudanais.

 

Ces méthodes répressives ont fait qu’à présent la violence s’est banalisée au point que les termes de «tués» «blessés» ou «détenus» sont devenus courants dans ce pays.

 

L’Egypte vit en état d’effervescence et le peuple exige aujourd’hui un minimum de démocratie, de respect de ses droits et de sa dignité. Si le pouvoir reste sourd à ces exigences, la reconduction de l’état d’urgence et la promulgation de lois d’exception pour lutter contre le terrorisme ne pourra empêcher un remake moderne de  «l’incendie du Caire », qui a annoncé la fin d’un règne.

 

 

 

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